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Crise scolaire : vers la grève illimitée !
Publié le lundi 11 mars 2019  |  Info Matin
Marche
© aBamako.com par A S
Marche des enseignants
Bamako, le 6 mars 2019 les enseignants ont marché pour réclamer des primes
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À peine ouvertes ce vendredi au grand soulagement des parents d’élèves, les négociations ont tourné court entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation signataires du 15 Octobre 2016. Fausse alerte ou rupture définitive ? L’échec des négociations est confirmé du côté des syndicats qui maintiennent leur mot d’ordre de grève et appellent les enseignants à la mobilisation.

Les classes de nos établissements scolaires aux niveaux fondamental et secondaire (publics) resteront fermées. Et pour causes, ce vendredi 8 mars 2019, le Collectif des enseignants et le gouvernement en négociations sur les trois points restants du cahier de doléances dudit collectif, ne sont pas parvenus à un accord.

« À l’issue de plusieurs heures de discussions qui ont porté sur les trois points de désaccord, les négociations se sont soldées par un échec. En conséquence, les syndicats ont décidé de maintenir leur mot d’ordre », peut-ont lire dans la lettre circulaire N° 035 des syndicats de l’éducation signataire du 15 octobre 2016.

À partir de ce lundi donc, le Collectif des enseignants signataires observe une grève de 15 jours, soit 360 heures allant du lundi 11 au vendredi 15 mars 2019, du lundi 18 mars au vendredi 22 mars 2019 et lundi 1er avril vendredi 5 avril 2019 inclus.

Au centre du bras de fer entre le gouvernement malien et les syndicats de l’éducation de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale trois des 10 points de leurs revendications :

1. l’octroi d’une prime de logement.

Les syndicats demandaient au début et la prime de documentation et la prime de logement. Pour ce qui est de l’octroi des primes de documentation, les syndicats d’enseignants réclamaient le paiement mensuel de 150 000 FCFA pour les fonctionnaires de catégorie A, 125 000 FCFA pour ceux de la catégorie B et 100 000 FCFA pour ceux de la catégorie C. Pour la prime de logement, ils recommandaient le paiement de 100 000 FCFA pour la catégorie A, 75 000 FCFA pour la catégorie B et 50 000 FCFA pour la catégorie C.

À la suite de négociation, les enseignants ont accepté de renoncer à la prime de documentation si le gouvernement s’engage à leur donner une prime de logement.

Pour le satisfaire, le gouvernement s’est engagé à examiner la possibilité de faciliter l’acquisition de parcelle à usage d’habitation au profit du personnel enseignant. Si cette proposition constitue une avancée significative de la part du gouvernement elle reste insuffisante pour le les syndicats qui ne l’ont pas accepté et maintiennent leur revendication initiale qui est l’octroi d’une prime de logement.

Indemnités de correction : les enseignants demandent la relecture immédiate du Décret n° 529/P-RM du 21 juin 2013 portant allocation d’indemnités au personnel chargé des examens et concours professionnels en ses articles 1,2, et 3.

Pour ce point, les syndicats exigent la revue à la hausse des indemnités liées aux examens ainsi qu’il suit : Frais de surveillance : 15 000 F ; Frais de correction des copies du secondaire : 1 500 F ; Frais de correction des copies du fondamental : 1 250 F ; Président de centre du secondaire : 100 000 F ; Président du centre du fondamental : 75 000 F.

Ces taux appliqués à la seule correction des copies des examens du BAC (111 200 candidats) et du DEF (249 288 candidats), session 2018 ont une incidence financière de 478 410 000 FCFA, sans compter la surveillance et le secrétariat. Financièrement, il a été jugé insoutenable.

Au moment où les syndicats demandent de revoir à la hausse les indemnités liées aux examens, la partie gouvernementale rappelle que les frais de correction de copie à l’Enseignement supérieur sont de 500 FCFA et les frais de surveillance 5 000 FCFA.

Le troisième point de désaccord est relatif à l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’État. Les syndicats exigent leur admissibilité immédiate dans les services centraux de l’État.

En réponse, la partie gouvernementale rappelle la possibilité du détachement ou de la disponibilité offerte aux agents des Collectivités Territoriales appelés à servir dans les institutions publiques suivant le Décret n° 2018-0067/P-RM du 26 janvier 20018 fixant les modalités d’application du Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale.

Les raisons évoquées par le gouvernement pour ne pas céder sur ces points sont entre autres tirées du fait que :

« -les revendications sont irrationnelles et insoutenables ;

– les enseignants sont nombreux ;

– en accordant cette prime aux enseignants, les autres corps vont la réclamer ;

– l’État n’a pas d’argent ».

Les syndicats d’enseignants dénoncent la mauvaise foi du gouvernement ainsi que sa mauvaise volonté à accéder à leurs revendications en raison du mépris souverain qu’il a envers les enseignants. Balayant d’un revers de main les difficultés financières brandies urbi et orbi, les enseignants rétorquent : « que les moyens existent bel et bien au regard du gaspillage à ciel ouvert du bien public ; que les points de divergence ne sont pas tous d’ordre financier. Mieux que les points qui ont fait l’objet d’accord l’ont été depuis deux ans ou plus, mais que le gouvernement n’a pas honoré ses engagements sur lesdits points ».

C’est pourquoi ils estiment que le gouvernement doit être tenu seul responsable de la crise parce que « l’école des enfants des pauvres n’est pas une priorité pour les autorités du Mali ».

Pour les enseignants dont les conditions de vie et de travail sont plus que précaires et qui rappellent aux autorités leur promesse de revaloriser la fonction enseignante, estiment que celle-ci (fonction enseignante) « ne saurait être un pis-aller ». Les syndicats d’enseignants considèrent que le gouvernement a fait preuve d’amateurisme et de négligence dans la gestion de leurs revendications. Toutes choses qui dénotent de l’indifférence du Gouvernement face à leurs problèmes. Aussi, dénoncent-ils ce qu’ils appellent « le mépris du gouvernement envers les enseignants du Mali, la légèreté et le manque de sérieux de la part du gouvernement lors des négociations autour de nos différents points de revendication ».

Bien que se disant « ouverts au dialogue » et décidés à rester dans cette dynamique, les syndicats de l’Éducation signataire du 15 Octobre 2016, refusent de céder aux intimidations, aux menaces et pressions de toute nature de la part du gouvernement. Aussi, maintient-ils leur préavis de grève qui rappelons-le va :

-du lundi 11 au vendredi 15 mars 2019,

-du lundi 18 au vendredi 22 mars 2019

-et du lundi 1er avril au vendredi 5 avril 2019 inclus.

Cette grève qui commence ce lundi jusqu’au 5 avril fait suite à celles observées du :

-du 19 au 21 décembre 2018 ;

-du lundi 21 au vendredi 25 janvier 2019 ;

-du mercredi 13 au vendredi 15 février 2019 ;

-du lundi 18 au vendredi 22 février 2019 ;

-du lundi 25 février au 1er mars 2019.

Le Mali pourra-t-il répondre aux normes internationales de validation d’années scolaires ?

Certainement non pour l’année scolaire 2018-2019. Une année déjà handicapée au début par une rentrée tardive, la grève des promoteurs des écoles privées, l’orientation tardive des candidats admis à l’examen d’obtention du diplôme d’études fondamentales «DEF», les sorties des élèves, l’insécurité dans le Nord et le centre du Mali (des milliers d’écoles fermées), la grève des enseignants… D’échecs en échec, l’année blanche est presque inévitable.

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