Ancien ministre, principal négociateur des pourparlers ayant conduit à l’accord de l’Ouaga, Tiébilé Dramé a tenu à rétablir certaines vérités historiques. Il réagissait à l’interview de Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali.
Interview intéressante contenant des vérités mais aussi des affirmations approximatives. Un peu de vigilance et de discernement !
Exemples:
1-Vrai : Serval aurait dû aider nos FAMAS à entrer à Kidal et désarmer les groupes non gouvermentaux ;
2-Il n’est pas vrai de dire que la rébellion déclenchée en janvier 2012 était une rébellion Ifoghas. Même si le secrétaire général du groupe armé était l’Ifogas Bilal Ag Chérif, le MNLA était essentiellement animé par des cadres Idnanes, Chemanamass, Imghads et Idawsaqs. Leur agenda était loin de la préservation du système féodal ;
3-L’Accord d’ Alger n’a pas été négocié (signé) par des “seconds couteaux”: les principaux leaders de tous les groupes du Nord étaient à Alger pendant toute la durée des pourparlers;
4-Le fait que des signataires de l’Accord d’ Alger soient des séparatistes et d’autres des non séparatistes ne résulte pas des rivalités inter-touaregues. C’est trop court, ce n’est pas exact ;
5-L’entrée en scène des non séparatistes remonte aux négociations inter-maliennes de Ouagadougou. Elle procède du principe de l’inclusivité cher à l’équipe malienne de négociations qui a insisté et obtenu que les représentants des sédentaires et des Arabes soient partie prenante du processus. Rien à voir avec des rivalités entre Touareg;
6-Pour le reste, d’ accord avec Normand: la finalité de l’Accord, c’est le désarmement, d’accord sur la nécessité d’un “État régalien”;
7-D’ accord aussi qu’au retour de Ouaga, il aurait fallu cantonner et désarmer, faire revenir l’État et ses démembrements avant toute élection. A qui le dit-on?
8-Enfin : ne l’oublions jamais : la mère de tous les accords signés dans le cadre des rébellions successives est l’Accord de Tamanrassett conclu et signé le 6 janvier 1991.Sa gémellité avec le Pacte National (avril 1992), l’Accord d’ Alger (juin 2006) est frappante.
Celui signé à Bamako le 15 mai 2015 avec nous-mêmes (que Normand qualifie de non-séparatistes) ensuite, le 20 juin 2015 avec la CMA est le plus achevé. Celui de Ouagadougou (juin 2013) était un accord préliminaire, un accord de cessez-feu en vue de la tenue de l’élection présidentielle. Il n’était pas destiné à entrer dans le fond qui aurait dû être abordé ” 60 jours après la formation du nouveau gouvernement”