Plaidoyer pour la tenue des états généraux du Franc CFA, dont la date sera fixée très bientôt, après la mise en place des comités nationaux pour dénoncer cette monnaie de domination et d’exploitation. Telle ‘est l’une des décisions majeures prise par le récent forum de Bamako consacré à la problématique migratoire et de la monnaie
Le forum pour un autre Mali (FORAM) a tenu une conférence-débats sur «les Migrances et la nécessité des Etats généraux du FCFA» le samedi 16 février au mémorial Modibo Keita. Cette conférence animée par Mme Aminata Dramane Traoré, écrivaine et ancienne ministre de la Culture, a enregistré la présence des représentants des pays voisins, tels le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Cameroun et la Tunisie.
Les thèmes de cette conférence-débats ont porté, entre autres, sur ’’les migrations africaines : une vision globale decoloniale’’, ‘’l’Europe des paradoxes et des impasses :UE/ACP,PAS, APE ,FCFA’’, ‘’les déterminants politiques et géopolitiques des départs, migrations et lignes de fractures’’, ‘’principes et valeurs pour un changement de paradigme monétaire, l’insoutenabilité du FCFA’’….
Selon Mme Aminata Dramane Traoré, le choix du Mali pour abriter cette rencontre n’est pas fortuit. C’est le pays de Modibo Keita qui a fait de la question monétaire, l’une des exigences de l’indépendance de notre pays. « Ce pays est emblématique; il l’est également à propos de la migration » a confié Mme Traoré.
Pour elle, la question migratoire est d’abord un déni de démocratie à tous les niveaux. Occasion pour elle d’affirmer que la crise migratoire est le premier baromètre qui montre que la mondialisation a échoué. Cela en raison du fait qu’on a mis en œuvre des politiques dites de développement économique qui n’ont pas développé les pays et qui ne peuvent jamais les développer.
«Le peuple Afrique, plus particulièrement les femmes et les jeune doivent comprendre, savoir aller voir une nouvelle culture de la citoyenneté et une nouvelle culture politique qui nous permettent d’embrasser les grandes questions du monde » estime-t-elle.
Martial Ze Belinga, Camerounais, économiste, sociologue de formation, co-auteur de l’ouvrage ‘’Sortir l’Afrique de la servitude monétaire que profile le FCFA’’, dira, pour sa part, que la question migratoire est aujourd’hui une question installée dans le paysage et gouvernance mondiale et qui traverse la société africaine. «Nous ne pouvons pas accepter qu’une partie de notre jeunesse perde totalement espoir au point de s’en remettre à la sentence du hasard, à la sentence du désert et des mers». Donc, pour lui, l’immigration africaine est aussi un produit des politiques globales du monde, en grande partie racistes et de prédation (financement des terroristes en Libye, accaparement des terres et des guerres).
Pour l’ivoirien Mamadou Koulibaly, économiste universitaire, homme politique de Côte d’Ivoire, on peut réellement sortir du FCFA. « Ce n’est pas la population ni les économistes, mais ce sont les chefs d’Etats qui peuvent dénoncer les accords » a-t-il martelé.