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Le Mali sous Ibrahim Boubacar Keïta : Entre grèves et violences terroristes
Publié le jeudi 21 mars 2019  |  L’aube
Rentrée
© aBamako.com par Momo
Rentrée politique du PARENA
Bamako, le 20 février 2016 le PARENA a tenu sa rentrée politique 2016 au Palais de la culture
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A regarder le Mali, à entendre les Maliens, un constat s’impose. S’il y a une attente populaire dans le pays, c’est l’idée de « dialogue national inclusif » ou de « conférence nationale véritable ». Que le pouvoir IBK soit incapable, voir inapte à sortir le Mali dans le gouffre dans lequel, il a largement contribué à le plonger depuis cinq ans, cela tombe sous le sens.

En attendant, le pays incapable de construction politique hardie, ne montre au reste du monde que grèves et violences terroristes. Le pouvoir assiste impuissant, aux expressions de la grande colère du Mali contre sa malgouvernance dans tous les secteurs. Analyse.

La dégradation continue de la situation sécuritaire donne à penser que tout échappe au commandement militaire et sécuritaire dans le pays. L’attaque et la destruction du camp militaire de Diouara, le 17 mars date symbole dans la vie de notre nation, ont fini de convaincre les plus optimistes qu’il n’y a plus rien à espérer de la hiérarchie actuelle de notre armée pour défendre la souveraineté et l’intégrité de notre pays.

Devant ce tableau sombre et honteux de notre défense et de notre sécurité nationale, le front social en constante ébullition, achève de démontrer que le Mali n’est plus gouverné, il est le témoignage accompli de la vacance du pouvoir.

Les récentes grèves des travailleurs de la quasi-totalité des secteurs et les marches de protestations qui les accompagnent sont les prolongements des contestations plus antérieures.



A titre d’exemple : les syndicats de l’enseignement public sont en grève depuis plusieurs semaines, ils organisent en appui des marches sur l’ensemble du pays ; les hôpitaux du Mali donnent de la voix, en particulier « l’hôpital du Mali » et « l’hôpital Gabriel Touré », sont sur pied de guerre ; les syndicats de la police nationale ne sont pas en reste, ils étalent sur les réseaux sociaux leurs revendications dont ils se disent prêts à défendre dans les jours à venir, pour ce faire des sit-in sont prévus.

Expression de la colère nationale

Le Pays a été choqué par la brutalité avec laquelle le gouvernement a réprimé le rassemblement devant la primature des associations des personnes handicapées, le 11 mars dernier pour réclamer leurs droits. La dramatique grève de la faim des cheminots a déjà fait sept morts parmi grévistes dans l’indifférence totale du gouvernement.

Toutes ces récentes expressions de la colère nationale viennent après les grèves des syndicats de la magistrature, de la santé et l’action sociale et surtout après celle de la plus grande centrale syndicale du pays, l’UNTM.

En fait, depuis 2017, en raison de la tentative solitaire de révision de la constitution du 25 février 1992, les manifestations contre le pouvoir n’ont cessé de s’amplifier. « La grande colère du Mali contre le pouvoir IBK » dans ses expressions a été déjà analysée dans cette chronique.



Elle avait concerné les marches et assemblées générales du Collectif des régions non opérationnelles depuis deux ans à travers le pays de Bougouni, Koutiala, Nioro, Kita, Bandiagara Dioila à Bamako, l’instrumentalisation d’alors des soutiens électoraux téléguidés depuis le Palais, des villes et des populations protestent dont le plus mémorable fut le 5 avril 2018, de la grande mobilisation des populations de Kenieba contre le mensonge orchestré autour des soutiens fictifs des chefs traditionnels à un pouvoir qui divise toutes les structures crédibles dans le pays. Ce fut aussi la révolte contre le manque d’eau, la vie chère somme toute le malvivre des populations, contre les conditions d’exploitation d’une mine d’or, comme à Bougoula le 29 mai à Yanfolila à Fana, les populations ont brulé les locaux de la gendarmerie pour protester contre l’assassinat d’une enfant albinos arrachée des mains de sa mère.

Partout dans le pays la révolte gronde, les communauté s’organisent et font face à l’Etat que la gouvernance IBK a davantage désacralisé et dépouillé l’Etat de son manteau de respect et de considération. Totalement assiégé par une gestion clanique, l’Etat qui a perdu sa force républicaine fait face à des révoltes populaires de plus en plus incisives.

C’est un truisme que de dire que pendant ce temps, la gouvernance IBK a conduit le pays dans un cul-de-sac, les institutions publiques sont devenues des coquilles vides intellectuellement corrompues, ne maintenant qu’une apparence de légalité. Le Mali évolue dans une caricature de démocratie. Cette caricature est illustrée par l’asservissement du personnel placé à la tête de ces institutions.

Signe d’une grande menace

Ce tableau est davantage noirci par la Patrimonialisation de l’Etat qui a conduit à la clochardisation de l’Administration publique, militaire et civile, dans laquelle l’allégeance a remplacé de la légalité. Cette ambiance explique le règne de l’informel, voire même la privatisation des fonctions publiques et politiques et à la formation des réseaux plus ou moins mafieux.

Le désaveu du pouvoir est tel que toute action interprétée comme voulant voler à son secours conduit à la disqualification de son auteur. Même ceux à qui il revenait communément de prendre la parole dans les circonstances difficiles dans notre pays, ne le font plus, de crainte d’être insulté par ce bataillon d’inconnus qui dictent sa loi par les réseaux sociaux et des coulisses des réunions syndicales et autres.



Les grandes familles traditionnelles et religieuses et les valeurs morales qui vont avec dans notre pays, perdent pied dans leur propre environnement, dans toutes marches visant infléchir les positions des acteurs sociaux et politiques. C’est le signe d’une grande menace qui pèse sur le pays au-delà du pouvoir qui de toute façon est déjà en proie à de révoltes populaires ouvertes ou contenues sur l’ensemble du territoire.

C’est dans un tel décor que les tenants du pouvoir veulent faire croire au pays à l’amorce d’un processus de « décrispation politique » depuis la rencontre entre IBK et le Chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé.

Pourtant rien ne laisse croire que les questions essentielles liées au contentieux électoral, à la situation sécuritaire, à la réorganisation du territoire et même aux réformes politiques et institutionnelles aient eu un début de réponse de la part du pouvoir.

Mais, depuis ladite rencontre, tous ceux qui attendaient de prendre le bras du chef de l’Etat à l’annonce de sa main tendue, y vont de leurs démarches et des propositions aussi ambiguës, voire farfelues les unes que les autres. Ils entrent dans un jeu d’ombre laissant croire que le Mali se réconcilie, que les Maliens se parlent, nombre d’entre eux ne comptant en fait que sur leur propre bonne étoile.

Faut-il le répéter, face à l’attente du peuple malien, il y a là un jeu dangereux de la classe politique. Il faut dire que le plus grand risque pour celle-ci et le pays dans son ensemble, au-delà des discours, sera une méprise de la grande colère du Mali contre le pouvoir IBK. Tenir compte dans les circonstances actuelles de cette colère est un impératif.

Il est entendu que les Maliens veulent un changement profond à décider au cours d’une conférence nationale, sans préalable, et qui ne sera en aucune manière une opération cosmétique comme le laisse entendre certains intervenants politiques.

On ne peut changer une société qu’avec son concours, qu’avec les gens qui la composent. Toute décrispation commence par donner la parole aux Maliens, nous en sommes très loin et cette perspective reste à conquérir par toutes les forces patriotiques.

Souleymane Koné

Ancien Ambassadeur

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