Le constat est ignoble, odieux, drastique, et barbare. Le dimanche 17 mars 2019 à l’aube, la compagnie renforcée de Dioura (cercle de Ténenkou dans la région de Mopti) a été attaquée par une colonne armée de djihadistes .Le bilan est lourd: plus de 20 éléments des FAMa tués, une vingtaine d’autres disparus, un nombre indéterminé de blessés, 8 véhicules brûlés dont des citernes et 8 véhicules équipés d’armes de guerre emportés par les assaillants. Le camp militaire a été totalement détruit. Le commandant de compagnie, le capitaine Mohamed Sidati Ould Cheikh, est parmi les militaires tombés sous les feux des terroristes. Avant Dioura, sept jeunes FAMa sont morts à Hombori et Dialloubé, dans la région de Mopti, le 12 mars. Dix bérets rouges sont tombés à Dioungani le 1er mars. En cette circonstance humiliante et douloureuse, je m’incline devant la mémoire de nos héros morts pour le Mali et présente mes sincères condoléances aux familles éplorées et aux forces armées et de sécurité qui paient un lourd tribut dans le combat contre le terrorisme imposé à notre pays.
Force est de constater que le bilan de l’attaque ignoble et barbare de Dioura qui réveille les tristes souvenirs de celle perpétrée contre les positions de notre armée à Nampala le 19 juillet 2016, est le plus meurtrier depuis les événements de Kidal du 21 mai 2014, dans lesquels avaient péri plusieurs dizaines d’administrateurs civils, de militaires, de gendarmes et de policiers maliens, sans compter la perte de nombreux moyens logistiques et matériels de guerre.
La dégradation de la situation sécuritaire au centre du Mali tout au long de l’année 2018 (plus de 1000 morts) et pendant les 10 premières semaines de 2019 interpelle fortement le président de la République et le gouvernement quant aux conditions générales d’engagement de nos troupes dans cette guerre asymétrique, notamment la préservation de leur moral et l’impérieuse nécessité du bon exemple donné par tous les compartiments de la hiérarchie. Les mêmes questions se posaient lors de l’attaque de Soumpi (Niafunké) par les mêmes terroristes en janvier 2018.
Une quinzaine de militaires y sont morts. Une vingtaine d’autres étaient portés disparus. Les pratiques et comportements doivent respecter le sacrifice des hommes sur le terrain dans un pays en guerre. A tout moment.
Ces nombreux morts quotidiens de nos braves soldats doivent cesser immédiatement, car trop c’est trop. J’invite le chef de l’État à prendre les mesures urgentes qui s’imposent dans ce domaine, de continuer une fois de plus à mettre les FAMa dans les conditions indispensables à l’accomplissement de leurs missions pour la sécurisation des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national.
L’explosion de la violence au centre depuis janvier 2018 a sonné le glas du “Plan de sécurisation intégrée des régions du centre”. M. le Président de la République, chef suprême de l’armée, vous avez été élu par les Maliens afin de les sécuriser et leurs biens. De ce fait, il urge que vous sortiez de l’immobilisme et des effets d’annonces stériles. Au regard de la dégradation de la situation générale du Mali, vous devez organiser des assisses nationales inclusives dans les meilleurs délais pour la stabilité du pays et la cohésion de la Nation.
Vu la gravité extrême de la situation, le Gouvernement du Mali et toutes les parties signataires de l’Accord doivent impérativement mettre de côté leurs dissensions et conjuguer leurs efforts afin d’accélérer la mise en place des Bataillons d’Unités Spéciales pour pouvoir faire face à l’insécurité grandissante dans les régions du Nord et du Centre.
Dans tous les cas, je pense qu’il devient très impérieux pour le Président de la République IBK de mobiliser rapidement l’ensemble du peuple malien pour sortir de cette crise multidimensionnelle que le Mali connait. La situation nous interpelle plus que jamais.