Ces dernières années à Bamako, l’on voit de plus en plus de couples mariés confrontés à de sérieux problèmes liés notamment à des cas d’infidélité. Cet impénitent facteur de brisure conjugale qui mine particulièrement les jeunes couples, nombre d’épouses l’impute très souvent à ces jeunes filles ou femmes non-mariées qu’elles accusent de séduire leurs époux pour s’en approprier, les qualifiant ainsi de « briseuses de foyers sans vergogne ».
Plusieurs femmes mariées victimes des dégâts énormes causés par ces « briseuses de foyers », décident désormais de prendre leurs responsabilités. Votre Journal d’investigation, « La SIRENE », dans une de ses parutions antérieures, s’était intéressé à ce volet crucial de notre société actuelle, mais revient sur le sujet après y avoir constaté une bien inquiétante évolution de la problématique, avec, comme souci majeur, informer et alerter l’opinion sur l’instabilité criarde que vivent d’innombrables couples à Bamako.
Maïmouna Diaby, une jeune dame d’environ 35 ans et exerçant le métier de coiffeuse, explique qu’elle vivait en « parfaite harmonie » avec son époux jusqu’à ce qu’une lycéenne vienne « tout gâcher », l’éloignant systématiquement de son mari qu’elle adorait tant. Elle ne cessait plus de se demander ce que cette dernière avait bien pu utiliser comme stratagème pour « faire perdre carrément la tête » à son mari qui, à peine, s’acquittait des obligations morales et matérielles du foyer.
« Cela faisait quasiment 6 mois que mon mari ne m’approchait plus malgré mes mille et une tentatives de séduction. Cela, à cause d’une jeune lycéenne dont j’ai pu, à son insu, découvert l’identité à travers un de ses SMS. Et lorsque j’ai mené ma petite enquête, je me suis rendue jusqu’à son école pour la menacer de mort si elle ne laissait pas mon mari tranquille. Croyant que cela ne suffirait peut-être pas, j’ai tout fait pour pouvoir localiser le domicile de cette aguicheuse, pour donner un strict avertissement à ses parents afin qu’ils éloignent leur fille de mon mari», nous a dits, Maïmouna Diaby, l’air furieuse, ajoutant qu’elle était prête à tout pour protéger son foyer même s’il fallait qu’elle pérît en prison.
Certaines de ces femmes mariées qui souffrent de l’infidélité « chronique » de leur conjoints et qu’elles attribuent, en grande partie, à ces « filles de dehors qui n’ont autre métier que de chercher le mari des autres », disent pourtant avoir tout fait pour satisfaire leurs époux au foyer, en allant même jusqu’à obéir à toutes leurs caprices, rien que pour pouvoir les maintenir à la maison. Mais malgré tous ces efforts combien ‘’sacrificiels’’, leurs époux « se laissent aller aux jeux de séduction de ces dévergondées », comme nous l’a témoignés, Florence Sountoura, Assistante de Direction dans une institution bancaire de la capitale.
« Les hommes sont de vrais insatiables libidinaux. Même si tu leur offres ton âme, ils n’arrêteront jamais leur bêtise. Je suis à ma cinquième année de mariage avec deux enfants. Tout le monde a fini par savoir que mon mari est un infidèle, car, à force d’en avoir marre, j’ai, moi-même, fini par faire intervenir presque tous ses proches, amis ou collègues de service pour qu’il change et qu’il se fasse respecter», a raconté, Florence.
« En décembre dernier, à mon retour de chez mes parents, lorsque j’y étais allée pour passer la quarantaine après mon accouchement, des voisins m’ont fait discrètement savoir que mon mari amenait sa maîtresse jusque dans notre maison conjugale pour y passer la nuit. J’ai beaucoup trop supporté ses infidélités et je suis décidée à lui faire désormais la guerre pour le ramener à l’ordre en l’ayant menacé des pires crimes possibles si jamais je le surprenais avec une autre femme qui, d’ailleurs, ne serait point épargnée», a-t-elle brutalement menacé.
Pourtant, du côté des filles accusées d’être des « briseuses de foyers », les choses s’entendent différemment et c’est une toute autre version de la situation. Lors d’une de nos incursions dans un milieu typiquement féminin au grand marché de Bamako, au sein d’un groupe de filles qui nous entouraient dont presque aucune n’était mariée, Mariam Sissoko, tresseuse et originaire de Kayes, nous a livrés son témoignage.
« J’ai tout le temps eu des problèmes avec des femmes mariées alors que ce n’est pas ma faute, car, ce sont leurs maris, eux-mêmes, qui viennent me draguer et me demandent de sortir avec eux. Je reçois fréquemment des appels anonymes de femmes me demandant de laisser leurs maris tranquilles sous peine de me donner la mort et je leur réponds tout simplement que c’est parce qu’elles ont échoué dans leurs foyers que leurs maris m’ont préférée à elles », a expliqué, la kayesienne qui vantait également ses généreux atouts féminins, en soulignant fièrement et, avec un large sourire, que les hommes mariés lui couraient après parce qu’ils trouvaient « moins de goût » à leurs épouses.
Une autre ravissante jeune dame vendeuse de produits cosmétiques au marché de Médine et qui a souhaité garder l’anonymat, s’en est violemment prise aux femmes mariées qu’elle accuse de « paresseuses » et de manquer de « créativité ». « Si tu ne peux pas rendre ton mari heureux, vaut mieux laisser la place à celle qui saura s’en occuper. Dès que certaines femmes entrent dans un foyer, elles deviennent automatiquement de grosses paresseuses, pensant que tout est déjà acquis. Alors qu’un homme ira toujours là où il se sentira bien. Il y a longtemps que je cherche à me marier et je ne saurais refuser les avances d’aucun homme quoiqu’il soit marié. Cela n’est interdit nulle part au Mali de partager un homme avec une autre femme et c’est celle qui aura fait montre du plus d’astuces et de créativité, qui saura mieux s’en approprier », a martelé, la jeune jolie vendeuse.
Les femmes mariées sont donc clairement averties, bien qu’étant désormais sur pied de guerre contre ces « briseuses de foyers » qui leur mènent la vie dure.
Modibo Kane DIALLO