Malgré la présence du président de la République du Mali en tant que coordonnateur de l’Union africaine pour les arts, la culture et le patrimoine et la programmation, en marge du Fespaco, de la « Nuit du Mali », les cinéastes maliens qui défendent les couleurs du Mali vivent un « véritable calvaire ». Non soutenus par le ministère de la Culture, ils ont effectué le voyage sur Ouaga dans des conditions exécrables.
Le samedi 23 février 2019, la 26e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) a été lancée sur le thème : « Mémoire et avenir des cinémas africains ». Cette édition, pour sa cinquantième édition, enregistre une forte présence du Mali.
Le Mali y est à travers sept films dans différentes catégories. Pour le long-métrage, il y a « Barkomo » ou la grotte d’Aboubacar Bablé Draba et de Boukary Ombotimbé en lice pour l’étalon du Yennenga, le grand prix du Festival. « Oumou, un destin arraché » de Gaoussou Tangara concourt dans la catégorie des courts-métrages tandis que « Dawa, l’appel à Dieu » de Malick Konaté, « Jamu Duman » (Quel valeureux nom as-tu ?) de Salif Traoré. Dans la catégorie des séries télévisées, notre pays présente « La langue et les dents » de Boubacar Sidibé, etc.
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Ces cinéastes, selon nos informations, censés défendre les couleurs de toute la nation, ont effectué le voyage dans des conditions pénibles. Malgré l’annonce, depuis plus d’un mois, de leur participation à ce grand rendez-vous, ils n’ont bénéficié d’aucun appui du département de tutelle. Moins de vingt-quatre heures avant leur départ, ils ont été reçus par la ministre de la Culture, Ndiaye Ramatoulaye Diallo puis, le même jour, par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga.
Les « touristes » mieux traités que les cinéastes
Dans un communiqué publié à l’issue de cette audience, le chef du gouvernement a exprimé le soutien et les encouragements du président de la République et du gouvernement aux artistes qui représentent notre pays à ce festival. En outre, précisera le communiqué, il a assuré ses interlocuteurs quant à la volonté de l’Etat de continuer à promouvoir la culture « qui est un levier clé dans la promotion de la paix et de la cohésion sociale ».
Mais à travers quoi ? « Un simple accompagnement moral », s’insurge aujourd’hui Malick Konaté, réalisateur du film documentaire « Dawa ». Bizarrement, plus de la moitié des réalisateurs dont les films sont en compétition n’ont rien reçu aucune aide de l’Etat alors qu’une délégation fleuve de plus de 60 personnes est présentement à Ouaga aux frais du contribuable malien.
Et de faire cette révélation : « L’Etat, à travers le CNCM, a débloqué 15 millions de F CFA pour n’amener que des figurants, car les réalisateurs retenus et invités par le Fespaco sont à leurs propres charges. Excepté leur billet d’avion aller-retour et leur hébergement, ils font tous à leur propres charges. La ministre est sur place, mais ne les a pas encore rencontrés ».
« Ils sont comme des touristes là-bas car ils ne servent à rien », s’indigne un cinéaste malien sous couvert de l’anonymat. Très remontré contre l’attitude de Mme la ministre de la Culture « qui ne fait rien pour les jeunes réalisateurs ayant obtenu leur ticket pour représenter le pays à cette compétition continentale ».
« Nous sommes certes pris en charge par les organisateurs, mais cela est insuffisant. Pour preuve, nous avons fait plus de 20 h d’escale à l’aéroport de Casa sans avoir la possibilité de sortir pour nous promener ou nous reposer à cause de l’AEVM. Le bon sens aurait voulu que nos autorités traduisent en réalité leur soutien à la culture en accompagnant ces réalisateurs », explique le cinéaste.