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Dialogue politique: l’enlisement
Publié le vendredi 15 fevrier 2019  |  Info Matin
Rassemblement
© aBamako.com par Momo
Rassemblement citoyen des partis politiques contre le terrorisme
Bamako, le 21 janvier 2017 les partis politiques de la majorité et de l`opposition ont ont organisé un rassemblement au monument de la paix pour soutenir les FAMAS
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Les Partis politiques, qui se regardaient naguère en chien de faïence, nonobstant la multiplication des rencontres, dans le cadre d’une décrispation du climat politique, sont vite rattrapés par l’implacable réalité des réformes institutionnelles.

La création d’un Comité d’experts (Décret N° 2019-0015/PM-RM DU 14 JANVIER 2019 Portant création du Comité d’experts pour la réforme constitutionnelle) ; la nomination des membres du Comité d’experts (Décret N° 2019 0016/PM RM du 14 janvier 2019 portant nomination au comité d’experts pour la réforme constitutionnelle) ; la création d’un Cadre de concertation national (CCN) entre le Gouvernement, les partis politiques et la société civile pour valider les propositions du Comité des Experts (Décret N° 2019-0020/PM-RM du 17 janvier 2019) ; décrétées à brûle-pourpoint par le Premier ministre sont des mesures diversement appréciées par une partie importante de la classe politique.

Pour nombre des Partis politiques contestataires, le PM a mis la charrue avant les bœufs, le Gouvernement fait dans la fuite en avant. Le dénominateur commun à leur réprobation de la démarche du Chef du Gouvernement étant de marcher sur l’indispensable dialogue préalable à toute initiative de réformes institutionnelles. À ce niveau, l’équation se corse davantage.

En effet, alors que le Parti du Chef de file de l’Opposition, l’URD, réclame un ‘’dialogue politique national’’, une autre grosse pointure politique, les FARE, penche plutôt pour un ‘’dialogue national refondateur qui embrasse l’ensemble des Maliennes et des Maliens où ils sont et dans la durée’’ ; donc, moins réducteur que celui préconisé par l’URD. Le Président des FARE, Modibo SIDIBE, au sortir d’une rencontre avec une délégation du Parti présidentiel, le RPM, assumait : « c’est vrai que nous avons des divergences sur la grande réforme, la façon dont elle est conduite, sur la question fondamentale de repositionner le peuple malien au cœur du dialogue national refondateur pour qu’on puisse avoir des institutions qui sont à nous. Comment aller dans ce cheminement-là ? »

De son côté, l’URD, pour rien au monde, ne semble disposé à troquer contre le dialogue politique national, une autre offre politique.

L’État, lui, ne semble donner aucun gage de sa volonté de lever les écueils sur la voie des réformes institutionnelles. Le dispositif étatique mis en place pour ce faire tente de fonctionner dans un environnement socio-politique hostile. Dès lors, les ingrédients sont réunis pour aller à une nouvelle épreuve de force qui ne sert les intérêts d’aucune des parties en présence, mais qui nuirait sérieusement au processus de stabilisation du Mali.

Ainsi donc, désormais, les positions sont tranchées. À ce stade, elles sont inconciliables. La seule concession, il y a quelques jours, par le Président du RPM, à l’issue de sa rencontre avec son camarade Modibo SIDIBE est que le Parti FARE accepte d’aller à une séance de travail du Cadre de concertation national pour dérouler sa vision.

Pourtant, les rencontres tous azimuts se poursuivent de plus belle entre les Partis politiques membres de la Majorité présidentielle, des Centristes et de l’Opposition ; entre l’Alliance ‘’Ensemble Pour le Mali’’ (EPM), plateforme de soutien au Président Ibrahim Boubacar KEITA et le ‘’Front pour la Sauvegarde de la Démocratie’’ (FSD), d’obédience oppositionnelle. Inexorablement, elles aboutissent aux mêmes divergences de fond et les autres questions tels la situation sécuritaire, le rassemblement des Maliens et des forces politiques, sont quasiment reléguées au second plan. Une nouvelle fois, la réforme constitutionnelle divise la classe politique, non sur le fond, l’unanimité étant quasiment faite sur sa nécessité, mais sur la forme qui déleste le processus d’aspects essentiels (aux yeux de grosses pointures politiques), tel mettre les Maliens au cœur de la démarche, en vue de : établir un diagnostic partagé de la gravité de la situation, des enjeux, défis et périls, et de nos vulnérabilités structurelles ; définir les termes d’un processus malien solide et durable de sortie de crise et dont la pierre angulaire est le dialogue national refondateur ; décider du report des élections législatives pour une durée en cohérence avec la conduite des réformes institutionnelles et structurelles dont le pays a besoin ; arrêter un pacte de stabilité pour la sécurité, la croissance et le développement ; tenir un dialogue national refondateur, devant arrêter les orientations majeures dont les Maliens conviendront quant à l’avenir du pays, l’infrastructure institutionnelle de notre État (recommandations des FARE).

Au regard de ce qui précède, l’on est bien parti pour un enlisement du dialogue politique qui fait planer une hypothèque sur les réformes institutionnelles qui ne sont plus tout à fait facultatives pour le pays.

PAR BERTIN DAKOUO
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