L’affaire fait grand bruit surtout avec la démission de l’ex-Directeur général de l’ENA suite au récent concours avec des appréhensions de corruption. L’Association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière (AMLCDF) vient de saisir le Bureau du Vérificateur Général pour des enquêtes en vue d’édifier l’opinion.
Par une correspondance en date du 18 février 2019, dont nous avons eu copie, le Bureau exécutif de l’association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière (AMLCDF) a saisi le Bureau du Vérificateur général pour « requêtes aux fins d’enquête sur l’affaire de la démission du DG de l’ENA ».
Pour le président de l’AMLCDF, Moussa Ousmane Touré et les membres du bureau exécutif de cette association anti-corruption, appuyé par certains cadres de l’administration, il y a lieu d’enquêter sur les actes et fait ayant conduit à la démission du DG de l’ENA suite au récent concours de cet établissement public. « En vous transmettant ci-joint, en annexe….nous avons l’honneur de vous demander de bien vouloir conduire une enquête sur cette affaire qui défraie la chronique », lit-on dans cette correspondance avec ampliations à la primature, au ministère de la Justice, au ministère de l’Emploi et de la jeunesse et au ministère de la réforme administrative et de la transparence de la vie publique.
Il faut préciser que la démission du DG de l’ENA avait été qualifiée de non-événement, le démissionnaire étant, selon certaines sources, sur le point de « publier un résultat non sincère » du concours. Ce que l’intéressé a démenti déclarant qu’il lui tenait à cœur de « préserver la crédibilité de l’ENA. Organiser un concours, pour moi c’est comme rendre un jugement », dira-t-il…
Rappelons qu’au Mali, selon les rapports annuels du BVG, ce sont les structures publiques qui ploient le plus sous le coup de la corruption. Et l’on assiste à toutes les formes pernicieuses de dilapidation des ressources publiques, conduisant récemment le président du patronat malien, Mamadou Sinsy Coulibaly, à dénoncer cette tendance à la corruption, au risque, disait-il, de voir nos pays s’enfoncer dans les ténèbres de la misère, du sous-emploi et de l’insécurité. « Nous allons user de tous nos droits légaux pour mettre en déroute les fossoyeurs de notre économie », a martelé le président du CNPM. Et le patron des patrons de souligner que « le plus grand frein de l’investissement au Mali n’est pas l’insécurité, mais la corruption entreprise, à nous arnaquer, à nous mettre le bâton dans les roues, à mettre en péril nos investissements, à détruire systématiquement des emplois créés par le secteur privé ».
Côté société civile, le constat est tout aussi amer. En exemple, le président de CRI 2002, Dr Abdoulaye Sall, relève que « sous la première République, le Malien avait honte et peur de voler; sous la deuxième République, le Malien n’avait pas honte, mais avait peur de voler ; sous la troisième République, le Malien n’a ni honte ni peur de voler ». Comme pour dénoncer l’impunité qui a encouragé le phénomène à prendre de l’ampleur.
Précisons enfin que l’AMLCDF est une association, dont le siège est à Baco-Djicoroni en commune V du district de Bamako et est composée de chercheurs, d’enseignants et d’entrepreneurs qui se battent discrètement sur le terrain de la lutte contre la corruption. Aux dernières nouvelles, l’association vient de saisir aussi le pôle économique et financier sur ce dossier de l’ENA. Nous y reviendrons.