Entre le Chérif de Nioro et le régime du président IBK, plus que le divorce, c’est désormais la guerre ouverte. Après de longs mois, voire des années d’invectives et d’escalade verbale, le guide spirituel des hamallistes semble opter pour le terrain politique afin de solder ses comptes avec celui qu’il avait adopté et qu’il appelait affectueusement « Ibrahim » et qu’il considérait hier comme « son fils » et le meilleur parmi les hommes politiques du pays.
Toutefois, en dépit de ses attaques véhémentes et de son appel au vote sanction contre lui lors de la dernière présidentielle, le président IBK s’est jusqu’ici abstenu de répondre publiquement au Chef de Nioro pour lequel il voue encore un respect à la limite de la dévotion. La seule déclaration publique d’IBK sur le sujet a été faite lors de son meeting du 15 juillet dans la capitale des rails au cours duquel, il a dit : « À Kayes, mon premier père, c’est Cheick Mohamed Ould M’Bouillé Haïdara, le chérif de Nioro. Il est mon père hier, il est mon père aujourd’hui et il restera mon père demain. Je l’ai aimé du fond de mon cœur, par amour et rien n’entamera ça »
qu’est-ce que le Chérif de Nioro reproche donc au président IBK ? Quelles sont les raisons profondes du divorce entre les deux hommes ? Des relations entre les deux hommes, beaucoup de récits et légendes urbaines circulent, des faits et propos ont été rapportés. Des plus vraisemblables aux plus plausibles.
Un coup d’œil dans le rétroviseur
Avril 2002, le président Alpha achève son second mandat à la tête du pays. Pour sa succession, Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK, ancien Premier ministre d’Alpha et leader du RPM qu’il vient de fonder est grandissime favori du scrutin d’avril avec le général à la retraite Amadou Toumani Touré et Soumaila Cissé.
L’ancien Premier ministre est connu pour être dans les bonnes grâces du Saint du Sahel. Aussi, choisit-il de commencer sa campagne par Nioro du Sahel. Il est accueilli par le Chérif comme un fils en faveur en la faveur duquel il dira : « si je pouvais faire la politique, j’appellerai à voter pour lui. Le message passe de Zawiya en Zawiya : c’est IBK qu’il faut soutenir.
À la suite de la « manipulation frauduleuse des résultats chiffrés du vote », le candidat officieux du Chérif de Nioro est éliminé au 1er tour. Le général ATT règne sur le Mali pendant 10 ans qui se solde hélas par l’effondrement du pays suite à une crise territoriale, sécuritaire et institutionnelle. ATT est renversé par un coup d’État à un mois de la présidentielle. Tandis que le candidat IBK condamne vertement le coup d’État et appelle à la restauration de la démocratie, le Guide spirituel des Hamallistes, prend ouvertement position pour la junte de Kati qui ne fera pas long feu.
Selon un article de notre confrère l’Enquête intitulé : « Coup de tonnerre a Koulouba : IBK perd les soutiens du Cherif de Nioro et de Mahamoud Dicko… » paru en janvier 2018.
En 2013, lors d’une rencontre privée à son domicile de l’Hippodrome avec certains leaders religieux et des mouvements de la société civile venus le solliciter pour soutenir la candidature d’IBK, il confie n’avoir pas confiance au candidat du RPM : « Je n’ai pas confiance en Ibrahim, mais si vous pensez qu’il est l’homme de la situation pour réunifier le pays, restaurer l’autorité de l’État et mettre de l’ordre, on va l’aider. Sinon, je vous préviens qu’IBK m’a trahi en 2012… »
À la présidentielle de 2013, Mohamédoun Ould Cheick Hamahoullah, plus connu sous le nom de Bouyé Haïdara, en accord avec les autres leaders musulmans, appelle à voter ouvertement pour son fils, Ibrahim et mobilise ses moyens humains et financiers, à travers Sabati 2012.
