Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

El Hadji Djime Kanté, président de l’AGSS-Mali : « Il est urgent de reloger les déplacés »
Publié le mercredi 13 mars 2019  |  info soir
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse de l’UNTM
Bamako, le 12 avril 2017 l’UNTM a tenu une Conférence de presse à la bourse de travail
Comment


Dans une interview accordée à notre reporter en marge du point de presse qu’il a animé, le mercredi 6 mars 2019, en collaboration avec l’AJCAD sur le site des déplacés de Faladié, El Hadji Djimé Kanté, président de l’Association globale santé et solidarité au Mali (AGSS-Mali) évoque les souffrances des déplacés et dénonce la réaction timide du Gouvernement.

Info Soir : Vous avez invité la presse à un point de presse ce matin sur le site des déplacés de Faladié. Pourquoi ce point de presse et pour quel objectif

El hadji Djimé Kanté : Nous sommes là ce matin pour alerter l’opinion nationale et internationale sur la situation des déplacés du centre qui habitent sur des tas d’ordures au milieu des animaux dans le parc de bétails de Faladié. C’est des gens qui ne sont pas là par plaisir venir installer sur les dépôts d’ordures. Ils sont là parce qu’ils ont une certaine affinité avec ceux qui exercent leurs petites commerces ici.

A ce jour, nous avons pu identifier plus de 90 ménages soit un demi-millier de personnes qui vivent sur ce site. Mais, nous avons, malheureusement aussi, enregistrés plusieurs cas de décès.

En faveur des déplacés, nous avons déjà à notre actif plusieurs activités d’assistance parmi lesquelles figurent l’assainissement et l’administration des soins médicaux. Nous avons appelé la presse pour faire un plaidoyer auprès des plus hautes autorités maliennes. Parce que nous avons sur ce site nos frères et sœurs qui manquent de tout. Ils ont besoin d’un endroit sain, de l’eau potable et de l’électricité. Nous voulons tisser autour de ces Maliens éprouvés une chaîne de solidarité afin qu’ils se sentent mieux. C’est pourquoi, en partenariat avec l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté active et la Démocratie (AJCAD), nous avons décidé de faire venir la presse afin que l’information soit relayée auprès des autorités afin qu’un autre site approprié soit trouvé. Je rappelle que nous avons déjà aménagé un endroit où il y a une école, une infirmerie, de l’eau potable et de l’électricité pour les accueillir. A ce jour, je pense qu’il est important et urgent de reloger ces déplacés. Les laisser vivre ici au milieu des tas d’ordures est inimaginable et insoutenable.

Quelle est la part de responsabilité de l’Etat dans les conditions de vie de ces déplacés ?

Tout ce que nous faisons aujourd’hui, nous le faisons par délégation de pouvoir en tant qu’association. Nous avons été dotés de récépissé juste pour aider l’Etat. C’est l’Etat qui a la responsabilité de donner à chaque citoyen des soins dignes et de sécuriser chaque citoyen. Et si l’Etat a failli à ses missions régaliennes, nous le comprenons. Mais son assistance ne doit pas faire défaut. Ce que nous déplorons le plus, c’est le fait qu’il y a beaucoup de communication autour de la situation des déplacés que d’actions. Nous ne sommes pas ici pas pour mettre un pays à genou à terre, mais juste pour permettre à la presse de constater par elle-même ce que les déplacés sont en train de vivre.



Faut-il comprendre que vous avez déjà approché l’Etat sur la question des préoccupations des déplacés et qu’il a refusé de vous accompagner ?

Bien sûr ! D’abord, l’existence des déplacés n’était même pas connue par l’Etat. Il ne l’a appris que lorsque nous avons envahi les réseaux sociaux pour dénoncer leur situation. Et aujourd’hui encore quand nous parlons de 90 ménages, l’Etat, lui parle de 30. Ce qui n’est pas vrai. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de donner le nom de chaque déplacé, son numéro de téléphone et la date de son arrivée. Nous avons approché l’Etat sur la question de leur cadre de vie pour voir comment l’améliorer. Pendant un moment, nous avons commencé les aménagements avec la Direction du Développement social qui est le bras armé de l’Etat en la matière. Nous saluons cet effort de sa part. Mais très vite après, nous avons remarqué que cet effort de la part de l’Etat était en train de s’arrêter. Des promesses de ravitaillement quotidien en eau potable et d’agrandissement du site avaient été faites. Mais, nous avons ensuite constaté que les déplacés ne sont ravitaillés qu’une fois tous les trois jours. S’agissant de l’agrandissement du site, nous constatons aussi un recul.

Qu’est ce que vous attendez des autorités maliennes ?

Nous voulons qu’elles comprennent que nous sommes tous des Maliens. Nous comprenons que l’Etat seul ne peut pas tout faire. Mais lorsque des citoyens de bonnes volontés se lèvent face à une situation comme celle des déplacés en détresse, il est important que l’Etat se manifeste à leurs côtés. Et cette manifestation de l’Etat ne doit pas être une manifestation semblant. Nous parlons d’un Etat qui vient au secours des citoyens en détresse, d’un Etat qui vient avec le Génie militaire pour assainir, d’un Etat qui engage l’EDM et la SOMAGEP pour fournir l’électricité et l’eau. Nous voulons juste sentir l’Etat, le vrai et non le semblant.

A ce jour, nous avons reçu les garantie d’un particulier prêt à mettre 5 hectares à la disposition des déplacés à Sénou. Nous avons déjà commencé son aménagement et nous voulons que l’Etat nous accompagne.

Le ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire à travers la Direction nationale du Développement social a dépêché des agents sur le site qui prennent en charge certains besoins des déplacés, mais c’est assez peu, c’est très insuffisant.

Aujourd’hui, nous regrettons la mort de ce petit enfant qui aurait être sauvé si les autorités sanitaires étaient venus voir au moins les conditions de vie des déplacés.

Nous aurions pu aider cette jeune femme qui a perdu sa grossesse si une véritable prise en charge par l’Etat avait été mise en place. Il est urgent qu’on corrige ces lacunes afin de leur apporter un peu de soulagement. C’est des gens qui ne cherchent pas le luxe. Ils sont habitués à vivre dans la nature avec des petits moyens. Mettre un petit 30 000 F CFA à la disposition de chaque manage n’est pas quelque chose d’infaisable. Ils ne sont pas là par gaieté du cœur. Mais parce que tout simplement chez eux, on leur tue. Quand ils voient les groupes armés, les djihadistes et parfois même l’armée malienne, ils fuient. Lorsqu’ils viennent à Bamako, tout juste à côté de nous, il est important que nous soyons là à les écouter et à les assister.

Recueillis par Youssouf Z KEITA
Commentaires