Sept ans, après le complot international, avec la France comme tête de proue, contre le Mali, les langues commencent à se délier en étalant au grand jour la supercherie de la Communauté internationale dans la crise malienne. Nicolas Normand, l’ancien Ambassadeur de France au Mali, n’a pas porté de gants pour dénoncer le double jeu de la France dans la crise au nord du Mali. Si cette interview a renforcé beaucoup d’observateurs dans leur conviction que l’intervention française a causée plus de tort au Mali que de bien, elle a suscité une levée de boucliers au sein de la CMA.
Tout est parti d’une interview que l’ancien Ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand, a accordée à notre confrère de RFI, sur son livre : « Le grand livre du Sahara ». Dans son ouvrage, il affirme qu’au Mali, le chaos résulte d’une succession de faux-pas de la diplomatie française. Nicolas Normand a critiqué la politique malienne de Paris, affirmant que les autorités françaises ont aggravé la situation par leur soutien, en 2012, aux séparatistes touareg du MNLA dont la ramification est aujourd’hui la CMA. Ce dernier qualifie le groupe de « bande de narco-sécessionnistes ». Lequel soutien aurait pu provoquer l’éclatement du Mali.
Nicolas Normand n’a pas remis en cause la pertinence de la décision de lancer en 2013 l’opération Serval, mais pense que c’était une erreur stratégique de soutenir certains groupes au détriment d’autres. Selon lui, la normalisation de la situation devait passer par la neutralisation de tout le monde. « D’abord, dans le cadre de Serval, on avait cru bon de faire un distinguo entre les différents groupes armés. En réalité, il n’y a pas de bons groupes armés dans un Etat démocratique. Et chacun aurait dû être neutralisé ou au moins contraint à un désarmement immédiat », soutient Nicolas Normand.
L’ancien diplomate français estime ainsi que c’était particulièrement une erreur d’avoir favorisé « considérablement » la faction touareg sécessionniste quasi réduite à néant sur le terrain au détriment de Bamako, des autres factions touareg non sécessionnistes et des autres communautés non touareg, pourtant majoritaires dans le nord malien. Pour lui, « l’appui français aux Ifoghas sécessionnistes a suscité la création de groupes armés touareg pro-Bamako et, aujourd’hui, ces deux factions ne cessent de s’affronter, notamment pour le contrôle de Kidal et sa région, dans une ″lutte de castes″ doublée d’une concurrence pour le narcotrafic ». Le diplomate a même ajouté que les Ifoghas, la haute classe, mais ultra minoritaire traineraient les pieds dans la mise en œuvre de accord dont l’aboutissement est la tenue des élections qu’ils ne pourront jamais gagner. C’est surtout cette dernière affirmation qui a provoqué l’ire des membres de la CMA qui disent ne pas comprendre comment peut-on mettre en doute leur volonté d’aller à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation pour laquelle ils se battent depuis plus de quatre ans.
En somme, au-delà de l’interview et de la réaction de la CMA, ce livre lève un coin du voile, celui du double jeu de la France dans la crise malienne. Il interpelle tout patriote à s’interroger sur la raison de la présence de la Communauté internationale aux côtés du Mali et surtout celle de la France qui briment la majorité du peuple au détriment d’une infime minorité.