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Réveil des guides religieux contre la mal gouvernance : Un parti politique islamique sera-t-il constitutionnalisé finalement ?
Publié le jeudi 14 fevrier 2019  |  Carrefour
Meeting
© aBamako.com par A S
Meeting du Haut Conseil Islamique du Mali
Bamako, le 10 février 2019 60.000 personnes se sont réunies dimanche dans le plus grand stade de Bamako
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Le constat est qu’il y a une difficile mise en place d’une République laïque parce que ce sont les dirigeants qui vont courber l’échine devant les guides religieux et en leurs faisant croire qu’ils sont à la base de leurs élections, en lieu et place des partis politiques qui ont œuvré pour ce faire depuis des années. Pour rappelle les leaders religieux étaient conscients que leur influence avait peu d’entreprise dans le dénouement final des compétitions électorales ou alors que leurs poids restaient marginaux lors des scrutins électoraux. La première tentative a été faite par le Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM), en lançant un communiqué radiodiffusé pour demander à la ‘’Huma’’ islamique malienne de voter pour le candidat Ibrahim Boubacar KEITA en 2002. Cet appel n’a pas porté fruit, car le Président sortant Alpha Oumar KONARE avait déjà son petit plan dans la tête. Il a donc fait venir Amadou Toumani Président de la transition.

En réaction à cet appel, de bouche à oreille, les fidèles chrétiens ont pris le contre-pied en votant pour son challenger le Général Candidat Amadou Toumani TOURE. Ce dernier a finalement accédé au trône, prouvant ainsi aux membres du HCIM, que pour cette fois-ci leurs voix n’ont pas porté. Sept ans après cet appel infructueux, le HCIM a profité du vote de la loi du code de la famille et de la personne en fin juillet 2009 par l’Assemblée Nationale pour organiser un grand meeting au stade du 26 mars. Le stade a fait le plein en cette journée du dimanche 22 août 2009 avec plus de 80 000 fidèles, pour protester contre le code ainsi voté. Le Président et le Gouvernement pris de panique ont décidé de ne pas promulguer le dit code et de le renvoyer à une seconde lecture à l’Assemblée Nationale. Le HCIM est sorti renforcer de ce bras de fer entre lui et le pouvoir exécutif. Et pourtant ce code constituait une avancée pour les femmes, les enfants et le Mali. A partir de cette démonstration de force, les leaders religieux ont pris conscience de leur force et se sont donc résolus à se préparer pour les prochaines joutes électorales.

Un autre évènement politique est venu en 2012, conforter leur position sur la scène politique nationale et africaine. ATT a soupçonné le Président du HCIM d’être l’instigateur d’un coup d’état projeté contre son régime. Aussitôt, après avoir délogé le Président ATT du Palais de Koulouba le 22 mars 2012, la junte militaire auteur de ce coup de force fût immédiatement appel au Président du HCIM pour demander son soutien et celui des musulmans pour faire accepter le coup d’état ainsi consommé. Le constat est que, les religieux ont joué un très grand rôle dans l’apaisement du climat social pendant les premiers jours du coup d’état et lors des différentes médiations aussi bien au Mali, qu’au Burkina Faso. Toute chose qui a renforcé leur conviction à s’immiscer dans l’arène politique, à défaut de pouvoir créer un Parti Politique. Egalement ils en ont profité pour créer des radios libres et même des télévisions pour étendre leur influence et contraindre les leaders politiques à leur prêter une attention toute particulière, conformément à leur poids religieux désormais sur les populations maliennes. Aujourd’hui, ils n’hésitent pas à dire que : « Ce sont les hommes politiques qui viennent à eux et non le contraire ».

L’appel des religieux à voter en faveur du candidat IBK à l’élection Présidentielle de 2013, à travers des consignes officieuses données dans les mosquées, les lieux de prêche et les associations religieuses telle que ‘’Sabati 2012’’, a été suivi à la lettre. Car il voyait en lui, des attitudes de musulman et le souci de libérer le Mali du joug des rebelles et des djihadistes.

