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L’école malienne en question : Que faire pour sortir de la crise endémique ?
Publié le lundi 18 mars 2019  |  L’Inter de Bamako
Marche
© aBamako.com par A S
Marche des enseignants
Bamako, le 6 mars 2019 les enseignants ont marché pour réclamer des primes
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«Rejeter la dépendance économique et l’aliénation culturelle, c’est n’importer que le strict nécessaire. Un meilleur équilibre général suppose la réduction du train de vie des mieux pourvus.» (Edgar Pisani).

Nul doute que depuis maintenant plusieurs décennies, la quasi-totalité des systèmes éducatifs ouest-africains végètent sous la coupe réglée du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM). Le constat amer c’est que tous ces systèmes éducatifs sont minés et secoués par des crises endémiques répétitives sans qu’il y ait jusqu’ici le moindre espoir d’en sortir.

En particulier, depuis le règne de Moussa Traoré où le Mali est passé sous la tutelle des institutions financières dites internationales, le système éducatif malien se trouve empêtré dans les grèves endémiques aussi bien des enseignants que des élèves et étudiants. Le phénomène est devenu effarant sous les ‘’démocrates maliens’’.

L’on rappelle avec amertume l’année blanche décrétée par le Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré en la personne d’Ibrahim Boubacar Keïta (aujourd’hui président de la République du Mali). Ce qu’il convient de retenir de ce Premier ministre, c’est qu’il avait cru aux ‘’vertus’’ de la violence pour juguler la crise scolaire qui secouait l’école malienne. Les grenades lacrymogènes ont fait leur temps, sans que l’école voit le bout du tunnel.



A son actif, il faut rappeler qu’il avait dit que leurs enfants étudient à l’étranger et que eux ils commandent aux pères de nos enfants et un jour leurs enfants reviendront diriger ceux qui sont restés au Mali. C’était en 1994. Il faut dire que cette déclaration était amère mais vraie. Sauf qu’il a oublié de dire à nos enfants (restés à l’école malienne) que c’est l’argent du contribuable malien qui leur permettait d’envoyer leurs enfants (les fils à papa) étudier dans les chères et somptueuses écoles européennes. L’école malienne a été tout simplement sabotée sous Alpha Oumar Konaré.

Avec ATT, les mêmes scénarios ont continué aux dépens de notre système éducatif national. Les élèves et étudiants ont connu les sorties intempestives les plus nombreuses. Pour comprendre jusqu’où le ministre de l’Education d’ATT en la personne de M. Amadou Touré s’est moqué de nos élèves, étudiants et enseignants, il a osé dire que le Mali n’a jamais aussi bien réussi le baccalauréat qu’en 2008 (en faisant surveiller les épreuves écrites et corriger les copies d’examens par n’importe qui, devrait-il ajouter).

Avec IBK, les grèves syndicales font légion dans notre pays et cela depuis son premier mandat. En tout cas, l’année scolaire 2018-2019, à l’image de 2017-2018, n’augurent pratiquement rien de particulier. Ce qu’il faut dire à ce jour, c’est que les lignes ne semblent pas bouger au sujet des grèves syndicales. De plus en plus, il faut se demander si l’on ne s’achemine pas vers une année blanche. Que Dieu nous en garde ! Au regard de ce risque d’année blanche, une question court sur toutes les lèves comme depuis belle lurette à savoir ‘’comment sauver l’année scolaire ?’’.



Pour nous, le problème ne doit pas être de sauver l’année scolaire mais bien plutôt l’école malienne en proie aux turpitudes politiciennes et aux averses du FMI et de la Banque mondiale afin qu’enfin l’école revienne à l’école et que la politique la laisse tranquille. Que faut-il donc pour sortir notre système éducatif de sa crise chronique ?

