Bamako, - Plusieurs militaires maliens ont été tués dimanche à l’aube lors d’une attaque de présumés jihadistes contre un camp de l’armée dans le centre du Mali, ont annoncé les Forces armées maliennes, alors que des sources sécuritaires et militaires évoquent un "lourd" bilan privosire d’au moins huit morts.
Le camp des Forces armées maliennes (FAMa) de Dioura est situé dans une zone où est active depuis plusieurs années la katiba (cellule combattante) Macina, liée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), entre la capitale régionale, Mopti, et la frontière mauritanienne.
Ce camp "a été attaqué ce matin aux environs de 06H00 (GMT et locales) par des terroristes. Les combats ont causé des pertes des deux côtés. A l’heure actuelle, l’aviation militaire survole la localité et des renforts terrestres sont en mouvement. L’évaluation de la situation est en cours sur le terrain", ont indiqué dans un communiqué les FAMa.
L’armée ne donne pas de bilan.
"Toutes nos pensées pour les fiers soldats de l’Armée malienne tombés ce jour à Dioura dans l’accomplissement de leur mission de sécurisation des biens et des personnes face à un ennemi lâche. Le Mali et son Peuple sont unis et déterminés contre ces actes ignominieux", a réagi en fin de journée la présidence malienne, sans donner de bilan, dans un tweet signé "IBK", les initiales du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta.
Une source sécuritaire malienne a évoqué "un lourd bilan d’au moins huit morts". "Il y a des militaires qui sont morts, d’autres disparus, d’autres blessés. Je ne veux pas non plus confirmer ou infirmer le chiffre de 15 militaires tués. Un homme vu couché n’est pas forcément mort".
Arrivé à moto et à bord de véhicules
Selon une source militaire malienne, le camp a été attaqué par un "commando arrivé à moto et à bord de véhicules". "Nos hommes ont riposté. Moi, j’ai vu au moins quatre corps par terre. On n’a pas de bilan précis, mais il y a beaucoup de dégâts", a précisé une autre source militaire malienne.
Selon une source sécuritaire étrangère, des "vérifications" sont "en cours pour confirmer ou pas le chiffre d’au moins 15 morts" avancé par des habitants de Dioura.
Malgré la mission des Nations unies au Mali (Minusma), une forte présence militaire française et la création de la force militaire régionale G5-Sahel, les violences jihadistes persistent dans le pays, avec 237 attaques recensées en 2018, selon l’ONU.
Il y a près d’un an, le 6 avril 2018, l’armée malienne avait indiqué que "14 suspects terroristes" avaient été tué "suite à une présumée tentative d’évasion" à Dioura, où ils avaient été arrêtés la veille avant d’être remis à des militaires maliens. Une association peule et des proches avaient dénoncé des "exécutions sommaires".
Les autorités maliennes et les forces internationales avaient espéré une baisse des violences dans le centre après avoir donné pour mort fin novembre le chef de la katiba Macina, le prédicateur radical peul Amadou Koufa. Mais il est "vraisemblable" qu’il soit toujours en vie, a concédé l’état-major français après l’apparition récente dans une vidéo d’un homme présenté comme Amadou Koufa.
Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
islamistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues dans le centre et le Sud et le phénomène déborde sur les pays voisins, le Burkina Faso et le Niger. Ces attaques se mêlent à des conflits intercommunautaires, qui ont fait plus de 500 morts parmi les civils dans le centre en 2018, selon l’ONU.
Depuis l’opération contre le groupe d’Amadou Koufa, les violences se sont poursuivies dans le centre. Six militaires maliens ont été tués mardi: leurs véhicules ont sauté sur une mine dans la région de Mopti.
Deux soldats français de la force Barkhane avaient été grièvement blessés quelques jours plus tôt dans leur campement temporaire près de la frontière du Niger.
L’unité française avait été la cible d’une "attaque complexe" ayant débuté avec l’explosion d’un véhicule piégé, repéré puis stoppé par des tirs "à trente mètres des militaires de Barkhane" et qui s’est poursuivie avec l’irruption d’"une quinzaine de combattants terroristes sur des motos, repoussés par des tirs" français, selon l’état-major français.