Pour une première dans l’histoire de la démocratie malienne, l’affaire fait grand bruit. Les adversaires d’IBK en font des gorges chaudes pour tenter de le discréditer en le faisant passer pour le candidat des islamistes et des putschistes. Le président IBK est élu haut la main avec près de 78%.
Quel a été l’apport des religieux et des politiques dans cette victoire ? En l’absence d’évaluation cartésienne, chaque composante pouvait estimer qu’elle est à la base de la victoire. Comme Sabati 2012, le Chérif a-t-il pu aussi penser qu’IBK a été élu grâce à lui ? A-t-il voulu imposer à IBK, après la victoire, un banquier comme Premier ministre en lieu et place de Oumar Tatam Ly ?
Selon notre confrère de l’Enquête, qui le suggère dans un article intitulé « Coup de tonnerre a Koulouba : IBK perd les soutiens du Cherif de Nioro et de Mahamoud Dicko… », paru en janvier 2018, Bouyé n’a pas du tout apprécié le retour en force dans le premier gouvernement des hommes proches des anciens présidents ATT et Alpha O. Konaré avec lesquels il n’avait pas de sympathies visibles. La volée de bois vert de Sabati à la suite de la mise en place du premier gouvernement devrait-elle être comprise dans ce sens ?
L’arrestation du chef de la junte, le 27 novembre 2013, devenu le protégé du Chérif de Nioro va-t-il impacter les rapports entre ce dernier et le nouveau pouvoir, dont le leitmotiv est désormais : ‘’Kati ne fera plus peur à Bamako’’ ? Au point que le chef religieux s’estime trahi par le nouveau chef de l’État comme le rapport la presse ?
Comme Sabati 2012, le puissant Chérif de Nioro s’attendait-il à être consulté par Koulouba sur les affaires publiques ?
La première divergence d’envergure apparaît entre le dignitaire religieux et le nouveau régime lors des législatives de 2014. Tandis que le parti du président élu (le Rpm) table sur une majorité confortable à la chambre, le Chérif de Nioro demande à son allié de faire du portage pour ses proches, candidats à la députation. IBK et son parti ne peuvent faire face à toutes les exigences législatives du Chérif de Nioro qui finalement décide de soutenir, selon un confrère, lui-même, candidats rejetés par le RPM, mais qui, présentés en indépendants ou sur d’autres listes de partis notamment ADP-Maliba.
Résultats : tandis que le Rpm frôle la majorité absolue, c’est la portion congrue pour les listes du chef religieux qui accusent publiquement la Cour constitutionnelle d’avoir retoqué les résultats en défaveur de ses poulains.
Cheick Bouyé étale sa révolte sur la place publique.
Dans son prêche à l’occasion de la commémoration du Maouloud, lundi 20 janvier 2014, célébré en présence des ministres, dont celui du Culte et plusieurs hautes personnalités, le Chérif de Nioro, est très amer contre son allié de président : « nous n’avons pas eu droit au changement que nous attendions. Rien n’a changé, depuis l’élection présidentielle. Au contraire, les ténors de l’ordre ancien restent en place ou refont surface alors que les partisans du changement sont jetés en prison ou exclus des affaires publiques ! ».
Bouyé fustige les résultats proclamés par la Cour Constitutionnelle qui, selon lui, « ne reflètent pas la vérité des urnes ». Le Guide spirituel des Hamallistes se demande comment IBK a pu laisser les juges à leur guise les suffrages des Maliens : « ce n’est pas parce qu’un parti est au pouvoir qu’il doit bénéficier de toutes les faveurs au détriment des autres Maliens. Si le RPM n’arrête pas d’être injuste envers les Maliens, je le combattrai plus fermement que je n’ai combattu l’ancien régime ! Je n’ai pas combattu ATT par simple détestation, mais parce qu’il se montrait injuste envers le peuple !… Le RPM doit se rendre compte que c’est le peule qui a offert le pouvoir à IBK et non le RPM, même si, en retour, IBK a donné le pouvoir au RPM ».
