Entre des forces rétrogrades qui s’agrippent avec l’énergie du désespoir à un passé révolu pour tirer le pays vers le bas ; et les forces progressistes déterminées à écrire une nouvelle page plus glorieuse de l’histoire démocratique du Mali, Soumaïla CISSE a tranché : la reconnaissance ou non de Ibrahim Boubacar KEITA n’est plus le sujet d’actualité.
Tout doute a été définitivement dissipé, à l’issue du tête-à-tête dans la nuit de mardi à mercredi 27 février 2019, à Koulouba. Interrogé s’il avait été question, à l’occasion, de la reconnaissance du Président IBK, longtemps contesté dans la rue comme dans les salles de conférence, le Chef de file de l’Opposition, non moins challenger d’IBK au second tour de la présidentielle de 2018 (comme en 2013), botte en touche. L’honorable Soumaïla CISSE révèle : « vous savez, nous n’avons même pas parlé de ça. Nous n’avons pas parlé des histoires de reconnaissance ou pas ».
Soumi champion semble désormais tourné, non seulement vers la gestion des urgences actuelles : « c’est le Mali. C’est le Mali dont on a parlé. Qu’est-ce qui se passe au Centre du pays ? Qu’est-ce qui se passe au nord du pays ? Les difficultés qu’il y a jusqu’à Siby, jusqu’à Koulikoro » ; mais aussi vers l’avenir : « la nécessité certainement de revoir la loi électorale, de voir la façon dont les scrutins sont abordés, on en a parlé ».
Selon certaines indiscrétions, Soumi n’est pas loin de l’attitude affiché par l’ancien Président KONARE lorsque, interrogé en Conseil des ministres sur le sort à réserver à la célébration du 26 Mars, il a répondu en substance : « vous savez, ces histoires-là, c’est du passé ».
L’on remarquera que les propos autant de l’Honorable CISSE que du Président KONARE ont en commun une expression : « ces histoires ». Il s’agit d’une forme de banalisation d’une situation qui a été pendant longtemps considérée d’une extrême gravité. D’ailleurs, de nombreux acteurs politiques ne s’en cachent plus : l’élection dans les conditions jugées troubles par une partie de la classe politique, est la principale cause de la crise politique que traverse le pays.
Paradoxalement, pendant que Soumaïla CISSE avance, des hommes liges restent résolument fixés sur leur rétroviseur en train de ressasser une défaite électorale à la présidentielle de 2018 qui, quoi qu’on dise ou pense, appartient désormais au passé. Le Communiqué du Front pour la sauvegarde de la Démocratie (FSD) en prélude à la deuxième rencontre entre le Président IBK et le Chef de file de l’Opposition, SoumaÏla CISSE, en est la plus parfaite illustration. Une communication qui a consisté à hisser au rang du Président de la République le Président d’un Parti politique dont le statut en tant que Chef de file de l’Opposition est clairement défini par la LOI N° 2015-007/ DU 4 MARS 2015 PORTANT STATUT DE L’OPPOSITION POLITIQUE.
Résolument inscrit dans la dynamique des termes de ce communiqué, pour «The Sulk» (le boudeur), le Bélier blanc national, Soumi champion reste le « président légitime ». Le Directeur de campagne qu’il est et dont la nomination a fait des vagues au sein de l’URD, le Parti du candidat Soumaïla CISSE, ne peut adopter une autre posture que celle de défendre envers et contre tout la victoire de son poulain. C’est dans l’ordre normal de la défense de ses prébendes ; même s’il sait, mieux que quiconque, que la cause est entendue depuis un certain 20 août 2018 où la Cour constitutionnelle a proclamé les résultats définitifs du second tour de l’élection du Président de la République.
« Je proclame élu Ibrahim Boubacar Keïta », a déclaré la Présidente de la Cour constitutionnelle du Mali, Manassa DANIOKO, ce 20 août. Avec cette proclamation, l’élection de Ibrahim Boubacar KEITA devenait irréversible. Ce, dans la mesure où les arrêts de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours : ‘’les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics, à toutes les autorités administratives et juridictionnelles et à toutes les personnes physiques et morales.
Les règles d’organisation et de fonctionnement de la Cour constitutionnelle, ainsi que la procédure suivie devant elle, sont déterminées par une loi organique’’ (Cf : article 94 de la Constitution du 25 février 1992).
Outre la réponse très explicite de Soumaïla CISSE à la question de la reconnaissance du Président IBK, sa réponse à l’invitation du Chef de l’État, à Koulouba, siège du pouvoir présidentiel, n’en est pas moins explicite.
Il y a donc deux forces répulsives au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD). Celle des réacs, contre-productive dans la situation actuelle du pays assailli par une crise multiforme ; celle des progressistes incarnée par Soumaïla CISSE lui-même, laquelle a décidé d’abandonner cette manche de présidence au sortir du scrutin de 2018 et avec, les querelles byzantines pour un pouvoir qui lui a échappé. Pour lui, les problèmes du Mali sont assez prégnants pour en rajouter. La seule voie qui doit mobiliser l’énergie est celle de la sortie de crise. À cet effet, au sortir de sa rencontre avec le Président IBK, avant-hier mardi 5 mars, il a confié : « aujourd’hui, nous avons essayé de trouver un mode opératoire pour pouvoir avancer. Je crois que c’est le plus difficile. On est convaincu qu’il faut un dialogue, un dialogue élargi à l’ensemble des forces vives du pays ».
Il y a un faisceau convergent de signes de reconnaissance par Soumaïla CISSE, le principal concerné, parce qu’il ne faut pas perdre de vue que selon la loi, c’est à titre individuel qu’on fait acte de candidature à l’élection présidentielle en République du Mali.
Toute proportion gardée, il apparaît clairement que le véritable défi, à présent, est d’œuvrer ensemble à la non-répétition des irrégularités, des insuffisances, au renforcement tout court de notre arsenal électoral.