Le succès éclatant du meeting initié par Imam Dicko, sous le parrainage de Bouyé, relance de façon spectaculaire la vie politique nationale. L’euphorie de l’élection présidentielle avait laissé place à une crise post-électorale qui a tenu le pays en haleine au fil des manifestations diverses et variées de l’opposition conduite par Soumaïla CISSÉ. De marches en meetings, il ne se passait de jours sans son lot de dénonciations des résultats du scrutin présidentiel.
En choisissant de cantonner sa lutte dans un cadre républicain et pacifique, l’opposition savait que le temps n’était pas son meilleur allié et la lassitude a fini par gagner ses rangs. L’arsenal répressif mis en place par le gouvernement a précipité la démobilisation, au prix de mesures liberticides comme cet arrêté du gouverneur de Bamako interdisant toute marche dans la capitale au prétexte de loi sur l’état d’urgence!
Au moment où le gouvernement pensait avoir partie gagnée, le pays découvrait, effaré, le scandale des manuels d’éducation sexuelle complète dont le contenu et le public-cible posent de sérieux problèmes dans notre société. L’affaire révélée par Imam Dicko a provoqué un fort courant d’indignation qui ne laissait d’autre choix au premier ministre que de battre en retraite.
Comme un malheur en appelant un autre, l’odieux assassinat de l’imam Yattabaré est venu raviver la plaie. Le lien fait par le meurtrier entre son geste et de supposées accusations d’homosexualité que la victime aurait porté contre lui, a convaincu une partie des dignitaires musulmans que la cabale avait des ramifications insoupçonnées.
Cette conjoncture tragique mêlant faits de société et faits divers va se doubler d’une effroyable accélération de la dégradation de la situation sécuritaire au Centre avec la multiplication des tueries dont Koulogon va se révéler le sanglant symbole.
La lucarne ouverte par la crise des manuels d’éducation sexuelle complète s’est progressivement transformée en fenêtre de tir contre la gouvernance du pays plombée par les contre-performances de SBM dans la lutte contre l’insécurité au Centre et ailleurs et un Front social en ébullition.
Dans une séquence aussi trouble, le premier ministre a pourtant trouvé le temps de s’adonner à la politique politicienne en multipliant par la magie des faveurs de l’appareil d’Etat le nombre de ses députés et conseillers sur fond de congrès digne des grands partis que n’est pas l’ASMA.
En opposition à cette tentation hégémonique, le président du RPM, Bocari Tréta a pris l’initiative d’un dialogue sans exclusive avec les forces politiques. Le succès de cette démarche peut se mesurer à l’idée d’un gouvernement d’union nationale, qui s’est installée dans l’opinion, pour porter les grandes réformes politiques et institutionnelles et faire face au péril sur la sécurité.
Le meeting du 10 février au Stade du 26 mars vient aggraver l’isolement du premier ministre qui fédère l’essentiel des forces politiques, sociales et syndicales contre sa personne et/ou son action.
Les termes de l’arbitrage du président de la République sont désormais clairs: ou garder sa confiance en un chef du gouvernement affaibli par la contestation ou engager l’aventure d’une construction politique nouvelle (union ou consensus). Les paris sont ouverts!