Déboussolés par les frappes des forces française et malienne au Nord et au Centre du Mali, les groupes terroristes répliquent à Koulikoro et à Siby, à quelques kilomètres de Bamako, au Sud du pays. Mais sans grand succès.
En l’espace d’un an, trois grandes figures du groupe terroriste JNIM (Jamaât Nosrat al-Islam wal-Mouslimin), branche d’AQMI, ont été tués au Mali. Au nombre desquels, le tristement célèbre chef de la Katiba du Macina, Amadou Kouffa et l’Algérien Yahia Abu Hamman alias Djamel Okacha. Chef de la Katiba de Tombouctou, ce dernier a été tué le jeudi 21 février, dans un raid de la force française Barkhane avec onze autres terroristes. A l’issue de cette opération qualifiée de «spectaculaire» par la ministre française des Armées, Florence Parly, d’importants matériels de guerre ont été saisis et d’autres détruits.
48 heures plus tard, samedi 23 février, Barkhane aidée par l’armée malienne frappe cette fois-ci au Centre du Mali, dans la région de Mopti, à Dialoubé.
«La force Barkhane a engagé, dans la soirée, depuis la base de Niamey, une patrouille de Mirages 2000 qui, appuyées par un drone Reaper, a mené une frappe aérienne», révèle un communiqué de l’état-major général de l’armée française. Bilan: une quinzaine de terroristes tués.
«Ce nouveau succès, qui s’inscrit dans la continuité d’opérations menées dans cette même zone au cours des dernières semaines, cherche à réduire toujours plus le niveau de menace dans cette région peu accessible du delta intérieur du Niger», indique la même source.
Mais s’ils ont subi, ces dernières semaines, un cinglant revers au Nord et au Centre du Mali, les groupes terroristes opérant sur le sol malien ne s’avouent pas encore vaincus. Le vendredi 22 février, vers 22 heures à Siby, localité située à environ 44 km de Bamako, ils attaquent un véhicule de «location» transportant des soldats du contingent guinéen de la Minusma et tuent trois d’entre eux, sans laisser de traces. De Siby, la menace se transporte à Koulikoro, le lendemain samedi 23 février, contre cette fois-ci, une cible de haute portée: le Centre d’instruction Boubacar Sada Sy. L’endroit visé est doublement stratégique. Car ce camp militaire abrite la mission de formation de l’Union Européenne au Mali (EUTM), déployée depuis 2012 en appui aux militaires maliens, et l’Ecole militaire inter-armée (EMIA). La scène se déroule vers 3 heures du matin. Deux véhicules kamikazes se dirigent sur le camp. Mais grâce à la promptitude des deux militaires en sentinelle, l’attaque est déjouée.
« Les assaillants ont d’abord tiré sur le poste de contrôle de Mafeya à la sortie vers Banamba, pour entrer dans la ville et foncer sur le camp. Face à l’alerte et la réaction des sentinelles, lesdits assaillants se sont vus obligés de déclencher leurs systèmes juste à l’entrée du camp », explique le ministère de la Sécurité dans un communiqué. Qui précise qu’un deuxième véhicule kamikaze «bourré d’explosifs» n’ayant pas pu être déclenché par les assaillants fera «l’objet d’explosion contrôlée par des démineurs».
Sur les lieux: deux corps calcinés, (probablement des kamikazes) sont découverts près de l’engin explosé. Tandis que deux militaires maliens et un civil sont blessés. Plus de peur que de mal. Ces deux attaques se sont déroulées au moment où le Premier ministre français, Édouard Philippe était en visite au Mali. Une manière pour les terroristes de démontrer leur capacité de nuisance, malgré la perte de trois de leurs chefs. Le Premier ministre français, Édouard Philippe en a bien conscience. «Le combat n’est pas terminé», rappelait-t-il, dimanche, aux militaires de Barkhane, basés à Gao.