Sur le marché malien au prix de 300 FCFA, la boisson ‘’Ami fruité’’ est une marque déposée du groupe Achcar Mali Investissement (AMI). Très prisée des populations, cette boisson n’a à ce jour aucune autorisation légale de commercialisation au Mali.
« Nous ne sommes pas les seuls à avoir un produit non autorisé sur le marché », se défend avec mépris le responsable du Contentieux du groupe AMI, Moussa Keïta. En clair, AMI n’est pas le seul produit illégalement sur le marché depuis plus quatre ans. Et pourtant, cette marque de boisson a été lancée en grande pompe en 2014 à travers une campagne de communication savamment mise en œuvre par une agence de communication de la place.
Vendue dans une bouteille PET de 0,5 litre, la boisson ‘’Ami fruité’’ se présente sur le marché avec une gamme très variée de saveurs. Du goût d’orange à la mangue en passant par le cocktail et l’ananas. En dehors « la date de péremption » et « la composition du produit », l’étiquette sur la bouteille ne fournit aucune autre mention légale autorisant sa mise sur le marché ou un numéro de licence délivrée par le Laboratoire national de la santé (LNS). Cette structure est, seule, habilitée à analyser tout produit avant sa mise sur le marché, d’après nos investigations. Confirmées par la suite par le Directeur du LNS, Pr. Benoît Koumaré.
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Un produit illégal
Sans licence délivrée par le LNS, les jus ‘’Ami’’ du groupe Achcar Mali Investissement sont sur le marché en violation des textes régissant la sécurité sanitaire des aliments en République du Mali. En effet, au moment où nous mettions cet article sous presse, le jus Ami fruité n’est pas reconnu par l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA). En tout cas, ce produit ne figure nullement sur la liste actualisée à la date du 27 décembre 2018 des boissons et jus autorisés au Mali.
« En 2015, l’ANSSA nous a retourné notre dossier pour complément d’informations », avoue Moussa Keïta, tenant en main leur rapport de l’époque. Malgré nos insistances, M. Keïta n’a pas souhaité préciser la nature des réserves de l’ANSSA. « Ce qui est sûr, ce n’est pas en rapport avec la qualité du produit », soutient-il d’un ton amical. Après avoir eu l’occasion de faire examiner ses dossiers par la commission d’approbation de l’ANSSA, la société a manqué de patience pour attendre une autre session. Ainsi, faisant fi des textes, elle a décidé de mettre ses jus ‘’Ami’’ sur le marché. Ni Moussa Keïta ni Ousmane Diakité, Assistant chargé des Relations publiques ou le directeur commercial ne nie cette information. « Nous n’avons pas de numéro AMM, mais le processus est en cours », affirme le responsable du Contentieux du groupe. Selon lui, un nouveau dossier a été constitué et serait déjà sur la table de la commission d’approbation de l’ANSSA.
Pourquoi attendre quatre ans pour relancer le processus de régularisation du produit ? Sur cette question, nos deux interlocuteurs de la société sont aussi muets que des carpes. En lieu et place de son supérieur hiérarchique, absent, Ousmane Diakité insiste et nous recommande de rentrer en contact avec un certain Touré qui serait un agent de l’ANSSA. La nécessité de l’appeler ne s’imposait pas, surtout que nous avons eu accès à la directrice générale de l’ANSSA, Dr. Diakité Oumou Soumana Maïga.
Fuite en avant !
Face à l’instance de notre équipe, ils se targuent d’une correspondance n°0127 du 31 décembre 2018 de l’ANSSA, notifiant à la société que la commission nationale des autorisations de mise sur le marché a accepté le dossier en sa session du 27 novembre 2018.
Selon un responsable de l’ANSSA, en l’occurrence Fana Coulibaly, l’acceptation d’un dossier par la commission n’est pas synonyme d’autorisation. Donc, la nuance est de taille. Cela suppose que le dossier est déposé et que prochainement, la commission va statuer dessus.
Le chef du Contentieux de l’entreprise un peu particulière dans le tissu industriel malien se vante de n’avoir jamais enregistré de cas de plainte d’un consommateur. Il arrive ainsi à la conclusion que son produit ne représente aucun danger.
Le Directeur régional du commerce et de la concurrence préfère lui parler de la mise en danger de la vie des consommateurs. Il estime que si le produit n’est pas autorisé, il ne doit pas se retrouver sur le marché. Il ajoute cependant que la loi autorise les entreprises à s’installer avant de demander à être régulariser. Tout comme nous, il trouve tout de même long le temps que le jus Ami a mis sur le marché (4ans) sans la moindre autorisation.
De son côté, le directeur commercial de la société s’offusque: « Il y a combien de boissons non autorisées sur le marché ? Pourquoi vous vous intéressez à la boisson ‘’Ami’’ ?» Il se rétracte ensuite, avant de nous demander d’envoyer une correspondance officielle pour que la société réponde à des questions.
En attendant que la commission de validation du produit se réunisse pour sa prochaine session, ce produit douteux est sur le marché au vu et au su des autorités.