Comme le dirait un philosophe, homme de droit et économiste allemand «Nous ne disons pas au monde: voici la vérité, agénouez-vous !». Nos propositions ne sont pas des poulets rôtis qui ne demandent qu’à être dévorés. Il faut enfin et maintenant une réelle volonté politique pour servir autrement notre système éducatif. Cette volonté politique suppose pour nous:

Les états généraux de l’école malienne. Certes, il y en a eu mais tous ont un dénominateur commun: ils se sont tenus pour ne pas servir utilement l’école malienne.

Il faut, à la lumière de ces états généraux qui n’en seront pas de plus, des concertations nationales pour qu’enfin le peuple malien passe au peigne fin les problèmes concrets de l’école malienne en vue d’adopter des solutions exclusivement nationales. Ces concertations feront totalement abstraction de la moindre image du FMI, de la BM et de la France coloniale qui ne peuvent œuvrer pour la bonne santé de notre système éducatif national parce que spoliatrices de notre société et de sa diversité culturelle.

Ainsi, il sera impérieux de soustraire l’école malienne des Programmes d’ajustement structurel (PAS), sans quoi il ne peut y avoir d’issue favorable pour notre système éducatif.



Edgar Pisani nous a dit ceci: «Rejeter la dépendance économique et l’aliénation culturelle, c’est n’importer que le strict nécessaire. Un meilleur équilibre général suppose la réduction du train de vie des mieux pourvus.»

Il faut donner absolument réduire substantiellement le train de vie d’une bourgeoisie nationale arrogante qui vit de la sueur et du sang du peuple malien. C’est bien là un impératif catégorique quand on sait que les mieux pourvus au Mali sont ceux qui ne travaillent pas et que les plus démunis sont les seuls travailleurs de jour comme de nuit.

Pour mieux équilibrer le jeu financier au Mali, il faut l’audit de la nation. L’avantage de cette mesure est de contribuer efficacement à la lutte véritable contre la corruption et la délinquance financière qui rongent dangereusement les fondements de la République et donc de notre système éducatif national.

Où trouver les fonds pour venir à bout de la crise endémique de l’école malienne ? Il importe que l’Etat malien arrête sans délai le gâchis financier et donc le financement d’associations et de structures non étatiques comme le Haut Conseil islamique (HCI), la Coordination des Associations et ONG Féminines (CAFO), le Conseil national de la société civile (CNSC), l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), les imans, les trois familles fondatrices de Bamako, des partis politiques, de la presse. Aussi, il convient d’arrêter sans délai les financements occultes dont bénéficient ce que les politiciens aiment appeler ‘’les femmes leaders, les jeunes leaders, les hommes leaders, les artistes’’.

Le constat est amer: depuis l’avènement de la troisième République, l’argent du contribuable malien s’évapore pour des causes ineffables, non avouables. Indiscutablement, lorsqu’on met des structures en place, il se doit d’en avoir les moyens sans que ceux-ci soient puisés dans les caisses de l’Etat malien. Lorsqu’on créé des partis politiques ou des associations, on doit en assumer le fonctionnement. Mais au Mali, les partis politiques pullulent à cause des financements de l’Etat malien. Il appartient à ces partis politiques de s’occuper de leurs femmes leaders et jeunes leaders.

Si les politiciens s’empressent de soudoyer l’AEEM, c’est bien pour la manipuler à dessein et non s’occuper de la bonne santé de notre système éducatif. Cela, tout le monde l’a clairement compris aujourd’hui. Si nos ministres et leur président de la République tiennent à honorer de leur présence les manifestations des leaders religieux, c’est pour avoir des électeurs; tout cela à un coût pour les caisses de l’Etat.

En clair, au lieu de s’occuper de leurs devoirs, les gouvernants maliens procèdent à l’achat des consciences, d’une manière ou d’une autre. Cet acte prouve à suffisance que ces politiciens maliens sont dénués de crédibilité véritable et donc du sens élevé du devoir patriotique national. L’école malienne ne sera sauvée que par le peuple malien lui-même.

Fodé KEITA

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