Cette sortie musclée du chef religieux contre le régime intervient, il faut aussi le rappeler, trois jours seulement après l’arrestation et le passage à tabac, le vendredi 17 janvier 2014, d’un de ses fils, Mecheoud Haidara par des gendarmes au poste de péage de Diéma. Fils qui est par ailleurs président de l’Association « Tidianiya Hamawiya » du Mali et qui avait dirigé une campagne présidentielle à Sikasso et à Nara en faveur du candidat IBK. L’amertume du Chérif de Nioro est d’autant plus compréhensible que les auteurs de cette humiliante bavure n’ont jamais été sanctionnés.
Beaucoup de récits non confirmés
Après l’épisode de son fils, un autre de ses beaux-frères aurait été arrêté et séquestré des mois durant avant d’être libéré. Bouyé aurait aussi reproché à IBK d’avoir déballé le tapis rouge pour ATT tandis qu’il maintient injustement Amadou Haya Sango en prison. A-t-il reproché au régime de ne pas l’avoir bien accueilli à son retour du Maroc où il avait été évacué en juillet et où il a séjourné durant plusieurs mois ?
Pour beaucoup de fidèles, il s’agit de simples conjectures et de rumeurs sans aucun fondement. Toujours est-il que les rapports entre le saint homme et le président IBK connaissent à partir de ce retour du royaume chérifien une période glaciation irréversible.
Certains confrères ont mis en avant pour expliquer ce froid sibérien entre les deux hommes par le fait que le Chérif des Chérifs reprocherait à IBK d’avoir plus d’égards et d’attention pour les chrétiens que les musulmans par exemple lors de la nomination de jean Zerbo comme Cardinal ou des funérailles de Mgr Georges Fongoro, Archevêque de Mopti. Par contre lors du décès de l’Imam de la sainte mosquée de Djenné, l’Etat et ses représentants se seraient brillé par leur absence.
D’autres ont aussi avancé des amertumes quant au sort fait à certains de ses protégés sous le régime d’IBK (Alou Diallo, Diadié Bah, Abdoulaye Daffé, Youba Bah…), mais le Chérif de Nioro a toujours rappelé qu’il n’avait pas soutenu IBK en 2013 pour en recevoir quelque chose en retour.
« L’argent que j’ai mobilisé et investi pour la campagne d’IBK, moi Bouyé, je n’en ai jamais autant économisé de toute ma vie pour moi-même », avait-il lancé un jour.
Alors, si ce n’est pas des questions de personne qu’est-ce qui explique alors objectivement la brouille ?
Le Chef religieux a donné, le 20 janvier 2014, des pistes de réponse. Pour lui, « non seulement IBK, considéré comme le sauveur, n’a pas pu résoudre la crise au nord du pays, mais au contraire, il nargue ses soutiens de Kati et les oulémas du pays » croit savoir notre confrère de l’Enquêteur qui rapporte que dès lors « le Cherif de Nioro a informé le Président du HCI, Mahmoud Dicko, qu’il ne renouvellerait pas son soutien au pouvoir en place et préférerait rester dans son coin et sans rien attendre d’IBK. Pour preuve, à deux reprises, il refuse les cadeaux d’IBK » qu’il accuse de « manque de respect » et de considération à son égard.
Lors de la fête du « Maouloud » 2017, refusant les cadeaux du pouvoir, le Chérif de Nioro aurait déclaré publiquement avoir été trahi par IBK et a promis des représailles. Et comme si le président IBK s’en moquait, il nomme Boubèye, le 30 décembre Premier ministre, chef du gouvernement. Or, selon plusieurs fidèles, parmi les conseils de Bouyé à IBK, il y avait, en bonne place, la mise en quarantaine de Boubèye. Ce que le Chérif de Nioro confirmera plus tard.
