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Equation Kidal : ce qu’il faut savoir
Publié le vendredi 22 mars 2019  |  Info Matin
Kidal,
© Autre presse par Dr
Kidal, troisième grande ville du Nord du Mali
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Entre la sortie de l’ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas NORMAND, et la riposte fulgurante de Zeïdane Ag SIDALAMINE, le spectacle est celui de loups qui s’entre-bouffent. Une vraie fausse brouille qui cache mal des visées sataniques.

L’élément déclencheur de la riposte est cette vérité de l’ancien ambassadeur livrée dans une interview accordée à RFI : ‘’et l’Armée française est allée rechercher ce groupe. C’était le MNLA et, là à l’époque, ces séparatistes touareg d’une tribu particulière qui était minoritaire au sein même des touareg. Les Ifoghas, et ce groupe on est allé le chercher et on lui a donné la ville de Kidal et ensuite ultérieurement il y a eu les accords d’Alger qui mettent sur une sorte de piédestal ces séparatistes à égalité en quelque sorte avec l’État’’.

La repartie Zeïdane Ag SIDALAMINE a été à la mesure de l’agression présumée : ‘’le MNLA n’a pas été créé par la France tout comme les autres mouvements, milices ou groupes armés, mais la France les récupère et utilise pour son agenda sécuritaire, militaire, diplomatique et territorial portant sur la cogestion de certaines bases militaires en particulier Tessalit, Gao et Sevaré’’.

Les deals

Cette affirmation de Zeïdane qui n’est pas indiscutable quant à la création du Mouvement séparatiste mérite néanmoins d’être scrutée à travers le prisme de l’évolution récente des relations entre l’Hexagone et le MNLA. En cela, le livre ‘’Les rebellions au Nord du Mali : Des origines à nos jours’’, un ouvrage collectif du Dr Choguel Kokalla MAIGA et Issiaka Ahmadou SINGARE, pourrait être d’un précieux apport. Il révèle en effet : ‘’dans la reconquête de l’extrême nord, les Forces armées de trois pays se trouvent engagées : celles de la France, du Mali et du Tchad. Les soldats maliens auraient bien voulu progresser davantage vers le Nord. Ils en sont empêchés, ils sont bloqués une fois arrivés à Anéfis. Entre temps, les Français ont passé un accord avec le MNLA ressuscité : le Mouvement séparatiste promet de retrouver des otages détenus par les salafistes et de lutter contre le terrorisme ; en contrepartie, la France les laisse maîtres de Kidal en empêchant les troupes maliennes d’y entrer’’ (P. 295).

Au-delà des impératifs du moment, des causes lointaines ont pu dicter la conduite du Libérateur français, en violation de la Résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies : ‘’en effet, l’opération Serval avait une base légale consistant à apporter un appui aérien aux troupes maliennes afin de les aider à libérer leur pays et à recouvrer son intégrité territoriale. Mais, par la suite, il a été donné de constater que l’opération s’est transformée en une occupation de Kidal par les seules troupes françaises et ceux ‘’qu’il plaira aux Français d’y installer’’. Ce qui renvoie à la Convention de Bourem du 15 septembre 1907 : ‘’l’Adrar sera laissé aux Iforas et à ceux qu’il plaira aux Français d’y installer’’ (Cf .P. 54).

L’incongruité

Mais ce n’est pas la seule incongruité, puisque la CEDEAO, la première organisation à prendre véritablement à bras le corps le problème malien, a été progressivement réduite à sa plus simple expression, sinon mise hors-jeu : ‘’avec le déclenchement de l’Opération Serval, le 11 janvier 2013 et celui de l’Opération Barkhane le 1er août 2016, les forces sur le terrain sont, actuellement, celles de la France, du Tchad, de l’ONU et de la CEDEAO. Mais cette dernière semble n’être que figurative. Les deux Africains au sein du dispositif politique et sécuritaire, celui délégué par l’UA et celui délégué par la CEDEAO, se trouvent marginalisés par les Forces françaises et onusiennes. Ainsi, la CEDEAO qui a été la première à prendre en charge la reconstruction de l’État malien ainsi que la reconquête de ses régions perdues, s’est-elle vue progressivement mise à l’écart (…)’’ P.301.

Après la reconquête de Kidal, du moins ce qu’il a été convenu de qualifier comme tel, Paris a continué à honorer sa part de contrat vis-à-vis du MNLA désormais membre d’une Coordination, à savoir la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Deux événements majeurs confirment ce soutien sans failles.

Deux scandales retentissants

D’abord, il y a l’établissement d’une Zone temporaire de sécurité (ZTS). En effet, le 24 janvier 2015, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) représentée par Bilal ag Cherif signait avec la MINUSMA (invitée de marque et faire-valoir de Paris) dont le chef d’état-major était le général français Christian Thiébault, un Accord instaurant une zone de sécurité sur l’axe d’Anefis-Almoustarat de 10 km de chaque côté. Cet Accord signé dans le dos du Gouvernement malien, prévoit que la zone demeure contrôlée par les forces de l’ONU et le port d’armes y est interdit aux combattants des groupes armés. Cette disposition instaurée en catimini est intervenue après une série de revers infligés par le GATIA à la CMA dont la visée était Tabankort pour le contrôle des routes de ses activités illicites.

