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Vengeance et Règlement de comptes contre le régime: les aveux de l’Imam Mahamoud DICKO
Publié le mardi 12 fevrier 2019  |  Info Matin
Meeting
© aBamako.com par A S
Meeting du Haut Conseil Islamique du Mali
Bamako, le 10 février 2019 60.000 personnes se sont réunies dimanche dans le plus grand stade de Bamako
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En sortant de la Maison de Dieu pour un Temple profane, il était évident que c’était un leurre l’objectif affiché par les organisateurs de la démonstration de force de ce dimanche 10 février. Convoqué officiellement comme une grand-messe de communion et de prière pour la paix et la cohésion, le meeting du 26 Mars avait en vérité pour objectif pour ses instigateurs de solder publiquement leurs comptes avec le régime.

Accusant le régime de trahison («ce sont les nôtres, ceux à qui nous avons fait confiance pour nous diriger qui nous ont trahis »), l’Imam Cheick Mahmoud DICKO va plus loin en accusant : «nous savons qui donne ces armes et on va les dénoncer au moment opportun ».

La cible est désignée : le Premier ministre Chef du Gouvernement à qui l’Imam reproche d’affirmer qu’il n’est pas au courant et qu’il n’est pas responsable des atrocités commises au Centre du pays, avant d’exiger sa tête au nom du Chérif de Nioro pour lequel il ne tarit d’éloges. Mais est-ce bien pour le saint homme de Nioro que le Président du Haut conseil islamique roule ? Recommandations ou vengeance et règlement de comptes personnels ?

Si les deux chefs religieux, anciens alliés du pouvoir, se rejoignent sur leur dessein désormais clair d’écourter le mandat du Président IBK (ils ne s’en cachent pas du reste), et leur haine établie contre le Premier ministre, Mahmoud DICKO ne fait pas dans trop de délicatesse pour passer aux aveux. Ainsi, lors du meeting du dimanche, il n’a pas pu s’empêcher d’épiloguer sur son divorce d’avec Boubèye : «lorsque j’étais à la Mission de bons offices, c’est sur instruction de la France, notamment l’ambassadeur de France au Mali, que les autorités maliennes ont mis fin à cette belle initiative qui était d’aller parler à certains Maliens pour qu’ils intègrent la République.

Lorsque j’ai appris cela, j’ai été le voir dans son bureau pour lui dire que c’est la France qui lui appartient, mais pas le Mali. Pourquoi vous posez cette question ?

De quel droit ? De quoi tu te mêles ? Pourquoi tu t’ingères dans nos affaires ? Il faut qu’on refuse ça. Non, un pays ami est un pays ami. On collabore avec tout le monde. On préserve les intérêts des uns et des autres. Prétendre prendre notre souveraineté, alors qu’on est plus maître de nous-mêmes ; et qu’on ne peut rien faire de nous-mêmes. Non, il faut refuser ça. Il faut que le peuple se mette debout pour la restauration de notre dignité et de nos valeurs culturelles».

Selon Mahmoud DICKO, déjà, quand il commençait la Mission de bons offices « l’ambassadeur de France au Mali a fait pression sur le Premier ministre Abdoulaye Idrissa en disant qu’il ne devait pas me laisser diriger cette mission ; je suis parti le voir en lui disant qu’il n’a rien à voir avec ça ; c’est une affaire entre Maliens, avant d’ajouter que ce conflit au centre du Mali est un vaste complot, pas contre les Peulhs, mais contre l’islam ».

Ainsi c’est donc ça : une histoire de place. Mais de place juteuse ! Toute la ritournelle sur la bonne gouvernance se résume à cela : j’étais à la Mission de bons offices, on a dissous mon affaire. Sauf qu’on ne dit pas tout sur cette affaire. Une affaire (Mission de bons offices) qui était loin d’une affaire de gouvernance, mais de principe de politique intangible universellement partagé : négocier ou pas avec les terroristes. Pour le Mali, c’est non et un non sans équivoque.

Une affaire qui avait été mise en place par son prédécesseur Boubèye en vue, disent les mauvaises langues, d’ouvrir officieusement des négociations discrètes avec les groupes terroristes, notamment des chefs terroristes tels Iyad Ag Ghaly et Ahmadou Koufa. Mais une juteuse affaire dotée d’un budget conséquent de plusieurs centaines de millions de FCFA (700 millions, avancent les confrères) qui n’a jamais eu l’assentiment du Président IBK.

En décembre 2017, Abdoulaye Idrissa MAIGA est limogé. On murmure que l’objet de la Mission de bons offices y est pour quelque chose, pour ne pas dire la pression des partenaires comme le dénonce l’Imam DICKO. Soumeylou Boubèye MAIGA arrive à la Primature. La Mission de bons offices est dissoute. Un grief de plus contre le régime du Président IBK. Depuis l’Imam est furax et insaisissable. Il devient le pourfendeur N°1 du régime, notamment du Premier ministre responsable, à ses yeux, de la dissolution de son affaire.

Sans s’en prendre directement à son « grand frère », l’Imam Mahmoud DICKO fait une mauvaise guerre au Premier ministre qu’il accuse comme on le voit ci-dessus d’être à l’origine de sa mise au chômage. Or, à l’époque (février 2018), interrogé sur la question par notre confrère français ‘’Le Monde’’, le Président IBK avait été très clair en assumant la décision : «le Président du Haut Conseil islamique, l’imam Mahmoud DICKO, avait reçu mandat de l’ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa MAIGA [avril-décembre 2017] de conduire une mission de bons offices dans le centre et le nord du pays. Je l’assume en tant que chef de l’État, mais j’étais bien loin de l’approuver. Nous avons mis fin à cette mission ».

Comme on le voit, visiblement l’Imam n’a pas digéré, et n’a pu s’empêcher de le dire publiquement.

PAR BERTIN DAKOUO

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