Suite à la nomination de Boubèye comme Premier ministre, rapportent certains confrères, notamment de l’Enquêteur, le Cherif de Nioro a convoqué l’Imam Mahamoud Dicko, non moins président du Haut Conseil Islamique du Mali, chez lui, pour lui faire part de sa grande déception de la méthode de gouvernance d’IBK et du mépris que celui-ci a pour lui et pour les religieux. Selon le guide religieux, ils ont choisi IBK en 2013 sans contrepartie aucune : l’objectif pour tous étant le chérif, le constat est plus qu’alarmant. De Kidal, la crise s’est transportée jusqu’à Macina voire à Nara et l’autorité de l’État s’est irrémédiablement effritée sous le règne d’IBK.
Quelques jours plus tard, à la tête d’une forte délégation, composée de président d’institutions, de chefs religieux, de notabilités, de ministres et de députés, le président IBK s’est rendu, ce 25 janvier 2018, à Nioro du Sahel pour présenter ses condoléances au Chérif de Nioro suite au décès d’une de ses épouses, Hadj Mint Moulaye Idriss -paix à son âme.
Le président IBK, très touché par cette triste nouvelle, qui le touche directement du fait de son amitié de longue date et du symbole que représente le Chérif de Nioro a tenu à faire le déplacement pour lui présenter ses condoléances les plus attristées.
Le chérif de Nioro a été très touché par cet acte de fraternité du président IBK et l’a fait savoir à la délégation qui l’accompagnait. L’occasion fut propice pour lui de faire savoir à la délégation que son soutien au président IBK, lors des dernières échéances électorales, était en harmonie avec les pratiques des compagnons du prophète Muhammad PSL. Mieux, il n’avait pas de raison de dissimuler ce soutien, puisse que les compagnons du prophète ne cachaient pas leur implication dans la gestion de leur société.
Selon les confrères qui rapportent la visite, le Chérif dit suivre, comme son père, les traces du Prophète Mohamed (paix et salut sur lui), lequel, en plus de sa dimension prophétique, était un homme d’État qui avait pour mission de bâtir un califat musulman. D’où, sa mission politique. Cependant, poursuit le Chérif, toutes les décisions du Prophète (psl) étaient rendues publiques. « Voilà pourquoi, en 2013, j’ai décidé publiquement d’apporter mon soutien à IBK et j’ai appelé les musulmans à voter pour lui. Si vous voulez savoir le candidat que je soutiendrai en 2018, je vous demande de patienter. Si je dois soutenir un candidat, je le ferai publiquement comme je l’ai fait en 2018 », confie Bouyé à ses interlocuteurs. En ce qui concerne les bénédictions pour le pays, le chef Hamalliste exhorte : « Je demande à toutes les personnes présentes d’associer leurs prières aux miennes pour que le Mali ait un président qui réponde aux aspirations du peuple malien ».
Contrairement à la date officielle retenue, la forte communauté d’Hamallistes de Nioro du Sahel a célébré, vendredi 15 juin 2018, la fête de l’Eid fitr. Occasion pour le guide spirituel, le Cherif Bouyé Haïdara, de revenir sur ses divergences avec le régime. Il a expliqué qu’IBK est venu le voir après son élection en 2013. Au cours de cet entretien, il l’avait conseillé de ne pas nommer Soumeilou Boubeye Maïga dans aucun de ses gouvernements. IBK n’a pas tenu cette promesse, car il a nommé Maiga comme ministre de la Défense puis Premier ministre.
Aussi, pour la prochaine présidentielle, il annonce qu’il choisira un candidat sur la base de critères qui seront bientôt rendus publics avant de préciser qu’il combattrait IBK au cours de cette élection. La suite est connue : le Chérif de Nioro tient parole et appelle à voter au premier tour pour Alou Boubacar Diallo, et au second tour pour Soumaïla Cissé.
