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Décharge d’ordures de Lafiabougou : Le calvaire des riverains
Publié le mercredi 13 mars 2019  |  Le Démocrate
Evacuation
© aBamako.com par FS
Evacuation des tas d`ordures de Daoudabougou et Bacodjicoroni
La mairie de la commune V de Bamako a procédé le Lundi 9 Janvier 2017 à l`évacuation des tas d`ordures de Daoudabougou et de Bacodjicoroni.
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Les familles riveraines du dépôt d’ordures de Lafiabougou, en commune IV du District de Bamako, peinent à trouver une réponse concrète à ce mal récurent. A chaque évacuation des ordures, pousse sur le site, un autre tas plus monstrueux que le précédent. Un mal ne venant jamais seul, les travaux de la construction d’un dépôt moderne sur le site, qui avaient suscité un grand espoir chez les populations, sont aux arrêts depuis plus d’un mois. Face à cet espoir déçu ou du moins qui peine à se concrétiser, des citoyens riverains ont décidé de se confier à nos reporters



Samba Traoré: « A cause de cette montagne d’ordures, toutes nos vieilles personnes sont décédées »

Pour nous les familles riveraines, cette montagne d’ordures est la pire des punitions qui nous a été infligés par les autorités maliennes. A cause de ce tas d’ordures, toutes nos vieilles personnes sont décédées. Les moustiques n’épargnent personne. Nous cohabitons avec toutes sortes d’insectes aux piqures mortelles. Nous respirons jour et nuit de la mauvaise odeur. Bref, nous vivons dans l’enfer. Même moi qui vous parle, je suis en état de convalescence. Ici, tout le monde est malade, hommes, femmes et enfants. Faites un tour dans les familles riveraines de ce tas d’ordures, il n y a plus de personnes âgées. Elles sont toutes mortes à cause de la mauvaise odeur, du paludisme chronique, ou par le venin d’autres insectes.



Moussa Kéita : « Sous ces ordures se trouvent toutes sortes d’armes et de drogues »

L’attitude des autorités quant à la gestion du tas d’ordure de Lafiabougou est révoltante. Chaque jour, nous en parlons. Mais, jamais nos cris de cœur n’ont été entendus par les autorités. Et la raison est simple. Elles n’ont aucun membre de leurs familles qui vit les peines que nous subissons ici. Parce que, c’est comme ça que les problèmes se gèrent au Mali. Nous continuons à gérer au quotidien les conséquences de l’incompétence de nos autorités qui n’arrivent pas à nous débarrasser ces immondices. Nous subissons toutes sortes de malheurs et de dangers à cause de ces ordures. Les familles sont constamment malades et vivent dans l’insécurité totale. Pour preuve, au-delà de 21 heures, nous ne pouvons plus sortir de nos concessions au risque de nous faire braquer par les bandits armés. Car, le tas d’ordures de Lafiabougou est aussi devenu un nid pour les bandits de grand chemin qui viennent, régulièrement, cacher leurs butins sous les ordures. Sous ces ordures se trouvent, aujourd’hui, toutes sortes d’armes et de drogues.



Paul Coulibaly: «Tous nos locataires ont fait leurs bagages pour aller ailleurs»

A cause des ordures, nos maisons se sont vidées de leurs locataires. Tous nos locataires ont fait leurs bagages pour aller ailleurs. Il n’y a pas un seul propriétaire de maisons qui tirent les bénéfices du loyer. Au-delà, nous sommes obligés de nous fermer dans nos chambres pour pouvoir manger à cause des mouches. Des mouches envahissent nos femmes dans la cuisine. Pire, ici, nous n’avons pas le privilège naturel de nous asseoir au « grin » tant les moustiques dérangent. Et cela à n’importe quelle heure de la journée et de la nuit. C’est le calvaire 24/24. Quand nous voulons organiser des cérémonies, nous sommes obligés, pour respect pour nos invités, d’aller trouver un espace très loin de chez nous pour les tenir. Bref, il n’y a pas de vie autour du tas d’ordures de Lafiabougou. Et nous n’avons personne pour compatir à nos souffrances.

Nous voulons que le site de Lafiabougou soit totalement libéré. Mais dans l’urgence, nous demandons aux autorités à venir procéder à la distribution des médicaments et des moustiquaires aux populations riveraines qui meurent fréquemment à cause du paludisme chronique.



Mariam Sangaré : « Nous sommes condamnés à faire les frais de ces ordures tout le restant de notre vie »

Nous sommes condamnés à faire les frais de ces ordures tout le restant de notre vie. Tous nos espoirs de voir nos familles débarrassées de ce tas d’ordures tombent au moment de sa concrétisation. Pour preuve, nous avons cru que la construction du dépôt de transit moderne allait à apporter une solution définitive et rapide à nos souffrances. Mais, la réalisation de ce chantier tant vanté par les autorités ne semble pas être pour demain. Les travaux sont arrêtés depuis plus d’un mois. Et personne ne connaît les raisons. Je crains que l’argent prévu pour cela n’ait été déjà utilisé pour d’autres fins. C’est ça le Mali malheureusement ! L’argent, destiné à soulager une pauvre population sans défense, est toujours détourné par les plus nantis.

Réalisé par Youssouf Z KEITA
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