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Tiébilé Dramé, président du Parena face à la presse hier : / « En 2018, les violences ont entraîné la mort de plus de 1800 personnes au Mali » : / « Les risques d’effondrement du pays sont grands »
Publié le vendredi 15 fevrier 2019  |  Le Républicain
Conférence
© aBamako.com par A S
Conférence de presse du PARENA
Bamako, le 14 février 2019 le président du PARENA Tiebile Drame était face à la presse
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Hier, jeudi 14 février 2019, les responsables du Parti pour la renaissance nationale (Parena) étaient face à la presse à la Maison de la presse de Bamako pour non seulement dénoncer la situation sécuritaire au centre du Mali, mais aussi, la grave crise financière qui fait planer de gros nuages sur la stabilité du Mali. Ladite conférence de presse était principalement animée par le président du Parena, Tiébilé Dramé qui a fait savoir que les risques d'effondrement du pays sont grands. Selon l’opposant, Tiébilé Dramé, le gouvernement doit dire la vérité aux Maliens sur la situation au centre. «Du 4 janvier au 30 décembre 2018, 1814 personnes ont perdu la vie au Mali…La responsabilité du président Ibrahim Boubacar Keïta sera lourde devant l'histoire du Mali», a souligné le conférencier, Tiébilé Dramé.



Isabelle Massage


Plusieurs personnalités ont pris par à cette conférence de presse qui a duré plus de deux du temps. Outre le conférencier, Tiébilé Dramé, on notait la présence des autres responsables du parti Bélier Blanc comme Me Amidou Diabaté, Djiguiba Keïta dit PPR, Seydou Cissé, Moussa Makan Sissoko, Mme Tamboura Mah Keïta, des militants et sympathisants du Parena et de l’opposition toute entière. Des présences de marque sont également à signaler comme celle de Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), chef de file de l’opposition malienne, l’ancien président de l’Assemblée nationale du Mali, Pr Ali Nouhoum Diallo, des responsables de l’opposition comme Mme Diakité Kadidia Fofana, Nouhoum Sarr, Paul Ismaël Boro, Djibril Tangara et bien d’autres.

« En ce début d'année 2019, le Mali est confronté à plusieurs crises dont la combinaison menace les fondations de notre Nation : une crise sécuritaire persistante qui s’est étendue du nord au centre et qui a causé en 2018 la mort de plus de 1800 personnes ; une crise politique née de la dernière élection présidentielle organisée sous l’empire de la fraude ; une crise institutionnelle qui plonge dans un déficit de légitimité la quasi-totalité des institutions constitutionnelles; un mécontentement social sans précédent, une multiplication vertigineuse des grèves des travailleurs, toutes catégories confondues ; une grave crise financière résultant de la mauvaise gouvernance endémique du pays. Cette mauvaise gouvernance est le principal ferment de la grogne sociale généralisée », a souligné le président du Parena, Tiébilé Dramé.



Avant d’ajouter que la mauvaise gouvernance reste au cœur de la crise malienne. Pour l’opposant Tiébilé Dramé, sans bonne gouvernance, il est impossible de lutter avec succès contre le terrorisme qui endeuille chaque jour le Mali. « Sans bonne gouvernance, il est illusoire de stabiliser le Mali. Or, dans ce domaine, rien n’a changé au Mali depuis au moins cinq ans. Au contraire, la crise de gouvernance a atteint des proportions alarmantes », a-t-il précisé. Aux dires de Tiébilé Dramé, en 2018, les violences ont entraîné la mort de plus de 1800 personnes au Mali. Et d’ajouter que l’année 2017 avait déjà enregistré 716 personnes tuées sur tout le territoire.

« Le nombre élevé de morts en 2018 est le reflet d’une situation sécuritaire particulièrement dégradée notamment au Centre et au Nord-est. Du 4 janvier au 30 décembre 2018, 1814 personnes ont perdu la vie au Mali. Sur les 1814 victimes de l'insécurité en 2018, 1026 ont été tuées au centre du Mali. Le centre du Mali, c’est la mort au quotidien, les villages brûlés et rasés, les greniers pillés, les troupeaux razziés, les déplacements forcés de populations civiles. Le centre, c'est aussi le contrôle au faciès, les check-points illégaux, les armes de guerre détenues par des groupes irréguliers qui ensanglantent et endeuillent la région », a-t-il martelé.

A ses dires, il y a une guerre civile intercommunautaire en cours au centre du pays. « Un des épisodes les plus sanglants de la guerre civile au centre a été en avril dernier le massacre de Nawal Noumou, une mare jouxtant Nouh-Bozo (Djenné), Diawou (Ténenekou) et Toye (Ké-Macina). Selon des sources recoupées, plusieurs dizaines de donsos (chasseurs) ont été exécutés par les djihadistes les 22 et 23 avril 2018. Le gouvernement doit dire la vérité aux Maliens sur la situation au centre : qui sont les protagonistes de la guerre du centre ? D'où viennent-ils ? Des non-Maliens participent-ils à la guerre du centre ? D’où proviennent les armes de guerre utilisées au centre ? Qui en sont les fournisseurs ? », a souhaité l’ancien ministre, Tiébilé Dramé. Selon le conférencier, le régime a laissé pourrir la situation au centre sans prendre à temps les mesures appropriées. « Son programme-phare, le PSIRC (plan de sécurisation intégrée des régions du centre) élaboré avec des partenaires européens n’est sorti des tiroirs qu’en janvier 2018 soit une année après sa validation et son adoption. Il est aujourd'hui un échec », a-t-il dit.

