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Que sont ils devenus… Ténin Aoua Thiéro : La colosse de Macina
Publié le samedi 23 mars 2019  |  Aujourd`hui
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Directrice de Recherche, directrice générale adjointe de l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP), mariée et mère de quatre enfants, notre héroïne du jour, Ténin Aoua Thiéro, est une ancienne basketteuse internationale du Stade malien de Bamako. Elle a fait chemin avec Djénéba N’Daou, Ténin Diawara, Fatou Sall, Massitan Sy, Oumou Traoré, Mah Tigana, Ami Simpara, Ami Dembélé. Choquée et déçue par la retraite de certaines ainées, elle s’est finalement moralement ressaisie pour tenir le flambeau de l’héritage légué par celles-ci. Fruit de l’école de feu Amadou Daouda Sall et d’Abdoulaye Fané dit Panthère, elle s’imposa comme une véritable tour de contrôle par sa vivacité dans les contre-attaques et sa précision sous le cerceau. Ténin nous a reçus à l’INRSP dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”. Comment elle a pu concilier études et sport ? Elle estime que le sport est un passe-temps, un divertissement de quelques heures. Donc en aucune manière il ne saurait influer sur ses études. Tout est question d’ambition et d’organisation. Pour commenter le déphasage entre l’ancienne génération et l’actuelle, Ténin Aoua Thiéro soutient que la révolution de la balle au panier ne permet pas de faire une comparaison logique. Seulement, il faudra comprendre que les temps ne sont pas les mêmes. Ancienne secrétaire générale du bureau exécutif des femmes de l’USRDA, le sport, la lecture, la musique et le cinéma sont sa passion. Découvrons ensemble une dame de principe pour qui le langage de la vérité doit être tenu en toute circonstance et en tout lieu, une dame qui déteste le mensonge.

En franchissant le seuil du bureau de Mme Sangaré Ténin Aoua Thiéro, à l’INRSP, Rue Princesse, Quartier Hippodrome, en commune II du District de Bamako, il fallait se rassurer si toutefois elle avait le même gabarit que dans la jeunesse sur la base des caractéristiques à nous fournies. C’est-à-dire 1m 95 et plus de 90 kg. Non, naturellement. Néanmoins, nous avons compris que ses adversaires de sa génération avaient de quoi avoir peur face à une véritable armoire à glace.



Dans un sourire qui traduit sa simplicité, elle dit que dans sa jeunesse elle était certes grande, mais pas d’un physique imposant. C’est en ex URSS qu’elle a pris du poids au sens réel du terme. Le lait russe du nom de “Smetana” a fait effet sur son corps.

Autre question circonstancielle, pourquoi en sa qualité de Directrice générale adjointe, elle se passe du système d’alerte qu’on retrouve dans l’administration ? Parce que notre entretien a été plusieurs fois perturbé par les va-et-vient pour paraphe ou signature des documents. Ténin Aoua Thiéro répond : “Au-delà des principes que l’Administration se donne, pour se faire plaisir, la culture malienne nous enseigne qu’il faut éviter de fermer sa porte aux visiteurs, et aux étrangers. Je comprends les choses dans ce sens”.

Née à Macina, grandit à Ségou, étudiante à Bamako, Ténin Aoua Thiéro a appris à jouer au basketball très jeune dans la cité des balazans, où son père venait d’être affecté. C’est surtout au second cycle qu’elle a vraiment commencé à se consacrer à la discipline. Après les cours du soir, elle s’entrainait avec ses amis. Intégrer une équipe ou faire carrière dans le basketball n’était pas son ambition immédiate. Elle s’employait seulement à se divertir, ignorant que le basketball lui donnera un renom dans l’avenir.

La colosse de Macina
Tenin Aoua Thiero
Ténin Aoua Thiéro a eu cette preuve quand la FIBA Afrique lui a décernée le panier d’or, à l’occasion de l’anniversaire de son cinquantenaire.