Le Président IBK n’a pas hésité à rappeler aux dirigeants de son parti politique, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) qu’aucun parti politique ne l’a élu pour être à Koulouba. Que ce sont les religieux qui l’ont élu ». Les leaders religieux ont fini par croire en cela. C’est vrai qu’ils ont participé à la victoire, mais quelle victoire. Devenu Président dans ces conditions IBK pour les rassurer avait pris beaucoup d’engagements à savoir sortir le pays de la crise multidimensionnelle. A cet effet il a dit :« qu’aucun rebelle ne se hissera à mon niveau…Je ne négocie pas avec des gens armés… ». Ce sont là, entre autres, des propos chocs d’Ibrahim Boubacar Keïta, à son accession à la présidence en septembre 2013. Entre ces déclarations et la réalité qui prévaut aujourd’hui au nord, notamment à Tombouctou et au centre du pays, il y a un énorme fossé qui interpelle le chef de l’Etat. Mais à Bamako, le silence est devenu le refuge (idéal) d’Ibrahim Boubacar Keïta face à cette situation explosive d’insécurité généralisée qui trouble le sommeil des populations maliennes. Impuissant devant les rebelles, IBK semble totalement dépassé par la triste réalité qui prévaut actuellement partout au Mali. Un aveu d’impuissance ? Ça y ressemble fort.

La situation devient de plus en plus explosive au centre du pays avec plus de 500 civiles morts en une année. Cette situation dérange la nomenclatura musulmane, qui ne comprend pas que la France qui nous a dirigé hier et qui continue de diriger encore le Mali n’arrive pas à mettre fin à cette situation, cela est inacceptable pour la UMAH islamique.



Faut-il le rappeler disons que la France et l’Allemagne sont les deux pays qui ont exprimé un ‘’Niet’’ catégorique contre toute tentative de négociation avec les groupes non signataires de l’Accord d’Alger de 2015 dont Iyad Ag Ghaly. Pour la Umah islamique qui a répondu massivement à l’appel de leur organe dirigeant à savoir le Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) et les partis de l’opposition, les tueries au centre du Mali entre ethnies ayant cohabité ensemble depuis des siècles sont liées à la mal gouvernance d’IBK et de son gouvernement actuel. Pour ce faire, il appelle le peuple à se mettre debout contre l’amalgame entretenu par le régime. En effet, la UMAH islamique ne comprend pas comment dans un pays où il y a l’armée malienne dotée d’un effectif de 100 mille éléments et plus de 13 000 éléments des forces étrangères, que le régime n’arrive pas à mettre fin à toutes ces nombreuses tueries au centre du pays et trouve comme prétexte : « ce sont les donzons » chasseurs traditionnels. Reconnaissons que la patience d’un peuple a une limite dans la mal gouvernance. Certainement que la Umah islamique en a trop encaissé et veut prendre les choses en main. En quoi faisant ?

Déraciner le premier Ministre, taxé d’être la racine du mal et du désordre au centre du pays. Si cela n’arrive pas à se concrétiser, imposer dans la nouvelle constitution en préparation, la possibilité de création de partis politiques islamiques. Cela devrait-il être considéré comme une nécessité de nos jours, vu que les responsables politiques démocratiques n’ont pas fait plus que le régime du parti unique ?Le groupe d’experts constitué pour ce faire doit rencontrer les responsables islamiques pour prendre en compte leurs idées sur la question, sinon, le nouveau texte référendaire ne passera pas si ce n’est pas par des moyens frauduleux comme en juillet 2018. En son temps quand le président algérien Chadli Benjedid avait autorisé la création du Front Islamique du Salut par Abassi Madani et Aly Ben hadj, le guide libyen l’avait mis en garde en lui disant que les barbus sont capables du pire, si tu ne fais pas attention tu seras le premier à être égorgé

Badou S. KOBA
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