Le président IBK est réélu. Son challenger conteste les résultats. Bouyé Haïdara prend clairement position pour son candidat de substitution dans la contestation. Lors de son prêche hebdomadaire du vendredi 24 août 2018, il explique :
« A travers cette élection, je comprends mieux ce que Karim m’a dit lors de sa visite à mon chevet au Maroc. Il a dit ce jour que la santé de son père était très fragile. Obligation lui est donc faite à lui, de s’impliquer dans la gestion du pouvoir. Le père étant aujourd’hui malade, il [Karim Keïta] se bat en vue de parachever ses œuvres le jour où il serait incapable de gouverner. C’est ce qu’il a dit ce jour-là. Aussi, il a précisé qu’on ne peut pas préparer le second mandat sans pour autant économiser beaucoup d’argent. Ce sont ces propos qu’il (Karim Keita) a tenus ce jour-là. Ceci explique les cas de fraudes et autres irrégularités lors du scrutin présidentiel. Je le savais depuis fort longtemps !
Pour être bref, je suis convaincu et je dispose de preuves attestant que la victoire d’IBK ne fera pas avancer le Mali. Il se peut que des présidents aient fait des choses qui ne sont pas bonnes. Rares même sont ceux qui n’ont pas commis d’erreurs, mais aucun président au Mali n’en a fait autant qu’IBK. Le fait de prendre le pouvoir et de le confier à sa femme et son fils pour qu’ils en fassent ce qu’ils veulent, nous ne l’avons vu qu’avec lui, IBK. Nous n’avons jamais vu cela au Mali. Ni avec Modibo, Moussa, Alpha ni avec ATT !
Certes, certains enfants de chefs d’Etat ont été impliqués, mais à un niveau insignifiant, contrairement à la femme et aux enfants d’IBK qui gèrent quasiment tout dans le pays.
Le nom du fils revient partout, sur tous les sujets. C’est pourquoi je suis contre ce pouvoir ; contre cette manière de diriger. Tous mes disciples sont aussi contre ce pouvoir. Et nous serons ensemble pour ce combat avec tous ceux qui seront contre ce pouvoir.
Mais je ne combats pas ce pouvoir par la violence et ne je ne suis pas prêt à collaborer dans ce sens. Nous n’avons aucun moyen d’empêcher les abus de pouvoir dont nous pourrions être victimes, mais nous n’allons jamais casser les biens de ce pays ni agir par la violence qui pourrait faire régresser ce pays. La raison : ils [ceux qui sont aux affaires] sont venus hier, ils partiront demain, mais le Mali demeurera. D’autres avant eux sont passés. Et après leur départ, le pays reviendra à tous les fils de ce pays. Ce pouvoir n’est rien sans le peuple malien. C’est le peuple qui l’a élu. C’est pourquoi je dis que le pouvoir passe, mais le peuple reste.
Parlant de la gestion du pays, il y a eu beaucoup de gaspillages à cause de la mauvaise gestion. Je suis et resterai contre ce pouvoir. Je lance un appel aux porteurs d’uniformes du Mali (militaires, la garde nationale, la police, la gendarmerie). Sachez que vous êtes agents du Mali ; vous n’êtes ni au service de Modibo, de Moussa, d’Alpha, d’ATT et encore moins d’IBK. Votre pays est le Mali et c’est ce que vous devez défendre. Vous travaillez pour la sécurité et le développement du Mali. Vous ne devez pas accepter de procéder à la violence contre votre peuple au nom d’un président. Vous ne devez pas faire cela !
De nos jours, des présidents font des menaces ! Je tiens à préciser cela. Beaucoup le savent et l’admettent. Mais des incrédules se refusant à croire jusqu’à l’unicité de Dieu, ne croiront jamais !
Ce que je vais dire, c’est que le candidat qui a été au 2ème tour, Soumaïla Cissé dit qu’il a gagné cette élection et que sa victoire lui a été volée. Le pouvoir (IBK) a aussi dit qu’il a gagné, cela n’est pas mon problème. Mais celui dont la victoire a été volée bénéficiera de mon soutien. S’il (le camp de Soumaïla Cissé) dit qu’il a été volé, je le crois parce que les Maliens sont dérangés et leurs droits sont violés. Mais si eux (les gouvernants) disent qu’ils ont gagné, je ne peux rien dire, car ils disposent de tous les moyens et ce sont eux qui proclament les résultats. Moi je ne sais pas.
