C’est avec une grande stupéfaction que l’opinion publique a appris une attaque du patron des patrons dirigée contre, dit- il, les fonctionnaires corrompus dans une opération de lutte contre la corruption dont se targue l’intéressé. En effet au cours d’une rencontre entre les membres du conseil national du patronat du Mali que dirige Mamadou Sinsy Coulibaly, il a dans son adresse attaqué systématiquement le Président de la cour suprême Nouhoum Tapily qui nommé sans ambages.
Les propos sont d’une dureté extrême, Sinsy parle en ces termes: «., “c’est le premier fonctionnaire le plus corrompu, le plus dangereux, un meurtrier reconnu de tous, un arnaqueur notoire, un racketteur qui a racketté nos entreprises, un individu infâme qui ne sait pas ce que c est la vertu, l’honneur et la dignité». Pire, il se dit disponible à mener une bataille pour faire démissionner le président de la plus haute institution judicaire du Mali.
Depuis cette sortie, qui a l’air d’une dénonciation, l’accusateur n’a apporté aucune preuve ou autres arguments pour étayer ses propos. Il est resté dans la simple énumération de supposés griefs. Ce qui pousse les observateurs à se demander comment une personnalité d’un tel rang peut se permettre une telle sortie sans justification profonde alors que des voies de dénonciation et de plainte sont prévues par le code pénal en cas d’infraction portant sur un tel cas grave de corruption.
Plusieurs observateurs de la scène pensent que le président du Groupe Kledu règle ses comptes avec ce vieux magistrat qui l’aurait par le passé mis en prison dans une ancienne affaire.
L’autre interrogation, c’est de savoir pourquoi, Mamadou Sinsy Coulibaly choisit le moment où l’on parle de l’apaisement du climat politique et social pour relâcher cette bombe médiatique.
La méthode de la dénonciation est aussi sujette à critique car elle se fait par voie de presse, et donne l’allure d’un «m’as tu vu » orchestré par Madou Coulou.
Pourquoi il n’a pas saisi l’office de lutte contre l’enrichissement illicite ou les services compétents en la matière , s’interroge-t-on.
Dans ces propos, il demande l’adhésion des gens à son combat pour qu’il puisse réussir. L’homme est-il si incertain de ses propres forces alors qu’il dénonce et insulte sans ambages un Président d’une institution respectée.
En s’attaquant à la cour suprême, organe qui a installé le président de la République après la validation de son élection par la cour constitutionnelle, peut on déduire que Mamadou Sinsy Coulibaly vise indirectement le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita si l’on sait que les instruments de la lutte contre la corruption appartiennent à ce dernier ?
Cela dit, si l’homme souhaite véritablement lutter contre la corruption au Mali, il doit commencer par balayer devant sa porte. Pour se faire Coulibaly doit commencer par justifier sa grande fortune et l’ensemble des biens immobiliers qu’il détient. Il doit aussi justifier de la provenance des fonds des multiples sociétés qu’il dirige.
Comme l’a fait l’ancien Premier ministre Moussa MARA pour prouver sa loyauté et sa transparence, Mamadou Si,sy Coulibaly doit d’abord commencer par nous publier tous ses comptes bancaires et apporter à l’office de lutte contre l’enrichissement illicite tous les justificatifs de sa grande fortune .
Il doit prouver qu’il n’a jamais volé l’État ou quiconque. C’est seulement à ces conditions que son combat pour la lutte contre la corruption aura tout son sens.
Sans cela, une dénonciation sans apporter de preuves est une délation et la trame de M. Coulibaly doit se mettre au dessus de cette mêlée.
Quelles seront les réactions de Monsieur Nouhoum Tapily, suite à cette attaque directe du président du patronat du Mali ? Que diront ses collègues magistrats qui sentent désormais un des leurs jeter en pâture par une personne pas d’arguments solides pour l’heure ?