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Clin d’œil : le Mali est pourtant bien photogénique
Publié le mercredi 20 fevrier 2019  |  Le Reporter
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Communiquer c’est vendre une histoire, susciter de l’émotion, faire aimer un produit ou faire adhérer à une vision. Le Mali est un pays si coloré qu’il aurait pu à son indépendance se faire bien entourer, aduler et chouchouter. Malheureusement, nous n’avons pas cherché à créer de l’émotion à travers ce pays, nous avons véhiculé l’image des fils des fondateurs d’empires qui nous a fait conquérants, alors que nous étions dans une phase de structuration. Fils de conquérant ne fait pas immédiatement conquérant.

Le Mali à l’indépendance s’est présenté comme un peuple d’hommes forts et fiers dans un pays continental. Un tel pays n’a besoin de personne à priori, et ne veut devoir à personne. L’avions-nous fait exprès, par calcul ? Etions-nous outillés pour la posture ? Au lieu de nous présenter comme un pays central, nous nous sommes fait découvrir comme un pays sans aucune débouchée maritime, donc encerclé.

La Suisse a revendiqué sa neutralité dans tous les conflits en Europe en prônant sa centralité, donc un axe. Ce positionnement des helvétiques a fait de la Suisse la gardienne du trésor de l’Europe et une grande place financière mondiale sûre. La perception que nous créons nous privilégie, ou nous transforme en rien.

Le Mali est un pays entouré, à une journée et demie de près de cinq capitales et à deux heures d’avion de chacune de ces capitales, cela fait du Mali la meilleure place pour des hubs de tous types, le Mali est un pays hub, mais il faudrait savoir planifier cela et l’ancrer dans les esprits. A contrario, un pays continental se présente naturellement comme une entité fermée, étouffée.

Les communicants de la deuxième République ont, quant eux, véhiculé l’image d’un Mali rural et travailleur, ils n’avaient pas comme priorité de faire venir des investisseurs de l’extérieur, la promotion d’un Mali attrayant n’était pas leur premier souci. Ils croyaient plus aux réformes des entreprises d’Etat existantes pour prétendre créer des emplois.

Les dirigeants de l’ère démocratique ont plutôt misé sur la promotion du concept de l’Etat démocratique, elle créait une grande sympathie et véhiculait une image de bonne gouvernance, sans transformer automatiquement cela en investissement financier, qui a besoin d’autres initiatives. Ils ont, il faut le reconnaître, bien vendu le tourisme malien.

Quant au président Amadou Toumani Touré, il avait lui, en plus, une communication basée sur sa propre personne, il savait charmer ses partenaires et arrivait à lever des fonds. À la fin de son mandat, il avait compris qu’il fallait que le Mali même parvienne à se vendre. Les prémices d’un plan national de communication s’est fait sentir, les investisseurs et les Maliens de la diaspora ont commencé à lorgner sur le pays. Le problème sécuritaire est vite venu interrompre ce mouvement.

De prime abord, le président actuel a raté son entrée en matière de communication étatique. Il a, dans ses premières adresses en 2013, qualifié le Mali d’un pays à terre, en pleine crise, sans présenter avec vigueur un plan de réconciliation et de relance de l’économie.

Quand le président Ibrahim Boubacar Keita disait qu’il a hérité d’un pays en lambeaux, Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire avait à peu près un message qui disait, c’est vrai nous sommes tombés, mais maintenant une équipe sûre est venue, elle a un véritable plan que voilà, qui va sûrement relancer ce pays riche, vous ne devez pas rater une telle occasion pour venir y investir. Bien que le problème de la Côte d’Ivoire fût à l’époque plus grave que notre crise, les investisseurs ont cru au message, et l’économie ivoirienne a décollé. Le reste nous savons et nous voyons.

La cellule de la communication de la présidence de la République n’a pas, à présent, intégré la leçon. Le peuple et l’extérieur n’ont pas encore vu un signal bien cohérent et bien enchaîné. La communication du président, dans un pays en crise, doit entraîner le peuple ainsi que les partenaires, et dans sa forme, et dans le fond.

Nous devons entendre le Mali à travers nos experts locaux sur les plateaux des chaînes internationales. Un lobbying efficace et pour eux, et pour le Mali. La diplomatie commence là.

Aujourd’hui, la négligence va jusqu’à utiliser au niveau de la présidence une page Facebook officielle non vérifiée. Pourtant, nous sommes dans l’ère de la digitalisation et le Mali se doit d’être bien doté.

Macké DIALLO

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