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IBK-Religieux : La fin de la sainte alliance ?
Publié le jeudi 14 fevrier 2019  |  L’aube
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© aBamako.com par DR
Visite du président au Chérif de nioro
Lundi 10 décembre 2012
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Entre le président Ibrahim Boubacar Keïta et les deux principaux leaders religieux du pays, Mohamed Ould Cheicknè, chef de la communauté hamalliste et Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique (HCI), s’achemine-t-on vers un bras de fer voire une rupture définitive ? La question est sur toutes les lèvres. Au-delà, entre le chef de l’Etat et ces deux leaders religieux, c’est une longue alliance (complicité ?) qui a assuré la victoire d’IBK à la présidentielle de 2013. Cette alliance est fissurée aujourd’hui. Et pour cause…

En effet, durant sa carrière politique et surtout à l’approche de la présidentielle de 2013, IBK a joué à fond la carte de l’islam. Tout comme la junte dans les garnisons militaires, des chefs religieux musulmans ont mené campagne pour lui dans les mosquées.

Dans une stratégie savamment orchestrée de conquête du pouvoir, IBK s’est appuyé sur des responsables du Haut Conseil Islamique (HCI) à travers son président Mahmoud Dicko. Aussi, une plateforme politico-religieuse baptisée « Sabati 2012 » a été créée pour les besoins de la cause : l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta. Pour « embellir » le décor, l’homme ne commence jamais ses discours sans citer quelques versets du Coran. Monsieur « Inch allah » était l’œuvre !

Partout et pour accéder au pouvoir, IBK tisse des réseaux insoupçonnés au sein des confréries et autres associations musulmanes.

Le Chérif de Nioro du Sahel, Mohamed Ould Cheicknè, Mahmoud Dicko… chacun de ces leaders religieux ont joué un rôle prépondérant dans l’accession d’IBK à la magistrature suprême.

Aujourd’hui, l’exercice du pouvoir a révélé le vrai visage d’un président qui a « roulé tout le monde dans la farine ». Conséquence : il est en froid, pour ne pas dire en rupture définitive ?, non seulement avec son peuple, mais aussi avec tous ses soutiens d’hier…

De l’alliance à l’ultimatum

Selon l’anthropologue Gilles Holder, spécialiste de l’islam au Mali, « le HCI est un parti politique qui ne dit pas son nom». Dirigé depuis 2008 par Mahmoud Dicko, le HCI a créé une plateforme politique baptisée «Sabati 2012» pour peser sur l’élection. Sabati a auditionné plusieurs candidats à la présidentielle, avant de trancher en faveur d’IBK. «Après l’avoir entendu pendant trois heures, nous avons estimé qu’il était le mieux à même de diriger le pays au moment où nous sortons de la plus grave crise de notre histoire…

Nous ne sommes pas un parti religieux et notre action s’inscrit dans le cadre de la République laïque et multiconfessionnelle du Mali. Notre but est simplement d’avertir les politiques sur la défense de nos valeurs. Nous sommes notamment opposés à la diffusion d’une culture mondialisée qui tend à imposer certaines normes internationales dans lesquelles nous ne nous reconnaissons pas : l’homosexualité, l’euthanasie, etc.», expliquait Moussa Boubacar Bah., le président de Sabati, par ailleurs chargé de la jeunesse au sein du HCI.

«Parmi les critères à l’origine de notre choix relatif au soutien de la candidature d’IBK, figure son acceptation de notre mémorandum». Ainsi s’exprimait le Président du mouvement «Sabati 2012», Moussa Boubacar Bah, le vendredi 19 juillet 2013, dans les locaux de la Zawiya du Chérif de Nioro.

A la faveur d’une grande la cérémonie, le Cherif de Nioro a, pour sa part, précisé ceci, parlant de l’option IBK : «Je fais ce choix pour le Mali et pour le bien des Maliens. La situation dans laquelle se trouve notre pays appelle un homme d’Etat qui défend les intérêts du Mali et de son peuple. Il est le candidat qui respecte les valeurs de notre pays. Nous devons barrer la route à ceux qui ont mis notre pays dans cette situation».

