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Enseignement des sciences: Comment le Mali est passé de 51% à 3,5% de lycéens dans les séries scientifiques?
Publié le lundi 18 fevrier 2019  |  justinmorel.info
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© aBamako.com par A.S
Démarrage des examens du DEF
Bamako, le 06 juin 2016. Les examens du Diplôme des études fondamentales (DEF) ont démarré sur toute l`étendue du territoire.
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Membre du Conseil Supérieur de l’Education du Mali de 2008 à 2012 et Coordinateur national de la Société Malienne des Sciences Appliquées (MSAS), Dr Fad Seydou tire la sonnette d’alarme sur la disparition des mathématiques dans le système éducatif malien. A la Fête des Sciences, en décembre dernier, le mathématicien a révélé ce qui pourrait être, selon lui, les origines du problème.

En 1998, le Mali comptait 16 063 élèves dans les classes de Terminale. Parmi eux, 8 225 étaient dans les séries scientifiques contre 7 838 en lettre. Les statistiques récentes montrent une autre réalité. La dernière réforme dans lycées crée six séries en Terminale dont trois séries quasiment ou presque scientifiques (TSE, TSExp, TSEco) et trois séries quasiment ou presque littéraires (TAL, TLL, TSS). En 2017, on comptait au Mali, 101 599 candidats au Bac. Seulement 3 842 étaient en Terminale Sciences Exactes (TSE) contre 33 260 en Terminale Langues et Lettres (TLL). Pis, 50 775 d’entre eux étaient en Terminale Sciences Sociales (TSS). Autrement dit: seulement 3,48% des bacheliers maliens, en 2017, avaient choisi les mathématiques et physiques chimies contre 61,8% en Langues et lettres et en Terminale Sciences sociales.

«Si on ne fait rien, c’est la fin programmée de l’enseignement des mathématiques au Mali». «C’est très grave!», s’inquiète le chercheur. Formateur au Mali dans plusieurs domaines spécialisés dont la finance carbone, l’imagerie médicale, le montage des projets de recherche, les méthodes d’enseignement, l’analyse des données, et la sécurité et la santé au travail dans les institutions de formation, Dr Fad Seydou sait mieux que quiconque la place des maths dans le développement d’un pays. «La disparation des maths, s’indigne-t-il, entrainera la disparition du pays. Sans maths, pas de physique, pas de chimie, pas d’ingénieurs, pas de médecins, ni de pharmaciens ni de spécialistes de sciences sociales ou d’agronomes». Dans sa présentation, à la fête des sciences, intitulée «Pourquoi les différentes réformes du système éducatif malien n’ont pas amélioré le nombre d’élèves et d’étudiants en science?», le chercheur pointe du doigt: la qualité des enseignants et de leur formation.

Que faut-il faire pour inverser la tendance?

Pour inverser la tendance, Dr Fad Seydou fait appel à la volonté politique. Elle seule, indique-t-il, est capable de traduire en acte concret toutes les autres recommandations. Ainsi, le mathématicien recommande davantage de lycées publics. Pour l’année scolaire 2016-2017, affirme le chercheur, 70% des lycéens étaient dans des établissements privés. Ces établissements constituent aujourd’hui, selon Dr Fad, 90 % des lycées au Mali. Or, il est connu que dans certains de ces établissements les filières scientifiques sont supprimées, soit à cause du faible taux d’élèves soit à cause du manque d’enseignants.

Aussi, dans sa présentation, le chercheur met l’accent sur une « bonne éducation de base ». Quand la base est faussée, assure-t-il, on ne peut plus rien faire. Pourtant, révèle Fad, de plus en plus d’élèves-maîtres redoutent la filière généraliste dans les Instituts de Formation des Maîtres (IFM). Ils étaient, seulement, 865 généralistes en 2014 contre 1 964 deux ans plutôt. Le chercheur recommande aussi les mesures d’incitation des filles vers les filières scientifiques. Les femmes constituent la majorité de la population alors que de plus en plus de filles redoutent les matières scientifiques.

A ces mesures, Dr Fad Seydou associe l’encouragement et le soutien aux associations et initiatives de vulgarisation et de promotion des sciences au Mali.

Mamadou TOGOLA
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