Mais demain [samedi 25 août], on va marcher partout, à travers le pays, Inch’Allah ! L’objectif de la marche est de protester contre la fraude électorale. Le peuple dira que le pouvoir lui appartient. Je précise : nous sommes contre ce pouvoir ; nous voulons qu’il parte ! Mais notre marche est pacifique et dans le respect des lois qui nous l’autorisent ; sans jet de cailloux ni aucune autre forme de violence. La raison de ma participation : ce pouvoir a échoué ! C’est un pouvoir qui viole les droits des faibles. J’ai dit cela ici à Nioro et je le ferai ici à Bamako. Nous allons nous joindre aux organisateurs pour marcher pacifiquement. Je lance un appel à tous ceux qui partagent notre démarche pacifique de nous rejoindre… ».
Comme son second candidat, il rejette les résultats et appelle ses partisans à prendre part aux manifestations de l’Opposition. C’est alors qu’éclate ce qu’on a appelé l’affaire du blocus de Nioro du Sahel suite au blocage des camions du Chérif par la Douane. Qu’en pense le chef religieux ?
Dans une interview accordée aux médias et diffusée sur RFM, Bouyé Haïdara accuse : « En ce qui concerne la fermeture récente de mes magasins, la population de Nioro avait envisagé de marcher. Mais je leur ai fait comprendre que si ça ne tenait qu’à moi, elle n’allait pas manifester pour cette cause. Cette fermeture ne gâche absolument rien, attendons qu’IBK me touche au cœur, c’est en ce moment qu’il saura qui je suis. Ça fait justement 14 ans que Nioro est abandonné par le gouvernement, mais c’est grâce à moi qu’aujourd’hui qu’il existe un ouf de soulagement dans cette zone. Je viens en aide aux fonctionnaires de l’État dont les salaires tombent en retard. Cela était pareil pour les douaniers. Des raisons non fondées ont été avancées pour expliquer cette fermeture de mes magasins. On dit que je ne suis pas dans les normes. Si c’était cela, pourquoi ne les ont-ils pas fermés bien avant aujourd’hui ? Ce problème de mes magasins n’est rien d’autre qu’une manigance de cette famille d’IBK, mais je ne vais pas agir pour cela, parce que ça ne gâche rien chez moi…
Je n’avais jamais imaginé qu’IBK allait s’en prendre à moi après tout ce qu’il m’a dit dans le temps et tout ce qui s’est passé entre nous. Je sais quand même que sa famille cherche à me nuire, mais que sa personne s’en prenne à moi, cela me surprend. Mais si telle est son intention, il me trouvera prêt devant lui. Dans cette guerre, ce n’est pas moi qui aurais des remords. »
À la question, « En tant que musulman, IBK est-il votre président ? », le guide spirituel des Hamallistes réponds sans détour : « Selon la loi islamique, IBK n’est pas mon président. Quant à la loi constitutionnelle, je ne m’y connais point. »
Après l’essoufflement de l’Opposition, le Chérif de Nioro se rallie à Mahmoud Dicko dans sa croisade contre le régime suite à l’affaire des manuels scolaires diaboliques.
Annoncé comme invité vedette au meeting du 10 février dernier, il n’a pu faire le déplacement, mais ses émissaires relayent son message : il faut que Boubèye dégage. Pour quelles raisons ? « Quand IBK venait au pouvoir, lui Bouyé, lui a conseillé de ne jamais nommer Boubèye comme Premier ministre, ni ministre de l’Intérieur, et ni ministre des Finances », expliquent les porte-paroles du Chérif qui ajoutent : « IBK doit sauver son pays, se sauver lui-même et sa famille en faisant démettre le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, s’il fait ça, lui Bouyé n’aura plus de problème avec le président IBK. Si le président entend ce qu’il dit, tant mieux et s’il n’entend pas aussi, le jour qu’ils vont se lever, il n’aura plus de solution ».