Reprenant la parole, le président du Mouvement Sabati 2012, renchérira : «On avait 4 candidats entre lesquels on devait choisir. Ce sont Cheick Modibo Diarra, Choguel Kokala Maïga, Moussa Mara et Mountaga Tall, auxquels IBK est venu s’ajouter. Parmi les critères qui ont amené au choix d’IBK, son poids politique, son audience auprès des populations, le fait qu’il incarne l’autorité de l’Etat, l’acceptation de notre mémorandum».

Certes, durant cette élection, IBK s’était gardé de reprendre à son compte les thèmes du HCI, mais il avait accueilli avec bienveillance le soutien de cette structure, très influente.

L’Ultimatum…

Au cours d’un grand rassemblement, le dimanche 10 février dernier, des leaders religieux se sont exprimés sur l’état de la nation et la mauvaise gouvernance. De l’insécurité aux conflits intercommunautaire en passant par la dégradation des mœurs, l’enseignement de l’homosexualité dans les écoles et la paupérisation générale… tous les maux qui rongent le Mali sous l’actuel régime ont été décriés par les intervenants. Ceux-ci n’ont pas porté de gant pour fustiger les comportements de nos dirigeants. Aussi, un l’ultimatum a été adressé au chef de l’Etat par le Cherif de Nioro du Sahel, Mohamed Ould Cheicknè et l’imam Dicko. En effet, ces deux leaders religieux ont exigé le limogeage du premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Cette exigence formulé par le chérif de Nioro, M’Boullé a été fortement appuyé par Dicko.

Cet ultimatum marquera-t-il la rupture définitive entre le chef de l’Etat, Ibrahim B Keïta et ceux-là qui ont fortement contribué à son accession à la présidence de l’Etat ?

Mohamed Sylla

Le deal de 2013

Notre confrère Le Sphinx était allé plus loin en dévoilant un contrat secret qui liait IBK et les leaders religieux musulmans ; une entente conclue à la veille de l’élection présidentielle de 2013.

« La relecture du Code de la famille non plus par l’administration et l’Etat, mais cette fois-ci par un groupe de travail sous l’égide du Haut Conseil Islamique du Mali.

-Interdiction des débits de boisson, boites de nuit et maisons closes.

-Interdiction des films pornographiques et érotiques.

-Réorganisation de la censure notamment pour l’audiovisuelle (Ortm) et les médias privés.

-Interdiction totale des jeux de hasard.

-Aménagement des lieux de prière dans les ministères et les administrations publiques au frais de l’Etat avec une participation des musulmans.

-Aménagement d’une mosquée dans les aéroports et les hôpitaux.

-Réaffirmation par décret du caractère sacré du mois de Ramadan avec interdiction des festivités et fermeture des débits de boissons, des boites de nuit et des centres de loisirs.

-Médicalisation de l’excision et non pas suppression de cette pratique.

-La prise en charge des imams des mosquées de vendredi et leurs adjoints par un salaire net d’impôts de 300 000 F CFA pour les premiers et 200 000 F CFA pour les seconds ainsi que l’instauration d’une allocation annuelle à allouer aux mosquées de vendredi.

-Interdiction du port d’habits indécents dans les ministères, administrations, institutions et organismes publics et semi-publics.

-La création de tribunaux islamiques de conciliation dans les quartiers et les communes.

-La création d’un ministère des Affaires religieuses…». Là aussi, sans commentaire !

Au-delà du Haut conseil islamique, le Chérif de Nioro a pesé lourd et même très lourd dans le plébiscite d’IBK.

Aujourd’hui, ni le Chérif, ni Mahmoud Dicko, ne sont en bon terme avec IBK. En revanche, celui-ci s’est résolument tourné vers le guide d’Ançardine, Chérif Ousmane Madani Haïdara.
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