Au cours d’une conférence de presse sur les questions migratoires, le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Yaya Sangaré, a annoncé les différentes mesures des plus hautes autorités de notre pays en matière de lutte contre la migration irrégulière, notamment la traque des réseaux de passeurs en collaboration avec le département de la Sécurité, l’adoption de la Politique nationale en matière d’intégration africaine (Pniam), l’initiative de création du Centre africain de recherches et d’études sur les migrations (Carem) à Bamako…
A l’entame de ses propos, il a noté l’existence d’un guide des Maliens de l’extérieur. Selon lui, cet instrument donne les détails des informations sur les conditions de migrations légales. Ainsi, dit-il, parallèlement à cette initiative, le gouvernement a intensifié les campagnes d’information et de sensibilisation sur les risques et dangers liés à la migration irrégulière dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Gao et le district de Bamako, à travers des grandes actions de communications.
“Nous avons bénéficié d’un financement de l’Union européenne pour la mise en œuvre du projet d’information et de sensibilisation sur les risques et dangers de la migration irrégulière et la promotion de la libre circulation dans l’espace Cedeao. Ce projet interviendra dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et le district de Bamako qui constituent de fortes zones de départ pour les migrants”, a laissé entendre le ministre des Maliens de l’extérieur.
A le croire, en plus de la sensibilisation, le gouvernement poursuit sa volonté de lutte contre la migration irrégulière à travers la traque des réseaux de passeurs en collaboration avec le ministre de la Sécurité. Ainsi, une dizaine de personnes ont été arrêtées courant 2018 à Gao et à Bamako, car celles-ci étaient soupçonnées de faire partie d’une filière de migration illégale entre le Mali et les pays du Maghreb. “Mais il ressort que la lutte contre la migration irrégulière passe par une stratégie de coopération sous régionale avec les autres pays car les réseaux de passeurs se situent dans plusieurs pays. C’est dans ce cadre que le ministre chargé des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine a effectué en 2018 des missions au Sénégal, en Mauritanie, au Burkina Faso, au Niger et en Algérie en vue de conjuguer les efforts pour démanteler les réseaux de passeurs qui sévissent dans nos frontières”, a-t-il précisé.
Dans le cadre de la coopération dans le domaine de la migration, il a indiqué que le Mali a soumis à l’Union africaine l’initiative de création du Centre africain de recherches et d’études sur les migrations (Carem) à Bamako. “L’année 2018 a été une année charnière dans les discussions avec l’Union africaine pour la création et l’opérationnalisation dudit centre courant 2019. Ce centre vise à améliorer l’état des connaissances sur le phénomène migratoire à l’échelle continental. Parallèlement au niveau national, le département a introduit le projet de textes relatifs à la création de l’observatoire national de la migration (Cigem). Le dossier est bien avancé pour son adoption. Cette structure jouera un rôle de veille des dynamiques migratoires et contribuera également à améliorer les connaissances sur les migratoires en vue de mettre en place des politiques efficaces de gestions de ce phénomène”, a évoqué le ministre Sangaré.
Nécessité d’identifier les réseaux de passeurs
Par rapport à l’instauration de l’Autorisation électronique de voyage au Maroc pour le Mali, la Guinée et la RDC, il dira que dès l’annonce de la mise en place de cette autorisation, le gouvernement n’a pas perdu de temps pour comprendre. “Nous avons saisi par voie diplomatique les autorités compétentes marocaines pour mieux comprendre. Et lors de mon séjour au Maroc en décembre 2018, dans le cadre du Pacte mondial, j’ai échangé avec mon homologue marocain sur la question. Il ressort que le Maroc est victime du changement de routes des migrants pour regagner l’Europe, depuis la crise libyenne. Les autorités marocaines soulignent la nécessité d’identifier les réseaux de passeurs qui ont fait du Maroc un véritable passage vers l’Europe. Nous poursuivons le dialogue avec le Maroc sur ce dossier. Nous rappelons que la gestion des frontières relève de la souveraineté nationale”, a-t-il laissé entendre.
Pour le conférencier, parallèlement à la gestion de la Diaspora malienne et poursuivant, sans relâche, son engagement pour l’intégration africaine conformément à la vision des pères de l’indépendance, le gouvernement malien a adopté la Politique nationale en matière d’intégration africaine (Pniam) et son plan d’action 2018-2020. “Cette politique vise globalement la création d’un ensemble sous régional homogène et cohérent en vue de la réalisation de l’unité africaine. Et sa vision est celle d’une Afrique sans frontière, politiquement unie, formant un seul et unique corps économique et social et où les citoyens libres et solidaires circulent librement, échangent et agissent de concert pour le bonheur et la prospérité du continent africain”, a-t-il conclu.