Profitant de la Tribune d’une assise de la majorité présidentielle, SBM répond : « Je voudrais dire que nous ne devrions pas perdre de vue que nous sommes dans une démocratie où le jeu se mène. Il se mène quelques fois de manière malicieuse et maligne (si je peux dire). Parce que tout le monde voit bien que je l’ai dit au moment de l’EID. Il y a des gens que chaque fois qu’ils sont vaincus sur un théâtre change de scène, mais toujours avec le même objectif. Comme vous tous, j’ai vu la théâtralisation assez lisible par rapport à l’appui que le Gouvernement s’est fait le devoir d’apporter à l’organisation d’une prière destinée normalement à appeler à la paix et à la réconciliation. Franchement, on n’a rien vu de Fondamentalement bizarre. C’est dire que l’État a toujours soutenu toute initiative de citoyens qui disent agir pour la paix. Donc, quand l’État a été informé que le Haut conseil voulait organiser une journée de prière pour la paix et la cohésion, bien sûr, nous avons fait ce qu’il fallait faire. Quand il nous est apparu que ce n’était pas une initiative unitaire, tout en maintenant le principe de l’appui, nous avons revu le niveau de l’appui. Parce que même quand c’est des individus, nous les appuyons. Même quand c’est pour des objectifs strictement personnels. Maintenant, le reste, franchement, on n’est pas plus impressionné que ça. Comme je l’ai dit souvent, nous avons à faire à des acteurs hybrides qui poursuivent le même objectif politique, sous différentes facettes. Mais, c’est le même objectif politique. Donc, nous nous devons de rester extrêmement vigilants par rapport à cela, et nous convaincre que si nos adversaires étaient aussi forts, nous ne saurions pas ici. Tous ceux qui s’agitent là sont des gens qui ont voté et fait voter contre nous. Qui agissent et continuent d’agir contre nous. Et qui pensent trouver des (inepties) sur des passages pour continuer de nous affaiblir. Bon, nous continuerons de faire face. Nous restons mobilisés, vigilants et déminés à faire face à tout ce qui peut éventuellement nous empêcher d’avancer », a déclaré le Chef du Gouvernement.
Dernier épisode de la guerre ouverte, depuis 2017 par le Chérif de Nioro contre le régime, vendredi dernier. Cheick Bouyé Haïdara en profite pour clarifier sa position et réitérer son exigence quant départ de Boubèye dans une adresse directe au président IBK : « Il ne sied pas de faire des choses au détriment de sa population et de ses citoyens…
Lorsqu’il (IBK) dit qu’il n’est pas au courant [du sujet relatif à l’enseignement de la l’homosexualité], c’est évidemment faux !
IBK, ne privilégie pas ta propre personne au détriment de ta population sans laquelle tu n’aurais été d’ailleurs président. Il n’est pas bon d’œuvrer pour soi-même au grand dam de tes populations…
Tu as déjà limogé 4 Premiers ministres et tu as été limogé toi-même, lorsque tu étais Premier ministre. Où est donc le mal ? Enlève donc ce PM !
Je t’ai déjà fait parvenir le même message. Et c’est la troisième fois ! Je ne me répéterais plus après cela. Ceci n’est ni une menace ni un ultimatum. Et il n’y a aucun sens caché ! C’est un principe ! Ces conseils émanent de quelqu’un qui aspire au bonheur et à l’intérêt de toute la nation… Je m’adresse à IBK : le pouvoir absolu appartient à Allah.
Nous ne répondrons pas à Boubeye qui prétend que si nous étions forts, lui ne serait pas à ce poste… ! Je signale que tant que j’étais avec Ibrim ([IBK], lui n’allait pas été nommé Premier ministre. C’est maintenant que je ne suis plus avec lui [IBK] qu’il a été nommé… », rapporte notre confrère de La Sentinelle.