La Coordination des mouvements armés (CMA) a pris la décision de « réglementer » certains secteurs de la vie à Kidal. Au nombre de ces mesures, le Cadi se trouve au centre l’appareil judiciaire. La mesure rendue publique sur les réseaux sociaux est en réalité en vigueur, depuis le 31 janvier dernier. Selon le document contenant les nouvelles dispositions, les motocyclistes et les piétons armés sans pièces justificatives seront conduits devant la justice ‘’Alqada’’ pour toutes fins utiles. Leurs motos et armes seront détruites. Cette règlementation régit un certain nombre de domaines non exhaustifs et dont les faits punissables sont ci-après cités par domaine. Il s’agit entre autres du permis de conduire non conforme à la catégorie de l’engin conduit ; l’excès de vitesse dans les agglomérations ; le chargement volumineux ; le stationnement sur la voie.
Cette batterie de mesures de la CMA n’est-elle pas l’expression de la faillite du Gouvernement sur les plans administratifs, judiciaires et sécuritaires ? C’est connu, depuis quelques années, l’État est presque absent dans cette région, dont la réappropriation a donné lieu à un long processus de dialogue et de concessions de part et d’autre par les différentes parties. L’application correcte et diligente des dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, représentait la clé en main pour le Gouvernement de réoccuper le terrain de Kidal et d’y exercer ses fonctions régaliennes.
Mais, près de 4 ans après la signature de l’Accord, les avancées sont maigres : pas d’Assemblée régionale opérationnelle ; pas de forces armées reconstituées, alors que l’insécurité est plus que jamais présente. Et comme on le dit : ‘’la nature a horreur du vide’’. Le vide laissé par l’autorité compétente est simplement comblé par les Mouvements armés qui en profitent pour révéler au grand jour leur inclination pour les jihadistes comme le prouvent certaines mesures restrictives relatives aux loisirs. Faut-il leur en tenir rigueur ? Sans leur délivrer un blanc-seing, les Mouvements signataires de Kidal n’ont fait que se plier à une loi intangible de la nature. Parce que le Gouvernement a failli dans sa ruse à traîner en longueur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Pas étonnant qu’il n’ait aucun commentaire à faire sur cette vraie-fausse évolution de la situation à Kidal, d’autant plus que, sauf hypocrisie, il est connu de tous que depuis la débâcle des FAMAS, en 2014, Kidal est sous la coupe réglée de la CMA qui s’y est substituée à l’Administration, à la Justice, à l’Armée et à la Police.