Seul retenu dans le corps des ingénieurs de l’industrie et des mines (spécialité pétrochimie) après la proclamation des résultats, Seydou Dao a été dix jours plus tard remplacé par un autre candidat. Motifs évoqués par le Centre national des concours de la fonction publique : dissimulation de diplôme, défaillance. Un argument contesté par le jeune Dao.
02Selon Seydou Dao, tout est parti après le lancement au mois d’octobre de l’avis du concours de recrutement à la fonction publique. A l’en croire dès qu’il a vu le communiqué, il a aussi monté le dossier afin de tenter sa chance.
“Mais au moment de déposer mon dossier, ils étaient réticents au niveau du Centre sous prétexte que le niveau de mon diplôme licence (bac+3) ne correspond pas à la catégorie demandée (bac+5). Cependant, un jour j’ai pu déposer mes dossiers et au niveau du Centre national des concours de la fonction publique ils ont pris l’engagement qu’ils vont l’étudier pour savoir si je pouvais concourir. C’est après leur accord que je suis parti composer. Ainsi après la publication du résultat, j’ai été le seul retenu au Mali dans cette spécialité, comme ils avaient besoin d’une seule personne aussi”, nous a confié Seydou Dao. Cependant, il pensait qu’à partir de cette publication sa mésaventure de jeune chômeur sans emploi était derrière lui. Que nenni !
“Dix jours plus tard après l’affichage des résultats, à ma grande surprise, je vois un autre communiqué du même du Centre des examens me faisant remplacer par un autre candidat du nom d’Ahmed Sékou Touré. Et le motif évoqué dans le communiqué est que j’ai été défaillant et je ne sais pas en quoi j’ai été défaillant”, proteste Seydou Dao. A l’en croire, vu sa situation sociale, chef de famille sans emploi, son passage à ce concours a été accueilli par une immense joie par sa famille surtout sa mère et son épouse qui voyaient la fin de leur traversée du désert.
“C’est pourquoi je n’ai pas pu jusqu’à présent informer certains membres de ma famille surtout ma mère que j’ai été remplacé par quelqu’un d’autre”, poursuit-il, les yeux pleins de larme. Avant d’interpeller les plus hautes autorités pour que justice lui soit faite.
Approché par nos soins, le directeur du Centre national des concours de la fonction publique, Dr. Ousmane Magassy, entouré de certains de ses collègues qu’il a voulu prendre à témoin, balaie d’un revers de la main certains propos du jeune candidat.
“C’est vrai qu’après le concours, il est venu en première position et son nom a été affiché pour la proclamation. Mais le hic est qu’il n’était pas habilité à concourir dans cette catégorie. Le communiqué que nous avons publié était clair tout comme les exigences du département des Mines qui a demandé un spécialiste en pétrochimie avec un diplôme d’ingénieur de type Ecole nationale d’ingénieurs du Mali de type niveau bac+5, or, lui a bac+3. Il ne devrait même pas déposer le dossier à fortiori concourir”, introduit le directeur.
Pourquoi le Centre a accepté qu’il compose ? Le directeur répond : “Il a été refoulé à plusieurs reprises avec son dossier. On lui a dit clairement qu’il ne répond pas à la demande exigé. Cependant, il a attendu le dernier jour de dépôt qui est un jour de grande affluence tout en dissimulant son diplôme et soutenir qu’il n’arrive pas à déposer son dossier sous prétexte qu’il ne répond au profil à savoir pétrochimie, mais tout en prenant soin de cacher le niveau. C’est ainsi que je lui ai dit d’aller déposer son dossier et concourir. Aussi il dit qu’il a été appelé, je le mets au défi de communiquer le nom et le numéro de la personne qui l’a appelé pour concourir après le dépôt de son dossier”.
Pour le directeur, c’est après la publication des résultats, qu’ils procèdent encore à d’autres vérifications des diplômes avant leur intégration définitive pour savoir si tout est correct, c’est à ce moment-là, poursuit-il, qu’ils se sont rendus compte que Seydou Dao ne correspond pas au profil.
“Aussitôt je l’ai appelé dans mon bureau pour lui tendre le communiqué de recrutement que nous avons lancé où c’est bien mentionné bac+5. Il a pris le communiqué, il a fondu en larme parce qu’il sait qu’il a triché pour faire le concours. Et ce jour-là, il a fait pleurer beaucoup de personnes avec lui au service lorsqu’il a parlé de sa situation sociale. Mais nous avons dit que la loi c’est la loi, le statut général des fonctionnaires en son article 48 est très clair : «l’admission d’un candidat au concours peut être annulée pour faits antérieurs à son intégration et qui, s’ils avaient été connus, auraient fait obstacle à sa candidature ou à son admission». C’est partant de cela que nous avons informé notre ministre de tutelle, qui a ordonné à son tour d’appliquer la loi à la lettre. Donc, il a été automatiquement remplacé par un autre candidat son poursuivant direct qui a fait le concours au même titre que lui”, se défend M. Magassy. Pour lui, ces cas sont fréquents vu le nombre de candidats qui varie souvent de 20 000 à 30 000 pour un concours.
En tout cas pour le moment, c’est Ahmed Sékou Touré le nouvel admis qui se frotte les mains et Seydou Traoré va reprendre à zéro sa recherche d’emploi avec une grande désillusion pour ses proches.