Chassez le naturel, il revient au galop. Avec la libération de la Cité des Askia par l’opération Serval puis l’installation de Barkhan, on croyait les pratiques médiévales définitivement circonscrite. Elle ne réapparaît pas pour l’heure sous la forme des atrocités jadis vécues comme les amputations et décapitations, mais il n’en demeure pas moins que la loi islamique renaît par des relents économiques et financiers. Il nous revient, en effet, que tout autour de la ville de Gao, dans les villages environnants, le vide laissé par l’absence de l’Etat est allègrement comblé par des percepteurs islamistes. Leurs principales cibles, selon des sources concordantes, ne sont autres que des éleveurs périodiquement rançonnés au nom de la religion. Il leur est en clair imposé un prélèvement fiscal en nature de trois têtes d’animaux par troupeau de cent bêtes. Le dernier prélèvement en date s’est déroulé dans la localité de Salata, un village insulaire presque visible à l’œil nu de l’autre rive du fleuve Niger à Gao. Désemparée et dépourvue de toute protection malgré leur proximité avec la capitale régionale, les pauvres habitants n’avaient de choix que d’accompagner la cadence résignante d’autres contrées voisines en acceptant de s’acquitter de la dîme religieuse. Surtout que les mouvements armés qui semblaient contrôler la zone se sont débinés aux appels de la population et que le seul dissident parmi eux, selon notre source, en a pris pour son imprudence : il a été dépossédé de l’ensemble de son troupeau par les agents du nouvel ordre islamiste en pleine expansion.
Guerre au chicha en Commune IV !
Le Commissariat du 5 ème Arrondissement, sous la direction du Commissaire Abderhamane Maiga, ne lâche pas prise et coupe de plus en plus le sommeil à la jeunesse de la Commune IV. Après avoir débusqué les repaires les plus reculés de malfrats aux périphéries de la commune, les limiers sont sur le point de gagner un autre épisode : la bataille contre la dépravation des mœurs. Depuis quelques temps, en tout cas, les parties de chicha naguère très répandues dans les ruelles de Lafiabougou et Hamdallaye abandonnent manifestement du terrain devant l’irrésistible traque des hommes de M MAIGA. Et dire que la guerre contre le phénomène est en même temps une croisade contre la consommation de la drogue puisque la jeunesse en profite allègrement pour panacher tabac ordinaire et chanvre indien. Il n’est dès lors pas étonnant que la chasse aux parties de fumée collective débouche sur des arrestations massives de jeunes. Leur sort est l’objet de constantes négociations entre la police et leurs proches, mais les parents ne paraissent pas fondamentalement opposés à la pression policière contre une jeunesse dont l’éducation leur échappe.