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Annulation par la BAD du financement du projet d’assainissement de la ville de Bamako : Quel discrédit sur notre pays !
Publié le mardi 5 mars 2019  |  Le Combat
Cérémonie
© aBamako.com par AS
Cérémonie de lancement du Calendrier d`Emission de Titres publics 2019
Bamako, le 19 février 2019 à l`hôtel Sheraton. La Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique a procédé au lancement du calendrier d`Emission de Titres publics 2019. Photo: Boubou Cissé
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Nos autorités compétentes viennent de révéler au monde entier leur désengagement pour le développement du Mali à travers cette annulation du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) du financement du projet d’assainissement de la ville de Bamako (PAVB). Notre pays s’est affiché incapable de décaisser une telle grosse de somme de 38,26 millions d’euros pour un si important projet pour le développement de notre capitale, Bamako. Pourquoi un tel agissement déshonorable ?

Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) avait approuvé un prêt de 30 millions d’unités de compte (environ 38,26 millions d’euros), au Gouvernement du Mali, pour financer le projet d’assainissement de la ville de Bamako (PAVB). C’était depuis le 11 janvier 2017.

Description du PAVB

L’opération se justifie par le risque d’aggravation de la situation sanitaire des populations de Bamako. Ainsi, le PAVB (Projet d’assainissement de la ville de Bamako) devrait permettre dans sa 1ère phase : 2017-2021 de traiter un volume d’eaux usées de 600 m3 par jour. Soit 42 tonnes de matières sèches, pour assurer l’assainissement d’une proportion significative de la population de Bamako. Il devrait exécuter sur 48 mois. Lors des deux prochaines phases du projet 2022-2026 et 2027-2032, il était question que le système évolue progressivement vers la construction des réseaux d’eaux usées et des stations d’épuration affiliées. Cette évolution devait se fera au fur et à mesure de la mutation vers l’assainissement collectif (nécessitant des technologies plus avancées), aux dépens des systèmes individuels actuels. Ce choix évolutif est dicté par les leçons tirées d’expériences comparables dans des contextes similaires en Afrique.

Mieux, le projet devrait bénéficier à une population d’environ 680.000 personnes soit 27% des Habitants de Bamako, dont 50,4% de femmes. Le projet devrait aussi servir à financer entre autres, la construction de deux stations de dépotage et de traitement des boues de vidange (SDTBV) ainsi que l’équipement des SDTBV avec près d’une trentaine de citernes pour améliorer la collecte et le transport des boues de vidange domestiques. En plus, il s’agissait de renforcer les capacités des structures d’intervention, la Direction Nationale de l’Assainissement du Contrôle des Pollutions et des Nuisances (DNACPN), l’Agence Nationale de Gestion des Stations d’Épuration du Mali (ANGESEM) et le Syndicat Mixte Intercommunal (SMI).

L’intérêt personnel a-t-il encore valu sur l’intérêt collectif ?

Hélas ! Les autorités compétentes du pays se sont montrées moins intéressées. Du moins, elles ont donné raison aux observateurs avertis qui estiment qu’au Mali «tout est lié à un dessous de table». C’est-à-dire qu’il faut obligatoirement que l’autorité compétente ait son pourcentage dans chaque marché.

Quoi qu’il en soit, ce qui est incontestable, c’est que la BAD a annulé le financement de ce gigantesque projet pour le développement de la capitale malienne.

Dans une correspondance adressée au Ministre de l’Économie et des Finances, Dr Boubou Cissé, le Groupe de la Banque Africaine Développement a été, on ne peut plus clair. Ladite lettre a eu ampliation Mme Aida Bo Kéïta, Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable ; Sambou Wagué, Ministre de l’Energie et de l’Eau ; Elly Prosper Arama, Directeur Général de la Dette Publique ; Mme FadimaTapo, Directrice Adjointe de la Dette Publique et Yenisanga Koné, DG SOMAPEP-sa.

La Directrice Générale du Groupe de la Banque Africaine de Développement, Marie-Laure Akin-Olugbade, a été bien explicite dans son courrier. «Nous voudrions rappeler au regard des règles et procédures de la Banque en matière de prêts et dons : tout prêt ou don signé qui ne décaisse pas dans un délai de plus de quatre-vingt-dix (90) jours et période cumulative de plus cent quatre-vingts (180) jours est éligible à l’annulation », a-t-elle justifié. Quelle honte ! Sachant bien que ce projet a été approuvé par la Banque depuis le 11 janvier 2017. À ce jour, 25 mois après son approbation, aucun décaissement n’a été effectué sur les ressources allouées. Toute chose qui conduit la Banque à constater la mauvaise volonté du Gouvernement malien. «Nous constatons malheureusement que les conditions d’annulation de l’opération en objet sont en présent réunies. Par conséquent, nous avisons que ladite annulation sera effective à compter de la présente date de notification», a fait savoir la Directrice Générale.

Et en cas de renouvellement, notre pays se contenterait désormais de seulement 70% du financement. «Nous vous précisons que, conformément à la règle en la matière, il vous est possible de disposer de 70% du montant annulé, dans l’allocation de votre pays », a rappelé la Responsable de la BAD.

Dans un État sérieux, de surcroît pour un pays en voie de développement, est-il permis de laisser échapper un tel financement ? Pour quelles raisons les autorités compétentes se sont-elles comportées de la sorte ? Des intentions de préserver l’intérêt personnel sur l’intérêt collectif ont-elles prévalu ici, et pour qui?

Oumar Diakité : LE COMBAT

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