La deuxième réunion du cadre de concertation national, tenue le 7 février 2019 au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, n’a pas été plus exaltante que la précédente. Et pour cause ? L’absence des partis membres de l’opposition, notamment ceux du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD).
En effet, le FSD s’insurge contre les critères de constitution qu’il estime subjectifs car à même d’influencer les conclusions des travaux. Le cadre de concertation national, persiste et signe le FSD « ne saurait être le lieu ni d’un dialogue politique digne de ce nom, ni de débats utiles sur la révision constitutionnelle ». Le FSD rejette le cadre de concertation national. « Un gouvernement ne peut engager la révision de la constitution de 1992 et les réformes indispensables sans un large consensus politique. Un tel consensus ne peut être acquis sans un véritable dialogue politique national sur les crises et les périls qui menacent la nation », précise le FSD.
Pour sa part l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, Président du Parti Yèlèma, dénonce une démarche unilatérale du gouvernement. Des acteurs d’autres formations politiques n’acceptent pas leur exclusion et avancent que le cadre ne reflète pas l’inclusivité voulue par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta.
Peut-on parler d’impasse politique ? Le FSD et d’autres partis politiques refusent-ils de rencontrer le Comité d’experts pour la réforme constitutionnelle ? Le Premier ministre sera-t-il capable de fédérer les différents camps autour de la réforme ? Faut-il un dialogue politique tel que réclamé par le FSD ? Dialogue politique d’accord, mais entre qui et qui ? Le Chef de file de l’opposition ne peut-il pas demander une audience au Président de la République comme son statut l’y autorise ? Quel rôle les acteurs de la communauté internationale peuvent-ils jouer dans le rapprochement des positions ? Que faut-il attendre des leaders religieux, notamment ceux de la communauté musulmane, qui n’entendent plus rester de simples spectateurs ? Que va-t-il se passer après le meeting d’hier dimanche ? Quelques interrogations pertinentes qui requièrent sans doute des réponses courageuses si l’on veut sortir de cette impasse.
En dépit de l’existence d’un cadre de concertation hebdomadaire entre le Premier ministre et les responsables de la Plateforme Ensemble pour le Mali, Soumeylou Boubèye Maïga fait l’objet d’attaques récurrentes, surtout ces derniers temps. La réplique de l’entourage du Chef du gouvernement s’est faite à travers des articles parus dans certains organes de la place. Et c’est vers le Rassemblement pour le Mali (RPM), la formation politique du Président IBK que semble pointé le doigt accusateur. A tort ou à raison ? Seul Dieu connaît le sexe des anges, dit-on. Reste à souhaiter que le locataire de la Primature ne laisse des plumes avec ces attaques qui viennent s’ajouter à la situation sécuritaire au centre et à l’impossibilité de tenir les échéances électorales aux dates annoncées !
Les divergences politiques sur des questions aussi fondamentales laissent la porte ouverte à d’autres forces d’occuper une place importante dans la conquête de l’opinion. Une opinion médusée et désabusée par une élite politique dont le seul souci, aux yeux d’une frange importante de la population, est de se retrouver autour du gâteau national. Les Maliens vivent dans une incertitude totale et une profonde inquiétude.
Qu’est ce qui empêche le Président de la République de chercher – de sa propre initiative- à rencontrer la classe politique, toutes tendances confondues ? Une telle rencontre doit être élargie à d’autres couches de la société. Sortons de ces petits arrangements qui dérangent la République ! Ayons le courage de mettre en veilleuse nos querelles de clochers et nos égos surdimensionnés ! Nous devons bien cela au Mali !