Le camp militaire de Dioura, dans le cercle de Ténenkou, au centre du Mali, a été l’objet d’une attaque sanglante dans la nuit de samedi à dimanche dernier. Selon diverses sources, entre 8 et 16 militaires de l’armée malienne auraient été tués et une dizaine d’autres seraient portés disparus.
le lourd bilan de cette attaque est un véritable camouflet pour l’armée malienne et indique, si besoin était, que les djihadistes conservent une capacité de nuisance élevée dans le pays. ceux qui avaient cru que les frappes meurtrières de la force Barkhane avaient poussé ces groupes armés dans leurs derniers retranchements, les obligeant à vivre reclus dans des cachettes perdues dans le nord désertique du mali, où que sais-je encore, doivent revoir leur copie. en frappant une base des forces armées du mali (fama) située au centre du pays, ces fous d’allah se rappellent à notre mauvais souvenir et donnent la preuve que ce pays est loin d’avoir quitté la zone de turbulence des attaques terroristes. Pourtant l’année 2018 a vu comme un déplacement du centre des opérations des djihadistes du mali vers le Burkina, où il ne se passait pas une semaine sans qu’ils frappent une base des forces de défense et de sécurité (fds). les régions du sahel et de l’est burkinabè paient ainsi un lourd tribut à ce qui apparaît comme un glissement de l’activisme djihadiste dans un schéma de vases communicants entre le mali et le Burkina. tout se passe comme si, acculés au mali, les terroristes effectuaient une funeste migration vers le Burkina et là, quand ils sont pourchassés dans le nord, ils se déportent vers l’est. cependant, le premier trimestre de 2019 a vu une montée en puissance des forces de défense et de sécurité burkinabè, qui ont infligé de lourdes pertes à l’ennemi djihadiste. l’opération otapuanu, actuellement conduite par les fds dans l’est du Burkina après leurs frappes musclées dans le nord, a-t-elle contraint les islamistes à migrer de nouveau vers le mali ? l’hypothèse est fort plausible et appelle à plus de synergie d’action des armées des pays du sahel pour espérer venir à bout de l’hydre djihadiste. synergie d’action des armées des pays du sahel : voilà qui renvoie à la fameuse force du g5 sahel, ce véritable serpent de mer dont on parle et dont personne ne voit le moindre soldat sur le terrain. en attendant donc que cette force conjointe quitte les bureaux, les salles de conférences et les huis clos des chefs d’etat pour être opérationnelle sur le terrain des combats, chaque armée nationale doit porter sa croix dans cette guerre asymétrique. a ce propos, il faut appeler un chat un chat et dénoncer avec véhémence l’incompétence, voire l’irresponsabilité, de certains chefs militaires qui, dans certains pays du g5 sahel, n’ont pas encore appréhendé la lutte contre le terrorisme à sa juste gravité. ainsi, pendant que les hommes du rang se font massacrer sur le terrain, des officiers se la coulent douce dans un train de vie qui jure avec la gravité de la situation de guerre dans laquelle se débattent nos pays. on en veut pour preuve le fait que le mali a été lourdement frappé une semaine, jour pour jour, après la célébration plus que fastueuse de l’anniversaire du général moussa diawara, le directeur général de la sécurité d’etat. en effet, le 9 mars dernier, l’homme célébrait, dans un spectacle blingbling donné dans une méga soirée, ses 50 ans. le champagne a coulé à flots à cette orgie de dilapidation de près de 100 millions de fcfa pour, entre autres, satisfaire des convives parmi lesquels le ministre de la défense et la crème des généraux de l’armée malienne. ne riez pas de nos « pays de merde », comme dirait donald trump, qui en situation de guerre, pendant que la troupe crie à l’indigence des moyens, voient des officiers se payer une soirée récréative de prince de monarchie pétrolière. ainsi vont nos républiques bananières, et tant pis si les partenaires du g5 sahel, à la vue de ces frasques gargantuesques, rechignent à délier le cordon de la bourse. ont-ils tort de redouter de saigner le contribuable européen, américain, arabe… pour voir leur argent dissipé dans des dépenses indues ? Pleurons donc les victimes de l’attaque de ténenkou mais que les larmes ne nous brouillent pas la vue sur la responsabilité des uns et des autres dans ces coups durs que nous assène l’ennemi. a ce propos, quelle est la responsabilité des services de renseignement de l’armée malienne dans ces énormes pertes subies à dioura ? le général moussa diawara, pendant qu’il faisait couler le champagne ce 9 mars, avait-il à l’esprit que ses fonctions de chef du renseignement militaire lui imposent une vie sobre faite de discrétion et surtout qu’en période de guerre, il ne doit jamais baisser la garde ? rien n’est moins sûr. et s’il n’y a pas de relation de cause à effet entre cet anniversaire somptueux et cette attaque sanglante, leur proximité offre l’occasion de rappeler à la hiérarchie des fama que la guerre contre le terrorisme n’est pas encore gagnée et qu’elle ferait une erreur monumentale de dormir sur ses lauriers. au contraire, les périodes d’accalmie doivent être mises à profit pour réfléchir à comment toujours et encore mieux protéger les positions conquises et la vie des populations. c’est ainsi qu’agissent les stratèges militaires au faîte de leur science et de leur responsabilité. a bon entendeur salut ! La Rédaction