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Rébellion au Mali : Normand charge la France, le MNLA évoque « une stratégie de promotion d’un livre »
Publié le jeudi 14 mars 2019  |  Studio Tamani
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« La France a manqué l'occasion en 2013, de neutraliser tous les groupes armés du Nord du Mali. Elle a ajouté du désordre au désordre ». Cette déclaration est de Nicolas Normand, ancien ambassadeur de la France au Mali entre 2002 et 2006. L’ex diplomate, qui était « l’invité Afrique » de RFI ce jeudi 14 mars 2019, vient de publier un nouvel ouvrage intitulé « Le Grand Livre de l’Afrique ». Il accuse la France de « donner Kidal aux séparatistes ». Officiellement, la France n’a pas réagi à ces accusations. Mais pour le MNLA, l’objectif de l’ex ambassadeur est d’ « inciter les gens à lire son livre ».

Dans cet ouvrage, l’ancien diplomate français au Mali, Nicolas Normand, a estimé que l’opération serval aurait pu être une bonne initiative si elle avait empêché la progression des groupes djihadistes dans le pays. Selon lui, la France a choisi le mauvais collaborateur dans cette affaire. « La France avait cru distinguer des bons et des mauvais groupes armés. Certains qui étaient perçus comme politiques et d'autres qui étaient perçus terroristes. Et l’armée française est allée rechercher ces groupes. C’était le MNLA à l’époque. Ces séparatistes touaregs d'une tribu particulière qui était minoritaire au sein même des Touaregs, c’est à dire les Ifogass », analyse Nicolas Normand. Avant d’ajouter : « à ce groupe on a donné la ville de Kidal et ensuite ultérieurement il y' a eu les accords d’Alger qui mettent sur une sorte de pied d’est-al ces séparatistes à égalité en quelques sortes avec l’état du Mali ».

L'ex-ambassadeur a également remis en cause l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Selon lui, ce document privilégie un groupe signataire au détriment d’un autre.

« Le problème de l'accord d'Alger c’est qu’on a donné un statut fort avantagé et toutes sortes d'avantages matériels aux signataires que les groupes majoritaires non touaregs se sont sentis un peu menacées. Donc, tout le monde s’est armé. Le fait qu'ils puissent garder leurs armes jusqu'à la fin du processus et sont toujours pas désarmés pour l'essentiel, a créée une sorte d’instabilité dans la région », constate l’ancien ambassadeur de France au Mali.

Et comme porte de sortie à cette crise, le diplomate français, propose de faire recours aux politiques ancestrales. D'où son exemple sur ce pays de la sous-région : « le Ghana, c’est un exemple de réussite où les chefs traditionnels ont gardé certains pouvoirs locaux, fonciers et juridiques. Alors on peut s’inspirer de ça », recommande Nicolas Normand.

Selon certains observateurs, cette déclaration de Nicolas Normand peut avoir des impacts positifs dans la réorientation de la politique française au Mali et dans le Sahel. Pour André Bourgeot, directeur de recherche au CNRS de Paris, « cette sortie permettra de contribuer aussi à une prise de conscience de la part de la France vis à vis des ex-rebelles qui ne respectent pas, selon lui, les consignes de l'accord pour la paix ».

La France n’a pas officiellement réagi à ces accusations de son ancien diplomate. Mais pour la CMA, l’ex ambassadeur de la France est en « déphasage totale avec les faits de l’époque auxquels il fait allusion ». Selon certains responsables de la Coordination des mouvements de l’Azawad, cette sortie de l’ex diplomate vise seulement à « faire la promotion de son livre, mais surtout relèverait, selon eux, de la géostratégie politique ».
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