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Pharmacie par terre ou «YALA-YALA-Fura » : Pharmaciens et consommateurs dénoncent la qualité, les vendeurs se défendent
Publié le mardi 12 fevrier 2019  |  Le Pays
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© aBamako.com par A S
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Compte tenu de la propagation de la vente illicite des contrefaçons médicales, communément appelés ‘’médicaments par terre’’ ou ‘’YALA-YALA-Fura’’,   votre quotidien ‘’Le Pays’’ a rapproché certains  professionnels  de la santé  ainsi que  certains vendeurs desdits  produits, dans le but de recueillir leur impression  concernant  la vente de ces médicaments  au Mali  et éventuellement les   dangers de  leur consommation.
Pour  Docteur Sidibé, un pharmacien que nous avons  rencontré à la pharmacie  Wassa de Daoudabougou, ces  médicaments sont très dangereux   pour la santé et cela   pour plusieurs raisons: d’abord, leur  provenance est généralement inconnue. Ils  sont très souvent  mal conditionnés et le plus dangereux est que  les vendeurs de ces produits ne connaissent ni les maladies ni les médicaments encore moins  le dosage. Selon lui, il va de l’intérêt   de la population d’arrêter  la consommation de ces médicaments. Toute prescription de  médicament doit être conditionnée à une consultation  médicale préalable. Une consultation qui permettra, selon lui, de déterminer non seulement l’état de santé de la personne,  mais également la  compatibilité de la maladie qu’elle a  avec certains médicaments.
Un autre  pharmacien, Dr Togola Mahamadou, dira que c’est une cause perdue d’avance pour deux raisons: la perte du contrôle de la gestion du programme CSCOM qui avait pour but de  baisser le prix des médicaments, et  également de  permettre à la population d’atteindre certains médicaments  à leur niveau. À ses dires, c’est la  défaillance des  autorités qui ont fait croire à la population que les médicaments de la rue sont pareils à ceux vendus dans les pharmacies. Selon lui, ces médicaments dits de la rue n’entrent pas  par autre voie au Mali si ce n’est que celle empruntée par tout le monde, terrestre. Tout ça pour dire que les autorités sont complices de ce trafic.  Pour soutenir ses propos, Dr Togola citera beaucoup d’exemples d’arrestations  où seulement deux jours ont suffi à certains vendeurs  pour reprendre leur commerce comme si de rien n’était,  et cela au vu  de tout le monde. À ses dires,  c’est  ce danger qui fait que le  diagnostic de certains malades   ne donne aucun résultat valable. Puisque cela  trouve que tout le système de l’organisme  du malade est déjà détruit par l’automédication ou les médicaments de la rue, laissera entendre  le pharmacien avant d’ajouter: « Une chose est de savoir que tel médicament traite telle maladie, mais la plus importante chose  est aussi de savoir que tel médicament produit tel effet pendant un temps déterminé. » Le pharmacien affirmera que les dangers des médicaments sont très nombreux. Il  va jusqu’à citer un cas de mort et un autre de cécité causée par ces médicaments de la  rue. Le pharmacien  ira loin en disant que  les vendeurs  de ces produits sont « des assassins » en complicité avec les parents de leur  victime  et sous le regard indifférent du gouvernement. À le croire, dire que les médicaments sont chers dans les pharmacies   aujourd’hui est un grand mensonge puisque selon lui, dans toutes les pharmacies il y’a des spécialités et des DCI sans aussi  oublier les facilités  faites par  l’AMO.
Oumou vend des  médicaments par terre  depuis bientôt deux (2) ans. Bien vrai qu’elle n’a pas de place fixe  pour ce commerce, elle passe la plupart de son  temps  se passe à Faladié, non loin du monument de la tour d’Afrique de Bamako.  Elle dit avoir  commencé ce petit commerce après avoir abandonné les études dans une école  de santé à cause  des contraintes financières. Selon elle,  les pharmaciens ne doivent pas dénoncer  leur commerce : « Il est très normal que les pharmaciens ne disent pas du bien sur nous. Ils verront ça comme une concurrence déloyale, car, nos produits sont moins cher  et plus accessibles que les leurs». De ce faite, «  les dénonciations des pharmacients sont juste de l’égoïsme et de la jalousie ». Par ailleurs, elle dit être très consciente, comme tout le monde, des dangers que peut avoir la consommation  de ces médicaments par le fait que n’importe qui pratique ce commerce. Si les gens continuent aussi  à consommer ces produits malgré tous les dangers qu’ils en savent,  dira  Oumou, c’est parce que les médicaments  coûtent trop cher dans les  pharmacies. Elle déplore le fait qu’aujourd’hui, pour un paludisme on prescrit une ordonnance  de trente mille (30000f) ou quarante mille (40000f) franc sans compter les frais de consultation, analyses, et autres. Enfin de ses propos, elle sollicite la formation : «  L’état doit initier  une formation des vendeurs de médicaments par terre, car, à moins de 500f, nous, nous parvenons à  traiter  plusieurs  maladies, une initiative qui mérite d’être vraiment  encouragée ».
Au même moment, un client est venu s’approvisionner de quatre boites de ‘’ bana chégin’’ (huit maladies), dans le but de les vendre également.  À ses dires, il lui arrive de les consommer   également, c’est pourquoi  il a tenu à témoigner de la bonne qualité  de ces  médicaments : «  J’en prends, ma famille aussi et  je vous assure que deux comprimés suffit à guérir toutes les douleurs du corps ».
Quant à un juriste et étudiant, Ousmane Keita,  il avance que c’est le manque de moyens qui conduit les gens vers ces médicaments. À l’en croire, ces produits sont mauvais, et  ne sont  nullement bons à consommer, mais le malade,  ne pensant qu’à soulager sa douleur,  n’aura d’autres  choix  que de les consommer surtout si les moyens lui manquent. Le jeune étudiant s’explique ainsi : « Je les consommais personnellement, mais à l’époque, c’était  sincèrement très difficile pour moi d’avoir 2000f ou 3000F pour des consultations et après payer  une ordonnance ».
Néanmoins, monsieur Keita dira que ce problème est en phase d’être résolu actuellement avec l’assistance  de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) qui devient progressivement de  l’assurance maladie universelle. À le croire, l’AMO a sincèrement  brisé la crainte qu’avait le Malien  en général à se rendre tout de suite  à l’hôpital, quelle que soit la maladie, même pour un contrôle. Selon lui toujours, malgré ce progrès, il  reste encore beaucoup  à faire pour résoudre  définitivement  ce problème. Il affirme que c’est aux  autorités   de multiplier la  sensibilisation de la population sur l’importance à s’inscrire aux mutuelles de santé, suggère-t-il avant de conclure que les circonstances actuelles du pays ne permettent à personne de nourrir sa famille et de continuer à prendre en charge les soins de santé trop  chers.
Bakary Guindo rejoint un peu M. Keita à propos de la cherté des médicaments. Celui-ci dira qu’il n’y’a pas plus d’une semaine, il s’est rendu dans une pharmacie pour chercher un médicament lui permettant de soulager son  mal de tête, sur les 10 000F que lui avait remis à son employeur, il ne restait que 1000 F. Il a déploré le fait d’avoir gaspillé tout cet argent dans un médicament  uniquement pour calmer un mal de tête. Des comprimés que lui-même n’a pas  pu tout avaler. Par ailleurs, Bakary  dira que les médicaments de la rue   aussi ne sont pas de bons médicaments. Comme raison, il avancera que  la plupart  de ces médicaments ont leur  date de péremption déjà dépassée.
ISSA DJIGUIBA
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