Un groupuscule de manifestants, qui tentait de marcher, hier mercredi, à Mopti pour réclamer plus de sécurité dans la région, a été dispersé par des éléments de maintien d’ordre, à l’aide de gaz lacrymogène. Selon nos sources, sur place, plusieurs manifestants ont été arrêtés et certains directement déférés à la Maison d’arrêt de Mopti.
Pour protester contre l’insécurité grandissante, l’incapacité du gouverneur qui n’arrive ni à sécuriser ni ramener la paix dans la région, la jeunesse de Mopti avait décidé de manifester, ce mercredi 13 février 2019, contre les autorités locales principalement le gouverneur le général Sidi Touré. La marche n’a pas finalement eu lieu comme prévenu par les organisateurs parce qu’elle était interdite par le gouverneur de la région.
« Avant la marche, le gouverneur avait informé les initiateurs, à travers une correspondance, de sa volonté d’interdire la manifestation compte tenu de la situation dans la région de Mopti », nous a confié notre source.
Malgré cette interdiction du gouverneur, les manifestants se sont regroupés, hier mercredi matin, pour exprimer leur ras-le-bol face à la situation d’insécurité qui prévaut à Mopti. Suivant les consignes du chef de l’exécutif local, ajoute notre source, ils ont été dispersés à l’aide de gaz lacrymogène. Avant, témoigne-t-elle, ce sont les manifestants qui ont commencé à jeter des cailloux aux éléments de maintien d’ordre. Malheureusement, notre interlocuteur a déploré que beaucoup de services et familles soient pulvérisés de gaz lacrymogène. Selon notre source, plusieurs personnes parmi les manifestants ont été arrêtées et certains déférés directement à la maison d’arrêt de la région.
Aussi, pour dissuader les jeunes de faire leur marche, la préfecture de Mopti, sur instruction du gouverneur, dit-on, a diffusé sur les radios privées un communiqué menaçant de rompre définitivement le contact avec les jeunes. Les manifestants soutiennent qu’on assiste chaque jour à des manifestations partout dans le pays et pourquoi pas à Mopti…?
Au même moment à Kayes, des gens étaient également dans la rue pour manifester leur colère contre la grève répétitive des enseignants qui a trop duré. Dans les rues de la capitale des rails, des jeunes ont été rejoints par des femmes jugeant noble leur combat. Aussi, parmi les motifs de la manifestation figuraient le non-paiement des salaires des cheminots et la relance du train voyageur.
Joint par nos soins, le secrétaire des cheminots de la région de Kayes, Drissa TRAORE, s’est désolidarisé de la manifestation. Selon lui, à travers l’UNTM, l’État s’est engagé à payer nos arrières de salaire. Dans ce contexte, il n’est pas logique que les cheminots s’associent à une telle démarche.
« Lorsque ces jeunes nous ont contacté pour nous associer à leur initiative, nous avons décliné. C’est leur droit de marcher, mais ils ne peuvent pas profiter de notre situation pour agir ou manifester. On ne veut pas d’amalgame. Ce n’est pas pour défendre l’État, mais il est en train de fournir beaucoup d’efforts pour la relance des activités ferroviaires », a expliqué le syndicaliste.
En clair, M. TRAORE a affirmé que cette manifestation était politisée. Selon ses informations, ce sont des jeunes des partis politiques de l’opposition qui sont derrière l’initiative.
Comme à Kayes, le slogan des manifestants trahit l’objet de la marche des jeunes. Ainsi, on pouvait lire sur des banderoles : « IBK Assassin, Boubèye Assassin, non à la dictature » « les victimes demandent réparation des dommages ». Pour des jeunes qui réclament la sécurité, ces messages avaient d’autres connotations sans rapport avec l’objet de la marche.