À Gao, le 12 juillet 2016, la population s’est soulevée contre cet Accord qui ‘’prône le désarmement du Groupe d’Auto-défense Touareg, Imghads et Alliés (GATIA) (taxé de milice pro-gouvernementale), au profit du MNLA’’. Le bilan de la répression de la manifestation est de 3 morts et des blessés.

Ensuite, il y a le cas d’Anéfis qui n’en est pas moins troublant. Dans un communiqué en date du 19 septembre 2015, ‘’le Gouvernement de la République du Mali a appris avec une vive préoccupation que des éléments armés de la CMA ont occupé le 18 septembre 2015 Anefis après le départ de la Plateforme de cette localité.

Le Gouvernement de la République du Mali avait considéré à l’époque, l’occupation d’Anefis par la Plateforme comme une violation de l’Accord pour la paix et la Réconciliation et avait exigé de cette dernière de se conformer aux dispositions dudit Accord dont la mise en œuvre devrait mobiliser toutes les énergies des parties prenantes : le retrait de la Plateforme avait été demandé sans conditions par le Président de la République du Mali et par la Médiation internationale.

Le Gouvernement de la République du Mali qui s’était réjoui de l’exécution de ces exhortations par la Plateforme ne peut aujourd’hui que condamner avec fermeté l’occupation à nouveau d’Anefis par les éléments armés de la CMA, qui constitue une grave violation de l’Accord et est de nature à compromettre les chances de succès de la politique d’apaisement à laquelle demeurent attachés le Gouvernement et l’ensemble de la Médiation internationale.

Aussi, le Gouvernement de la République du Mali demande-t-il à la CMA de procéder dans les meilleurs délais et sans conditions au retrait de ses éléments armés d’Anefis.

Le Gouvernement de la République du Mali appelle de nouveau l’attention de la MINUSMA sur la nécessité d’assumer toutes ses responsabilités conformément à son mandat de stabilisation de la paix et de protection des populations civiles’’.

La défiance

Pour toute réponse, la MINUSMA, aux ordres de Paris, établit une zone de sécurité de 20 km autour de la ville de Kidal. Officiellement, il s’agissait de ‘’ parer à toute éventualité d’une extension des combats qui pourraient affecter la population de la ville de Kidal’’. Elle a annoncé : ‘’cette mesure entrera en vigueur à partir de demain mardi 18 août à 8H00 (locales et GMT), et le restera jusqu’à nouvel ordre’’. Au fait de protéger les populations civiles, la mesure visait à empêcher la prise de Kidal après que les combattants de la CMA ont été mis en déroute à Anéfis. Ce qui remettrait en cause les projets du libérateur venu par les airs.

De fait, toutes ces actions paraissent surtout claires à la lumière de cette Déclaration de Jean-Yves Le Drian du 22 janvier 2013 : ‘’je le dis pour aujourd’hui, mais je le dis aussi pour demain. Les Touareg sauf ceux qui se sont laissé embrigader par les groupes terroristes que nous condamnons totalement (…) sont nos amis’’.

Paris n’a pas fait que tendre la main au MNLA pour sa maîtrise du terrain comme le défendait à l’époque Moussa Ag Assarid, porte-parole du MNLA : ‘’notre rôle pourrait être principal. Par notre connaissance du terrain et des populations, nous sommes plus efficaces que la Force de la CEDEAO’’. Elle a fait beaucoup en accédant à cette exigence du MNLA : ‘’Nous ne voulons pas que l’armée malienne entre sur le territoire de l’Azawad avant qu’il y ait eu un accord entre les deux parties’’. Cette phrase a été prononcée par Moussa Ag Assarid. Les micmacs de la MINUSMA ne sont la traduction la plus fidèle de cette volonté exprimée par le MLNA.

De l’eau dans le gaz

Mais le temps est venu où il y a eu de l’eau dans le gaz, suite aux nombreuses impertinences des protégés. En effet, le 9 Juin 2016 des sources au sein du ministère français de la défense ont exprimé les préoccupations et l’agacement des autorités françaises face au « double jeu du HCUA ».

Selon ces mêmes sources proches du ministre, le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad « bien qu’étant un des groupes signataires des accords d’Alger, n’hésite pas à afficher une forme de proximité avec Iyad Ag Ghali et Ansar Dine. Cette proximité, constatent-elles, se manifeste tant sur le fond que sur les éléments combattants ».

Cette fois-ci, c’est un ancien ambassadeur qui a servi loyalement et avec dévouement son pays et ses intérêts au Mali qui met à nu la politique de la France au Mali qui fait sauter la légendaire et chimérique ‘’ligne de neutralité’’.

D’évidence, entre le Satan, pardon ‘’le sultan’’, et sa cour, les sorts sont intimement liés. Aussi, la lézarde dans leurs rapports devrait constituer du pain béni pour le Gouvernement pour reprendre la main dans un dossier qui lui échappe de plus en plus, au lieu de répéter impuissant le même lamento : ‘’l’Accord a dit’’.

PAR BERTIN DAKOUO

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