Les larmes étant une marque de souffrance ou de peine, elles décrivent la situation alarmante du fleuve Niger. Cette mère nourricière de plusieurs pays et populations traverse une période critique due à différents facteurs, le tout se comprenant comme des conséquences des activités humaines incontrôlées. Il faudrait que les autorités changent de fusils d’épaule et que les populations prennent conscience pour ne pas perdre à jamais ce joyau naturel.
La situation critique du fleuve Niger, le principal cours d’eau qui dessert le Mali ainsi que plusieurs autres pays de la sous-région, doit interpeler tous les spécialistes de l’hydraulique afin d’apporter de meilleures réponses à l’origine du mal qui le ronge. En effet, depuis un certain temps, tous les riverains, tous les habitants des zones traversées par ce cours d’eau ont pu se rendre compte de l’évidence : le recul du niveau de l’eau de ce fleuve. Quelle en est la cause ? Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte pour expliquer ce drame. Dans un premier temps, il faudrait mentionner le réchauffement climatique. Ce phénomène imposant une irrégularité saisonnière ou plutôt pluviométrique, nous assistons ainsi à une baisse de la quantité de pluie recueillie. Chose qui a engendré dans le temps de grandes sécheresses, notamment celles de 1970 et de 1984 comme l’a souligné Dr Baba Faradji N’Diaye, chef de département protection et gestion des écosystèmes au niveau de l’Agence du bassin du fleuve Niger, dans une interview accordée au journal Les Échos en mars 2018.
Cette question du réchauffement climatique fonctionne également avec l’avancée du désert. L’ensablement en est également une des causes majeures de cet état désespérant du Niger. Outre ce phénomène, il convient de noter des causes directement humaines. Ce cours d’eau n’est pas bien entretenu par les populations voire par l’État bien vrai qu’il participe à la croissance économique des pays traversés.
Beaucoup d’activités sont menées dans le lit de ce fleuve ou sur sa rive et qui constituent des dangers pour sa survie. Le Niger pleure parce qu’il est non seulement transformé en réceptacle d’ordures ménagères, mais aussi parce que les dragues sont devenues ses nouveaux habitants. Qu’est-ce qui en est de la question des teinturières ? Le fleuve Niger est alors victime des activités incontrôlées des humains qui ne songent qu’à leur survie et non à celle de ce beau cours d’eau pour parler comme la représentante du ministère néerlandais des Affaires étrangères, Carola Van Rijnsoever, dans une interview accordée à la Mikado au cours de ce mois de février lors de la 4e Planet security initiative:« J’ai eu l’opportunité de voyager de Bamako à Gao en 2015 et à ce moment-là, j’ai pu mesurer à quel point le fleuve Niger était vaste et beau à la fois ».
Les larmes du Niger sont également dues d’une autre part à l’indifférence des autorités vis-à-vis de sa survie. C’est en tout cas le constat amer de Ousmane Traoré, blogueur malien et membre de l’association ‘’Sauvons le Fleuve Niger’’. Il déclare : « Nous avons l’impression que les autorités ont délaissé ce problème pour se focaliser sur d’autres qui leur semblent plus urgents ». Les surveillances ne sont pas accentuées afin de punir les auteurs de crimes contre le Niger. La création de la police environnementale doit inclure également la question de la surveillance du Niger.
Faut-il noter que ce cours d’eau participe au développement économique à travers des activités comme la pêche, le maraichage via l’irrigation, la fourniture d’électricité, la navigation, etc. Plusieurs personnes se nourrissent de ce cours d’eau. Les piroguiers aussi bien que les fabricants des pirogues, les graveurs de roche, les travailleurs du sable, etc.
Son tarissement progressif ne peut qu’engendrer des conséquences désastreuses comme l’a souligné Yaya Boubacar, Directeur national de l’Hydraulique, dans une interview accordée en 2018 au journal Le Combat : « En 1984, nous avons perdu beaucoup de cheptels; cela risque d’être le cas cette année encore. Et il en est de même pour la pêche. Puisqu’il n’y a pas assez d’eau dans le Delta intérieur du Niger, on risque d’assister à un déplacement de populations vers le Sud. Il y a également l’électricité. »
De son côté, Ousmane Traoré voit en ce tarissement des conséquences sanitaires dues aux activités toxiques menées dans le lit de ce cours d’eau. « À Bamako notamment l’accès à l’eau potable devient de plus en plus un problème », a-t-il déploré avant de préciser que « la population ne cesse de se plaindre de la qualité de l’eau des robinets ».
Vu la grande importance de cette mère nourricière, il convient d’adopter des attitudes responsables à son égard pour le bien de tous. C’est la raison pour laquelle ‘’Sauvons le Fleuve Niger’’ a entrepris depuis un certain temps des campagnes de sensibilisation autour du bon usage de ce joyau naturel, nous indique le jeune blogueur malien. Le Niger pleure par désespoir pour son avenir ainsi que de celui de ses riverains. Il faudrait alors le consoler.