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Sit-in devant la Primature: le handicap, un handicap au recrutement
Publié le lundi 11 mars 2019  |  Info Matin
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L’association des personnes handicapées du Mali, qui est à couteaux tirés avec le gouvernement, appelle, ce lundi matin 11 mars 2019, ses militants et sympathisants des 6 communes de Bamako, Kati, Baguinéda, Koulikoro, Ouéléssébougou, Sénou, Kalabancoro… à un sit-in devant la Primature.

Les personnes vivant avec un handicap entendent protester contre le refus, depuis mars 2012, par le gouvernement malien, de respecter la loi permettant l’intégration spéciale des personnes handicapées à la fonction publique en compensation de la discrimination, dont fait l’objet cette catégorie de personne quant à leur accès à l’emploi dans plusieurs domaines.

A travers cette manifestation, ils entendent fustiger le non-respect par le Ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Hamadoun KONATE de ses engagements en faveur des personnes handicapées.

Mais leur protestation s’adressera devant la Primature à l’hôte des lieux, le Chef du gouvernement Soumeylou Boubeye MAIGA, qui en juillet 2018, avait promis aux handicapés de régler en une semaine leurs problèmes. De quoi s’agit-il ?

Suite à une marche des diplômés en situation de handicap en 1997, le Premier ministre d’alors, Ibrahim Boubacar KEITA, sur la base de la Convention N°159 du BIT sur la réadaptation professionnelle et l’emploi des personnes handicapées, ordonne l’intégration d’eux tous dans la fonction publique et la mise en place d’un fonds doté de 100 000 000 de FCFA pour la création des activités génératrices de revenus (AGR) en faveur des personnes handicapées non diplômées.

Ce geste hautement salutaire a fait un effet domino dans la sous-région puisque bon nombre de pays sont venus s’inspirer de l’exemple malien pour trouver un palliatif à l’emploi des personnes handicapées. Mais voilà, depuis 2012, c’est le retour à la case départ. Le régime du président ATT (avec le Premier ministre Mariam Kaïdama SIDIBÉ) avait approuvé l’intégration d’une liste de 70 personnes, ainsi que son élargissement que les autorités de la remis en cause l’intégration des personnes handicapées diplômées dans la fonction publique. En dépit des démarches menées par la Fédération malienne des Associations de Personnes Handicapées (FEMAPH) pour expliquer le bien-fondé de cette intégration directe dans la fonction publique, c’est un niet du gouvernement.

À partir de 2013, le premier gouvernement du président IBK a voulu instituer un système de quota réservé aux handicapés diplômés, qui ne prend pas en compte le respect des droits de ceux-ci. Par exemple, les non-voyants ne pouvaient participer à aucun concours parce qu’aucune mesure d’accompagnement n’est prise pour les amener à concourir. Pire, le système proposé créait une inégalité et une injustice dans l’intégration professionnelle de ces diplômés, car toutes les spécialités ne sont pas concernées. Enfin, le quota dont il est question n’était même pas spécifié. Depuis son instauration, on a assisté qu’à un recrutement timide des handicapés.

Par lettre No. 000417/MTFPSG adressée à la FEMAPH, en date du 18 avril 2016, le ministère du Travail, de la Fonction Publique et de la Réforme de l’État, chargé des relations avec les Institutions remettait ouvertement en cause l’intégration des handicapés dans la fonction publique. Dans cette lettre, Mme Diarra Raky TALLA disait que les précédentes intégrations étaient des faveurs et qualifiait tacitement les personnes handicapées d’inaptes.

Faute d’interlocuteurs, et face à l’injustice qui les mettaient dans le désarroi le plus complet, les personnes handicapées ont saisi le président IBK, à travers une lettre ouverte en février 2017 avant de mener plusieurs marches et sit-in.

Après un sit-in devant son ministère, le 5 octobre 2016, constatant l’agitation des handicapés, Mme Diarra Raky TALLA les reçoit et leur a affirmé : « seule une volonté politique pouvait résoudre notre problème d’emploi ».

Ballotés de ministère en ministère, les handicapés ne voient pas toujours le bout du tunnel. Leurs revendications ?

Elles sont au nombre de 5 : le rétablissement de l’intégration directe à la fonction publique ; l’approbation de la liste des 70 de 2012 ainsi que son élargissement ; l’emploi des handicapés ayant fait des études de la langue arabe ; le financement des activités génératrices de revenus pour les handicapés non diplômés ; le recrutement des handicapés dans le barreau.

Le 10 mai 2018, l’Assemblée nationale adopte la loi de protection des handicapés (environ 2 millions de personnes au Mali), dont l’objectif est de promouvoir et de protéger des personnes vivant avec un handicap, d’octroyer une assistance adaptée avec des mesures de protection sociale particulières et de prendre en compte de la dimension handicap dans les politiques et plans d’action sociale.

C’est l’aboutissement de 20 années de lutte pour certains. La Fédération malienne des personnes handicapées, lors d’une conférence de presse animée mardi 15 mai 2018 s’en réjouit et demande aux autorités de l’appliquer immédiatement pour que la Convention des personnes handicapées puisse être une réalité au Mali.

De marches en sit-in, une lueur d’espoir en juillet 2018, en pleine campagne présidentielle. L’association des handicapés est reçue par le Premier ministre Soumeylou Boubèye MAÏGA qui les rassure en donnant des promesses fermes après celles de Mme Diarra Racky TALLA et de Hamadoun KONATÉ.

C’est pour se faire encore entendre et sensibiliser sur l’injustice qui les frappe et la violation par le gouvernement des lois qu’il a fait adopter et conventions qu’il a ratifié que les personnes handicapées appellent, ce lundi matin à un grand sit-in devant la Primature pour que le handicap cesse d’être un handicap pour l’intégration des handicapées dans la fonction publique.

Affaire à suivre…

Par Abdoulaye OUATTARA
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