Ce lundi 11 mars 2019, aux environs de 9 heures, la police a violemment dispersée une manifestation des jeunes diplômés handicapés sans-emplois, venus interpeler le chef du gouvernement devant la Cité administrative.
A l’appel du Comité scientifique pour l’emploi des jeunes diplômés handicapés, ils étaient quelques dizaine de manifestants à bloquer l’entrée principale de la Cité administrative.
Tôt le matin, la manifestation est partie du siège de la Fédération malienne de sports pour personnes handicapées (FEMASH), située en face du camp du Génie militaire, pour la Cité administrative où les marcheurs se sont regroupés en sit-in devant l’entrée principale.
Dans un premier temps, la police qui assurait la sécurité des lieux avait demandé bonnement les manifestants à dégager le plancher. Face au refus et à la détermination de ses derniers, les forces de sécurités n’ont pas hésité à charger à coup de gaz lacrymogène et de matraque. Le Bilan fait état de 4 blessés dont un grave, et une moto, appartenant à l’un des manifestants, saccagée.
L’un des manifestants, Sékou KONE, a reçu un projectile au milieu du crane laissant ouverte la partie.
A notre passage, la victime saignait encore, car sa blessure était restée sans soins une heure après la manifestation.
Visiblement agacés par la procédure de leur intégration à la fonction publique de l’Etat qui traine depuis 2012, les jeunes diplômées handicapés, après un sit-in devant le ministère du Travail et de la Fonction publique, ont décidé de passer à la vitesse supérieure (faire un sit-in devant la Primature), hier lundi. Mais, c’était sans compter avec le zèle des forces de l’ordre qui ont décidé de dégager tous les manifestants sans ménagement.
A l’issue des échauffourées, le porte-parole du Comité d’organisation de ce sit-in, Chaka COULIBALY, a exprimé sa surprise face à cette réaction inattendue de la police.
«Ça montre tout simplement l’image de l’Etat dans lequel on vit aujourd’hui, qui ne respecte aucun droit, aucun humain. Ça a été une surprise. D’ailleurs, on pense que nous ne sommes pas capables d’être un danger pour ce pays, on est venu simplement faire un sit-in qui a été décidé démocratiquement. Les objectifs étaient définis, mieux, on a fait toutes les démarches possibles par rapport à cette manifestation», s’est-il indigné.
Absent des lieux, le président de la Fédération malienne des associations de personnes handicapées (FEMAPH), Moctar BAH, qui n’apprécie pas l’initiative de cette marche par les jeunes, a tout de même condamné l’emploi de la violence contre des gens qui manifestent pacifiquement. Et surtout quand on sait que ceux-ci sont des personnes handicapées.
Pour lui, les manifestations de rue ne sont pas forcément la meilleure voie pour faire aboutir ce combat.
Toutefois, il a rappelé qu’après l’adoption de la loi de protection des personnes handicapées par l’Assemblée nationale, et sa promulgation par le président de la République, les rencontres se sont multipliées ces dernier temps entre le gouvernement et la FEMAPH autour des modalités d’applications.
D’ailleurs, a-t-il fait savoir, une dernière rencontre est prévue ce mercredi pour finaliser les derniers réglages ouvrant la voie au Conseil des ministres de prendre le Décret d’application. A en croire M. BAH, l’adoption de ce Décret permettra de trouver des solutions durables aux nombreux problèmes que rencontrent au quotidien les personnes handicapées.
Par Abdoulaye OUATTARA et Joseph M. DAKOUO (Stagiaire)