Comme recommandations, le Parena signal que le régime « devrait se démarquer en paroles et dans les faits de tous les groupes armés irréguliers et illégaux ; mettre en place, de toute urgence, une commission indépendante d'enquêtes pour faire la lumière sur les graves violations des droits humains perpétrés au centre; rechercher et punir tous les auteurs et complices des crimes abominables commis au centre ; enquêter sur l’origine des armes de guerre et leur circulation dans les régions de Ségou et Mopti ; démanteler les check-points illégaux installés au vu et au su des autorités locales et régionales ; mettre fin au délit de faciès ; désarmer et dissoudre les milices ; déployer dans le centre des observateurs indépendants des droits de l’homme ; organiser des patrouilles régulières FAMAS- Force MINUSMA ; convoquer des assises régionales sur la restauration de la sécurité, de la stabilité et sur la bonne gouvernance au centre». En outre, Tiébilé Dramé a invité les FAMAS à rassurer toutes les composantes de la communauté nationale. Pour ce faire, dit-il, elles doivent être à équidistance des communautés et leur assurer une égale protection.

Le Mali au bord d’un effondrement financier

S’agissant la crise financière au Mali, Tiébilé Dramé a fait savoir que le Mali n’est pas le 3ème pays économique dans l’espace Uemoa mais plutôt le 6ème. «Réagissant à la grave crise qui couve, le Premier ministre a annoncé des mesures d'économie de 14 milliards de FCFA sur le train de vie de l'État. Si ces économies de 14 milliards se réalisaient, elles ne seraient qu’une goutte d’eau dans l’océan du gap, du trou béant de 500 à 600 milliards de manque à gagner pour le budget d’État. les autorités sont incapables de payer la dette intérieure qui s’élève au moins à 200 milliards de FCFA entraînant asphyxie du secteur privé pris à la gorge, précarité et morosité sociales, fragilisation des banques, érosion de la confiance entre le secteur bancaire et l’État. Nous pouvons affirmer sans hésitation que l’actuelle crise financière est la plus grave de toutes les crises auxquelles le Mali est confronté. Elle résulte de la mauvaise gouvernance, de la mauvaise gestion et de la prédation des ressources publiques », a-t-il déploré. Il a fait savoir que le PMU-Mali n’a pas versé un sou à l’État en 2016 et 2017. A l’en croire, il y a urgence à mettre fin au déni de réalités et cesser la fuite en avant.

Selon lui, il est impératif que les forces vives se réunissent au chevet du Mali pour changer la gouvernance qui a montré ses limites et créer les conditions de la stabilité politique, économique et sécuritaire. Il a, sans ambages, affirmé que les risques d'effondrement du pays sont grands. « La responsabilité du président Ibrahim Boubacar Keïta sera lourde devant l'histoire du Mali. Monsieur le président, devant tant de gâchis le temps du sursaut salvateur est arrivé. Sortons des tranchées et de l'immobilisme. Regardons le Mali », a déclaré l’opposant Dramé. Répondant aux questions des journalistes, le conférencier Tiébilé Dramé a indiqué que le régime est responsable de la dégradation de la situation au centre.



A cet effet, il a interpellé la société civile malienne à être forte. Par ailleurs, il dira que le président IBK n’a pas gagné les élections présidentielles de juillet 2018. Malgré tout, dit-il, l’opposition est disposée à un dialogue politique. Selon Tiébilé Dramé, la gouvernance du Mali est calamiteuse. « Si on ne change pas la gouvernance du Mali, il va disparaitre », a-t-il dit. Avant de souhaiter des réformes sérieuses pour le peuple du Mali avec l’adhésion de toutes les parties prenantes. « Il faut un dialogue politique indispensable », a-t-il insisté. Concernant la réforme constitutionnelle en cours, il a fait savoir que réviser la constitution ne saurait être la seule préoccupation. Enfin, il a invité les autorités maliennes « contestées », à prendre conscience de la gravité de la situation au Mali.

Quant au vice-président du Parena, Me Amidou Diabaté, il a fait savoir que l’opposition ne peut pas endosser la responsabilité de la gestion du gouvernement malien. Pour sa part, le secrétaire général du Parena, Djiguiba Keïta alias PPR a rassuré que les données du Parena sont fiables. Abondant dans le même sens que le conférencier, l’honorable Soumaïla Cissé de l’URD a dénoncé l’insécurité au centre du Mali. Avant de préciser qu’il ne peut pas participer au cadre de concertation nationale crée récemment. Cependant, Soumaïla Cissé dit ceci « Nous sommes pour le dialogue ». En outre, il a déploré la situation financière au Mali. Il a mis l’accent sur la dette intérieure du Mali qui est très élevée. Sur le plan de l’énergie, il a fait savoir que l’Etat doit payer à Albatros 1 milliard 200 millions de FCFA par mois. Ce qui lui fera dire que la situation est inquiétante au Mali.

Aguibou Sogodogo
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