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Commune V : les dessous de la crise entre le maire et la jeunesse
Publié le mercredi 6 mars 2019  |  Le Wagadu
Cérémonie
© aBamako.com par FS
Cérémonie d`inauguration du château d`eau de la marie de la commune V
Cérémonie d`inauguration du château d`eau de la marie de la commune V a eu lieu le Jeudi 04 Mai 2017. Photo: Amadou Ouattara Maire de la Commune V
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Une vive tension existe entre le maire Amadou Ouattara et des jeunes de la commune V avec en toile de fond la bataille pour les futures élections législatives.
Le torchon brûle entre le maire de la commune V, Amadou Ouattara, et la jeunesse. Des jeunes réunis au sein d’un collectif pour la défense des intérêts de la commune V du district de Bamako (CDI-CV) exigent sa démission.
Le collectif ne demande ni plus ni moins que le départ du maire. «Tout est négociable sauf le maintien du maire à son poste. Nous ne demandons que sa démission. Nous sommes résolus à continuer la lutte jusqu’à la victoire finale», clame Aly Oumarou Tounkara, porte-parole du collectif.
Assis sur une chaise, une double feuille en main sur laquelle sont écrites les revendications du regroupement, celui qui se fait appeler Négus Hailé Sélassié accuse le maire de spéculation foncière. «Il a morcelé l’espace vert du quartier-Mali, situé non loin de l’école dudit quartier, les terrains de football de Kalaba-Coura et de Baco-Djicoroni», soutient Aly Oumarou Tounkara.
Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, selon les jeunes, est la liquidation des abords du cimetière de Sabaliboubou. «C’est là que nous avons dit que le maire a perdu le sens de la raison. Lors de la dernière marche, je lui ai personnellement rappelé ça. Il faut qu’il y ait un peu de respect à l’égard des morts», s’indigne le porte-parole du collectif.
Ces espaces ont été vendus à des opérateurs économiques alors que «les domaines publics sont inviolables» en tire argument Oumarou Tounkara. Les récriminations ne s’arrêtent pas là. Le CDI-CV accable le maire Amadou Ouattara d’avoir augmenté le prix de la taxe journalière de cinquante à deux-cents francs Cfa.
Au regard de tout ce qui précède, le collectif ne demande ni plus ni moins que le départ du maire. C’est dans cet ordre d’idées que le collectif, selon son porte-parole, a saisi la primature, le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite et le gouvernorat du district de Bamako. Il demande aux autorités de prêter une oreille attentive aux cris d’alarme de la population.
«Aucun homme politique n’est jamais venu nous rencontrer»
Qu’adviendrait-il au cas où Amadou Ouattara refuserait de quitter la tête de l’équipe municipale ? En répondant à cette question, le porte-parole du collectif semblait avoir perdu le sens de la répartie. «Vous ne mangerez pas votre piment dans ma bouche», lâche-t-il. Il se dit tout de même déterminé à faire partir le maire par tous les moyens légaux. Et, «ce n’est pas négociable», martèle-t-il.
À l’évocation d’un éventuel soutien d’homme politique, Aly Oumarou Tounkara s’agace. Après un long silence, il est d’attaque : «chacun peut dire ce qu’il veut. Ces hommes politiques qu’on cite çà et là ne sont rien par rapport aux intérêts de la commune. Je dis et je réitère qu’aucun homme politique n’est jamais venu nous rencontrer». Tenez-vous-le pour dit : Aly Oumarou Tounkara affirme ne pas être opposé à la personne du maire mais plutôt à ses méthodes.
Des allégations non confirmées
Contacté par nos soins, le maire Amadou Ouattara nous renvoie à son chargé de communication, Assoume Agnagnasse Diarra. Celui-ci déclare qu’après deux sorties médiatiques, le maire ne veut plus se prononcer sur la question. Il dit mettre à notre disposition les dossiers de presse. Ce que nous avions déjà obtenu par d’autres canaux. Il apparaît dans ces documents que les travaux sur le terrain de Baco-Djicoronie ont été arrêtés. Une information confirmée par le porte-parole du collectif qui réclame malgré tout la démission du maire.
Par ailleurs, le morcellement dudit terrain a été autorisé à l’unanimité par les membres du conseil communal suivant la décision de délibération n°008/MCV-DB. Aussi, dans une correspondance en date du 27 décembre 2018 adressée au maire de la commune, le conseil local de la jeunesse décide d’accompagner le projet. En contrepartie, celui-ci s’était engagé à construire un siège pour les jeunes et aménager le terrain de football (gazonnage, vestiaire, toilettes, une chambre pour le gardien et l’éclairage).
Difficile de dire quelque chose sur les autres sites. Car, après vérification, nous n’avons constaté le moindre début de travaux sur les endroits indiqués. Sur l’augmentation de la taxe journalière, il nous est revenu, après recoupement auprès de femmes des différents marchés, qu’il n’en était rien.
Moussa Timbiné soupçonné de manipuler les jeunes
Le soulèvement des jeunes contre le maire est monté de toutes pièces. «Ce n’est que de la poudre aux yeux. Ce sont des motifs fallacieux. Les raisons sont à chercher ailleurs», commentent plusieurs observateurs. De bonnes sources, Amadou Ouattara ne serait qu’une victime collatérale dans la bataille pour les prochaines législatives et il n’est pas exclu que d’autres personnes soient ébranlées.
Le maire paie les frais de sa proximité supposée avec Bocary Tréta, président du Rpm. L’élu local doit à ce titre être affaibli. Ce qui, par ricochet, pourrait avoir un impact sur la candidature de l’ancien ministre du Développement rural et l’emmener à y renoncer.
Car la présence de celui-ci sur la liste des législatives en commune V ne serait pas bien vue des membres de la section à l’image de Moussa Timbiné, que certains accusent d’être à l’origine de la crise. Il nous est revenu que ce sont les mêmes personnes qui ont à l’époque manifesté contre la candidature du patron des Tisserands en commune V.
«Comment peut-on expliquer que la fronde soit dirigée par les amis de son jeune frère ?» s’interrogent plusieurs observateurs. Pour ceux-ci, il ne fait aucun doute que l’élection de Dr. Bocary Tréta comme député contrarierait les ambitions de l’ancien leader estudiantin, qui n’a jamais caché sa volonté d’être président de l’Assemblée nationale.
Contacté, Moussa Timbiné n’a pas daigné répondre à nos sollicitations. Après un coup de fil infructueux, il ne répondra pas non plus à un sms que nous lui avons envoyé en précisant le motif de la sollicitation. Pourquoi ? Mystère et boule de gomme !
Abdrahamane Sissoko

Le Wagadu

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