C’est donc officiel, le Tunisien, un autre très proche d’Iyad Ag Ghaly, Abou Iyadha,a trouvé la mort le 21 février 2019 lors de l’attaque d’un convoi menée par l’opération Barkhane au nord-ouest de Tombouctou.
Abou Iyadh, de son vrai nom Seifallah Ben Hassine ou Seif Allah Ben Hassine, est né le 8 novembre1965à Menzel Bourguibaet avait été, déjà, annoncé mort le 14 juin2015 et à plusieurs autres reprises. Il est un militantislamistetunisien, commanditaire de plusieurs attaques terroristes djihadistes. Il est condamné pour terrorisme avant de prendre la tête de l’organisation Ansar al-Charia. Il était considéré comme le leader des salafistesdjihadistes dans son pays et était aussi très fréquent dans le grand Sahara. Le 23 septembre2014, il est placé sur la liste des terroristes de l’ONU.
Rejetant l’Occident, il lit assidûment le Coran et adopte l’idéologie des Frères musulmans. Dans les années 1980, il milite au sein du Mouvement de la tendance islamique, ancêtre d’Ennahda, et devient l’un des piliers du bras armé du parti, le Front islamique tunisien, en 1986. Il fréquente des militants formés en Arabie saoudite par Abd al-Aziz ibn Baz et des membres du Groupe islamique armé et du Groupe islamique combattant en Libye. Il fuit le pays à la suite de la répression du régime de Zine el-Abidine Ben Ali contre les mouvements estudiantins en 1987 ; il est lui-même condamné par contumace par le tribunal militaire de Tunis à deux ans de prison pour sa participation à des manifestations.
Il s’installe d’abord au Maroc où il étudie à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’université d’Oujda et se marie. Il part ensuite pour le Royaume-Uni et l’Afghanistan. Il intègre des camps d’entraînement et rencontre Oussama ben Laden près de Kandahar.
En 2000, il fonde le Groupe combattant tunisien avec Tarek Mahaaroufi à Jalalabad ; les deux hommes organisent l’assassinat du commandant Massoud en septembre 2001. Le groupe est en conséquence listé le 10 octobre 2002 par le Conseil de sécurité des Nations unies comme lié au mouvement islamiste Al-Qaida.
Ben Hassine devenu Abou Iyadh participe à la guerre en Afghanistan avec Al-Qaïda, avant de rejoindre la Turquie en 2003, où il est arrêté en février et extradé vers la Tunisie. Jugé par le tribunal militaire de Tunis, il est condamné à 43 ans de prison. Il continue d’entretenir des liens avec les détenus salafistes, dont les auteurs de l’attentat de la Ghriba en 2002 et les membres du groupe de Soliman. En dépit de son passé terroriste, il revendique le statut de prisonnier politique.
Libération et fondation d’Ansar al-Charia
Libéré en mars 2011 dans le cadre de l’amnistie générale qui suit la révolution tunisienne,,[] il fonde l’organisation salafiste djihadiste Ansar al-Charia (Partisans de la charia), qu’il dirige avec le prédicateur Abou Ayoub et l’idéologueAl-Khatibal-Idrissi.
Installé à Hammam Lif, il fait de Sidi Bouzid, Tataouine et Sejnane des fiefs intégristes et, grâce à des financements saoudiens, recrute dans les quartiers pauvres. Il organise des rassemblements, comme celui de Kairouan en mai 2011, mais aussi le blocage de l’université de La Manouba, le saccage d’espaces culturels et de débits d’alcool, les violences à l’encontre de la chaîne de télévision Nessma et de certains intellectuels. Il dénonce dans le même temps Ennahdha «qui a choisi la voie de la laïcité, bien loin de l’islam et de la charia». Il est par ailleurs recherché pour avoir appelé à prendre d’assaut l’ambassade américaine le 14 septembre2012].
Le 27 août2013, Ansar al-Charia est classée organisation terroriste par le gouvernement tunisien en raison de sa responsabilité entre autres dans la planification de l’assassinat des opposants politiques ChokriBelaïd et Mohamed Brahmi, l’attaque de plusieurs postes de police et militaires, ainsi que ses liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique[]. Plusieurs médias, dont Mosaïque FM et l’agence Tunis Afrique Presse, annoncent le 30 décembre son arrestation en Libye par des forces américaines, information démentie par Ansar al-Charia et le Département de la Défense des Etats-Unis.
Le 23 septembre2014, Seifallah Ben Hassine et Ansar al-Charia Tunisie sont placés sur la liste des organisations et personnes considérées par l’ONU comme proches d’Al-Qaïda ou des talibans,liste instituée dans le cadre de la résolution 1267 du 15 octobre1999 visant à lutter contre le terrorisme.
Seifallah Ben Hassine est annoncé mort à plusieurs reprises, une première fois le 14 juin2015 en Libye, lors d’une attaque aérienne américaine visant Mokhtar Belmokhtar ; la nouvelle est confirmée aux autorités tunisiennes le 2 juillet après des analyses effectuées conjointement par les autorités libyennes, américaines et tunisiennes pour confirmer l’identité des morts.
Pourtant, des doutes pèsent sur cette version des faits, puisqu’il est rapporté comme toujours vivant et engagé dans des activités djihadistes subversives à la frontière tuniso-libyenne en janvier 2017.
Le 21 février 2019, lors d’une attaque des forces de l’Opération Barkhane, Abou Iyadh est tué en même temps que Yahya Abu al-Hammam, le chef de l’organisation terroriste Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans. Il est marié à une Marocaine et père de trois enfants.