Dans le but d’édifier l’opinion nationale et internationale sur la situation sécuritaire au centre et la crise financière qui prévaut au Mali, Tièbilé Dramé a rencontré la presse. Il a accusé le régime d’être à l’origine de la poisse des Maliens. C’était le jeudi 14 février dernier à la Maison de la Presse.
«La mauvaise gouvernance reste au cœur de la crise malienne. Sans une bonne gouvernance, il est impossible de lutter avec succès contre le terrorisme qui endeuille chaque jour le Mali. Sans une bonne gouvernance, il est illusoire de stabiliser le Mali. Or, dans ce domaine, rien n’a changé au Mali depuis au moins cinq ans. Au contraire, la crise de gouvernance a atteint des proportions alarmantes. Nous avons choisi de vous entretenir, aujourd’hui, de deux crises majeures : la crise sécuritaire, notamment celle du centre du Mali et la grave crise financière qui fait planer de gros nuages sur la stabilité du Mali », a martelé Tiébilé Dramé, président du PARENA.
Le centre : la mort au quotidien…
Parlant de la situation du centre, M. Dramé dira qu’en 2018, les violences ont entraîné la mort de plus de 1800 personnes au Mali comparativement à 2017 qui avait enregistré 716 personnes tuées sur tout le territoire. Selon lui, le nombre élevé de morts en 2018 est le reflet d’une situation sécuritaire particulièrement dégradée notamment au centre et au nord-est. A l’en croire, sur les 1814 victimes de l’insécurité en 2018, 1026 ont été tuées au centre du Mali, parmi elles, 697 civils, 85 membres des forces armées et de sécurité du Mali, quatre soldats de la paix, 236 hommes armés ou présumés armés (sous cette catégorie ont été classés les membres des groupes terroristes, des milices, les chasseurs donsos et peut-être des civils présentés comme djihadistes ou terroristes).
« Au centre du pays, il faut également signaler 70 enlèvements. Les familles sont sans nouvelles des disparus comme les cas de 21 pêcheurs enlevés, le 13 décembre dernier, à Mérou (Ké-Macina) par des hommes armés non identifiés. Des six pêcheurs enlevés à Touara (Ké-Macina), seul un, Lassine Téréta, a pu s’échapper, grièvement blessé. Il a été soigné au centre de santé de Ké-Macina. En 2018, il y a eu cinq fois plus de morts au centre du Mali qu’en 2017. Il y a eu six fois plus de civils qui ont perdu la vie au centre qu’en 2017 (697 contre 114) », a laissé entendre le président du Parena. Face à cette situation qui ne laisse personne indifférent, Tièbilé Dramé accuse le régime en place.
Le Mali au bord d’un effondrement financier
En 2018, selon M. Dramé, malgré leur bonne volonté, les principaux services pourvoyeurs de recettes n’ont pas été en mesure d’atteindre les objectifs assignés. Ce qui constitue un gap de 32% pour les Impôts, 33% pour les Douanes et 71% pour les Domaines, selon les chiffres officiels communiqués aux parlementaires par le ministère des Finances.
A l’en croire, sur les 253 milliards attendus des Domaines, seuls 86 milliards ont été collectés. Ainsi la “pression fiscale” qui était de 16% est tombée en dessous de 12% faisant perdre au Mali 4 points.
Quelques exemples d’évaporation financière grossière
Selon Tiébilé Dramé, au niveau du secteur minier, les recettes fiscales sont passées de 48 milliards de francs CFA en 2016 à 8 milliards de francs CFA en 2018 alors que la production d’or n’a pas cessé d’augmenter. Par ailleurs, dans ce secteur, affirme-t-il, aucun dividende n’a été versé à l’État (pourtant actionnaire) pendant la période écoulée. « En termes de dividende, le PMU n’a pas versé un sou à l’État en 2016 et 2017. En 2014 et 2015, cette société avait versé à l’État actionnaire à 75% plus de 2,635 milliards de francs CFA. En 2016 et 2017, zéro ! 2018 : 460 millions de francs CFA alors que le chiffre d’affaires du PMU ne cesse de croître. Plus de 3 milliards et demi ont été ainsi subtilisés au détriment des Maliens », dénonce le président du PARENA.
Les 11 recommandations du PARENA
Pour le parti du bélier blanc, le régime devrait se démarquer, en parole et dans les faits, de tous les groupes armés irréguliers et illégaux ; mettre en place, de toute urgence, une commission indépendante d’enquête pour faire la lumière sur les graves violations des droits humains perpétrés au centre ; rechercher et punir tous les auteurs et complices des crimes abominables commis au centre ; enquêter sur l’origine des armes de guerre et leur circulation dans les régions de Ségou et Mopti ; démanteler les check-points illégaux installés au vu et au su des autorités locales et régionales ; mettre fin au délit de faciès ; désarmer et dissoudre les milices ; déployer dans le centre des observateurs indépendants des droits de l’homme ; organiser des patrouilles régulières FAMAS-Force MINUSMA et enfin, convoquer des assises régionales sur la restauration de la sécurité, de la stabilité et sur la bonne gouvernance au centre.