La communauté musulmane du Mali a formulé au cours de son meeting d’hier au Stade du 26 mars plusieurs doléances et un message clair et précis à l’endroit du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Le film
Le Stade du 26 mars a refusé du monde hier, 10 février 2019, à l’occasion du meeting organisé par la communauté musulmane du Mali qui a mobilisé plusieurs dignitaires religieux, des notabilités et des milliers de fidèles. Un public que Fodé Cissé, président de la Ligue des Imams du Mali (Limama) a tenu à féliciter et remercier pour sa présence en ce lieu afin d’implorer le pardon de Dieu.
En guise d’adresse à l’auditoire, c’est un véritable réquisitoire que Mamadou Traoré du Haut Conseil a dressé contre la mauvaise gouvernance, la corruption, les tueries en masse, l’injustice, une justice aux plus offrants, l’insécurité, les assassinats, etc. Selon lui, la présence de différentes forces sur le sol malien a montré ses limites. Il a formulé douze (12) doléances de la communauté musulmane à l’endroit des autorités maliennes. Il s’agit, entre autres : l’obligation de garantir la sécurité des personnes et leurs biens, la fin de l’impunité et la récompense du mérite, l’arrêt des pratiques discriminatoires, l’application de la peine de mort, la criminalisation de la pratique de l’homosexualité au Mali par une loi, le recadrage de l’utilisation des réseaux sociaux. A en croire Mamadou Traoré, les musulmans ne peuvent pas se retirer de la vie publique du pays. « Ils disent que les imams doivent rester dans les mosquées. Non ! Non ! », a-t-il lancé.
Pour Aboubacar Doucouré, porte-parole des jeunes musulmans du Mali, notre force, c’est notre unité. Il y a, argue-t-il, un grand complot préparé à l’extérieur et exécuté à l’intérieur du pays contre la jeunesse malienne. Il s’insurge contre la banalisation de la consommation de l’alcool et des stupéfiants qui a des effets pervers sur la jeunesse, laquelle est la colonne vertébrale d’un pays et d’une religion. Aboubacar Doucouré a appelé à une prise de conscience de la jeunesse à travers un grand rassemblement avant d’annoncer la mise en place d’une Plateforme des jeunes musulmans et patriotes du Mali.
La présidente de l’Union des femmes musulmanes du Mali, Mme Kadidia Togola, a parlé des souffrances vécues par la gent féminine. Elle a fait part des inquiétudes des femmes musulmanes du Mali face à la situation qui prévaut dans le pays. L’envoyé du chérif de Nioro, Bouillé, a fait part du message du dignitaire religieux. Il s’est longuement expliqué sur les relations entre le chérif de Nioro et le régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta. Selon son messager, le chérif en chef a clairement dit qu’il est contre le régime IBK et a demandé à tous ses disciples d’aider tous ceux qui s’opposent pacifiquement au chef de l’Etat. Le message du chérif de Nioro porte essentiellement sur le départ de la primature de Soumeylou Boubèye Maïga. « Que le premier ministre quitte », a-t-il lancé sous les ovations et cris du public. Si le président entend ce message, a-t-il fait savoir, le chérif restera pacifique. « Le jour où nous allons nous lever, tout peut arriver », a-t-il averti.
Quand le maître de cérémonie annonce l’imam Mahmoud Dicko, tout le stade se lève et se met en mouvement. Il a fallu du temps pour calmer le public. Difficilement, le dignitaire religieux se fraie le chemin jusqu’au podium, en fait le tour en levant la main pour saluer le public qui l’ovationne sans cesse. Il remercie les uns et les autres. L
’imam rend grâce à Dieu et remercie le Chérif Bouillé. Il annonce à l’assistance que Bouillé lui a envoyé 50 millions de FCFA suite à son refus de prendre l’enveloppe envoyé par le chef du gouvernement. Mahmoud Dicko a dénoncé cette pratique du gouvernement. « Il faut que cela cesse. Il va falloir qu’on sorte de ce cycle », a-t-il déclaré. Selon lui, le message du chérif contient l’essentiel. « Si le président n’écoute pas ce message, il nous entendra d’une autre manière », a lancé l’Imam. « S’ils ne font pas attention, nous allons les dire : dégagez !», a-t-il affirmé sous les ovations et cris du public.
« Nous retirer notre souveraineté alors que nous sommes assis. Il faut que le peuple soit débout », a souligné Mahmoud Dicko. S’agissant de la situation au centre, il s’interroge pourquoi maintenant. Il dira que c’est un vaste complot pour nous distraire afin de s’occuper de l’essentiel du pays. Selon lui, ceux qui donnent les armes, les motos au centre sont connus. « Au moment opportun nous allons les dénoncer » a-t-il souligné. « Ce qui est une insulte pour le peuple, c’est de dire qu’ils ne sont responsables de rien ou qu’ils ne sont au courant de rien ».
Il a appelé les différentes communautés à l’unité. Il a aussi interpelé ceux qui déclarent avoir pris les armes au nom de l’islam de nous laisser en paix. Pour lui, la France ne doit pas continuer à nous dicter ce qu’on doit faire. « C’est le désordre aujourd’hui, demain, ça serait l’anarchie », a-t-il déclaré.
La lecture d’une déclaration et des séances de bénédictions ont mis fin à ce méga meeting.