Qui peut croire une seconde que le Président Ibrahim Boubacar Kéïta veuille se tenir en discorde avec les Religieux ? Qu’on veuille en dépit de tout continuer à s’allaiter du pressentiment qu’IBK prépare un jeu politicien visant à faire de Soumeylou Boubèye Maïga son dauphin et que ce dernier soit tenu pour bouc émissaire ou que l’Imam Mahmoud Dicko travaille de mèche avec Iyad Ag Ghali ? Pour nous, Il n’y a rien à redire et le silence aurait été la meilleure riposte à pareilles rumeurs et allégations qui auraient été plus recevables si leur infirmation ou confirmation serviraient d’un passage obligé pour la paix et la Démocratie escomptées.
C’est à se demander s’il faut en parler ou s’abstenir. Mais à notre humble avis, le silence peut être la meilleure réplique à certains acharnements, à ces ressentiments, irritations et amalgames dont la politique est coutumière. Dans les grandes nations de Démocratie, les Hommes publics avaient trouvé l’ornement en se constituant un blindage. Cela, s’entend une disposition à tourner en dérision les piques et boulets reçus ; en un mot, un art de garder sa sérénité lorsque les circonstances exposent l’Homme politique aux railleries et autres calembours. C’est un effort homérique et noble de pouvoir adopter ce caractère d’ultime sagesse, cette attitude de silence lorsque la mauvaise foi, les rumeurs, les désinformations, les procès d’intention et l’amalgame ne connaissent pas de retenue
Certes, l’heure n’est pas encore au bilan définitif. Mais, nous enseigne la sagesse de chez nous, même si ton adversaire s’appelle la zèbre, il faut avoir la force du bon sens d’accepter qu’il y a dans la savane un animal qui a les jolies rayures sur le pelage et au galop très rapide.
C’est du moins l’impression qui se dégage, pour l’instant, de la vision politique du Président IBK dans la recherche de la paix, de la cohésion sociale, de l’unité nationale et de l’encrage de notre jeune Démocratie. Cela, depuis qu’il est arrivé démocratiquement aux affaires en 2013. Ce qui est d’autant plus méritant qu’il est surtout plus facile de semer la confusion, la discorde ; de cultiver dans les esprits le sentiment de la haine, de la violence entre les Hommes, entre les communautés ou au sein d’un Peuple que de réussir à construire un véritable climat de paix, un Etat de Droit, un bonheur pour tous. Surtout lorsque le contexte s’y prête le moins, parce que, de nos jours, presque tout incite à faire usage de la force ou prête à des interprétations tendancieuses. Le sait-on assez que notre époque est un environnement où les artisans de la paix et de la Démocratie sont devenus la cible des apprentis sorciers? Un Homme de paix et de dos large peut-il être compris dans une société où l’instinct d’amalgame, de violence, de populisme et d’indiscipline ont valeur de bravoure, d’héroïsme ? Dans une culture où on exalte les mesquineries, l’égoïsme, l’hypocrisie, la corruption et l’esprit de la va-t-en-guerre ? La réponse qui court à notre rencontre est oui. Mais, un oui assorti de la conjonction adverbiale ‘‘mais’’. ‘‘Mais’’, comme nous l’aimons à le soutenir quotidiennement, parce que la paix est délicate et les systèmes démocratiques africains sont encore très fragiles.
En fait, la construction de la paix est un art en soi qui a beaucoup d’exigences, critères.
Les vertus du tisserand
Comme l’a si bien dit l’écrivain Ousmane Diarra du Centre culturel français : «L’art de la paix ressemble à celui du tisserand assis dans son métier à tisser . Tout son être est constamment sollicité, physiquement et moralement …».
Ce qui redemande qu’il doit être et demeurer patient, vigilant, intelligent, méthodique, habile et patient. Car, à cause d’une moindre fausse note tout peut se mélanger, s’étriquer et se vouer à l’échec entre ses mains. A l’image du tisserand, l’artisan de la paix, de l’Unité nationale et de la Démocratie doit être mouvant tout en restant fixe. Tant physiquement et intellectuellement que mentalement et patiemment. Il faut qu’il soit souple tout étant infaillible, objectif et réaliste. Puisque, trop délaissés, les fils risquent fort de s’entremêler confusément et trop raidis aussi tout se casse.
A notre sens, la vigilance de l’artisan de la paix, de la Démocratie, d’un Etat de Droit doit être à l’image du tisserand. C’est le leader du Peuple et des foules à la fois. De ce fait, un Homme condamné à voir loin devant soi et dans tous les sens, de tous les côtés, tout en sachant surveiller de tout près. Loin, les animaux domestiques rôdant aux alentours, les gamins gambadant dans tous les sens ou les femmes au cours de leurs travaux de ménage ou encore les passants sinon les visiteurs naturellement trop distraits peuvent se prendre les pieds dans les fils et tout saboter . Remettant ainsi en cause les efforts et l’espoir ferme et du paysan qui a cultivé le coton et des vieilles dames qui l’ont filé et des villageois bénéficiaires potentiels de l’habillement et du tisserand lui-même. Bref, avec un moindre geste faussé des membres supérieurs ou inférieurs pour manque de vigilance tout peut être compromis indubitablement. C’est à cela que doivent s’atteler autour du Président-tisserand Ibrahim Boubacar Kéïta le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga et tout son Gouvernement ; le Chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé ; le Président du RPM au pouvoir, Dr Boucary Tréta avec toute la classe politique (opposition et majorité toutes confondus) et le Président du Haut Conseil Islamique, l’Imam Mahmoud Dicko et tous les leaders religieux.
Côté Exécutif, le Président IBK qui, depuis son élection en 2013, se bat inlassablement au plan international pour le retour de la paix et la consolidation des acquis démocratiques de Mars 1991, doit aller encore au charbon pour amener son Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga et le Président du Haut Conseil Islamique, l’Imam Mahmoud Dicko, à avaler des couleuvres pour la paix, l’Unité nationale, la cohésion sociale et la Démocratie. C’est idem pour la classe politique, la société civile et l’ensemble des forces vives de la nation.
Aujourd’hui, la Démocratie est là. Mais il faut travailler à la préserver et à la consolider sur tous les plans. Ce, en ce sens qu’elle reste très fragile à cause de la précarité de la situation socioéconomique du pays, du développement de l’irrédentisme corporatiste ; de la crise sécuritaire et du terrorisme sévissant au grand dam de tous dans les Régions du Nord et du Centre du pays.