Bamako, - Les autorités militaires maliennes et françaises examinaient vendredi l’authenticité d’une vidéo où apparaîtrait le prédicateur radical peul Amadou Koufa, dans laquelle cet important chef jihadiste dément avoir été tué lors d’une opération de la force française
Barkhane le 23 novembre dans le centre du Mali.
"Les vérifications sont en cours", a indiqué à l’AFP une source militaire à Bamako. "On est en train de vérifier l’authenticité de la vidéo", a fait écho à Paris le porte-parole de l’état-major des Armées, le colonel Patrik Steiger.
L’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar a affirmé vendredi que cette vidéo lui avait été transmise par le bras médiatique du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM, selon l’acronyme arabe), la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, qu’a rejoint dès sa création en
2017 le groupe de Koufa. Ce dernier recrute prioritairement parmi les Peuls.
Des extraits ont été diffusés par la chaîne de télévision France24 et l’AFP
en a obtenu une copie. On y voit un homme, présenté comme Amadou Koufa, qui
lui ressemble et n’a pas de signe apparent de blessure, y répondre en arabe à
des questions, assis derrière une table.
Le 23 novembre, l’armée française avait annoncé avoir mené la nuit
précédente une opération dans le centre du Mali, le fief d’Amadou Koufa, qui
avait permis la "mise hors de combat" d’une "trentaine de terroristes". La
ministre française des Armées, Florence Parly, avait salué une action ayant
"permis de neutraliser un important détachement terroriste au sein duquel se
trouvait probablement l’un des principaux adjoints d’Iyad ag Ghali, Hamadou
Kouffa, chef de la katiba Macina".
Le 28 novembre, interrogée à l’Assemblée nationale, elle avait dit qu’il
avait été "neutralisé".
Des sources militaires maliennes s’étaient montrées formelles. "Le
terroriste Amadou Koufa est mort de ses blessures après l’intervention
militaire française, suite aux informations fournies par l’armée malienne",
avait déclaré le général Abdoulaye Cissé, chef des opérations de l’armée
malienne.
Le leader d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel,
avait toutefois démenti le 11 décembre la mort d’Amadou Koufa dans un
enregistrement audio.
Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
islamistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés par une
intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative
de la France, qui se poursuit.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et
le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et
le Niger. Ces attaques se mêlent souvent à des conflits intercommunautaires,
qui ont fait plus de 500 morts parmi les civils dans le centre du Mali en
2018, selon l’ONU.
Depuis l’opération contre le groupe d’Amadou Koufa, les violences se sont
poursuivies dans le centre du pays. Neuf soldats maliens de la force du G5
Sahel ont été tués vendredi dans l’explosion d’une mine au passage de leur
véhicule à Boulkessy, à la frontière avec le Burkina Faso. Mardi, 17 civils
avaient été tués dans l’explosion d’un cadavre piégé non loin de là, selon une
source militaire.
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