Admise au DEF en 1970, elle est orientée au lycée de Jeunes Filles. Son destin venait de croiser celui d’une génération qui constituera par la suite, la crème du basketball malien. Il s’agit des Penda N’Diaye dite Pinpin, Salamata Maïga dite Bébé, Adiza Maïga, Oura Maïga. Evoluant dans les différents établissements secondaires, lors des compétitions inter scolaires, ces jeunes dames ont lié amitié, malgré le fait qu’elles ne jouent pas dans le même club.



Certains supporters du Djoliba AC et du Stade malien de Bamako ne comprenaient pas cette complicité entre des joueuses de deux clubs rivaux.

Priorités aux études

Très impressionnante dans le maniement de la balle au panier, Ténin Aoua Thiéro s’est distinguée pendant les séances d’Education physique et sportive au lycée. Des atouts qui ont poussé son professeur d’EPS à lui suggérer le Stade malien de Bamako. L’enfant de Macina et de Ségou ne pouvait rêver mieux ; l’occasion de se rendre plus valeureuse en basketball s’est offerte à elle sur un plateau d’or. Elle accepta volontiers la proposition de son professeur, qui la présenta à l’infatigable Amadou Daouda Sall en 1970. Le technicien hors pair au bout de quelques jours d’entrainements décide de garder Ténin Aoua Thiéro dans l’équipe sénior des Blancs de Bamako.

Pour donner plus d’aplomb à son agressivité et à son efficacité, Amadou Daouda Sall l’invitait avant les autres sur le plancher aux environs de 15h. Cet entrainement individuel a eu l’avantage pour Amadou Daouda Sall d’avoir une connaissance particulière sur la joueuse, et en conséquence avoir une vision plus large par rapport à son utilisation. Il l’intègre dans son dispositif auprès des cadres. Et c’est ainsi que Ténin Aoua Thiéro, en sa qualité de pivot, s’est adaptée au rythme des Blancs de Bamako, surtout que la même année de 1970, elle est sélectionnée en équipe nationale pour le tournoi de la Zone II à Dakar.

De façon parallèle, Ténin mène la cadence avec le Stade malien et les Aigles.



En abordant ses bons souvenirs, Ténin Aoua Thiéro se voit encore sur le plancher en 1974, l’année de gloire des Blancs avec un accent particulier sur le basketball, qui s’est distingué par ses performances. Malheureusement elle quittera la famille blanche.

Elle décroche le BAC en série Sciences Biologie Terminale, et bénéficie d’une bourse d’études pour l’ex URSS, où elle passera sept ans (1974-1980).

A-t-elle joué au basketball durant son séjour soviétique ? Comment ce changement d’environnement a-t-il influencé sur son parcours ? Ténin Aoua Thiéro répond : “Je n’ai pas joué au basketball en Russie, je me contentais des petits gris-gris sur le plancher à chaque fois que le temps me le permettait. C’est pendant ces essais que l’entraineur de l’université m’a demandée d’intégrer l’équipe. Je n’ai pas voulu, parce que mon emploi du temps était trop chargé.

Dans ce cas, je ne saurai prendre le risque de m’amuser avec mon avenir principal à l’époque, les études. Sinon, en 1977, mes vacances à Bamako ont coïncidé avec les campagnes de l’équipe nationale, je n’ai pas hésité à apporter mon soutien aux jeunes. A la fin de mes études en 1980, quand je suis retournée au Mali, je n’ai plu voulu pratiquer le basketball. Et cela pour des raisons personnelles”.

Effectivement à son retour de l’ex URSS, Ténin Aoua Thiéro met de façon automatique un terme à sa carrière sportive. Pourtant, elle reconnait qu’elle demeurait en bonne forme pour sauter pendant plusieurs années encore.

Munie de son diplôme, elle intègre immédiatement la Fonction publique pour servir à l’Institut National de Biologie Humaine, qui deviendra par la suite l’INRSP. Elle fera un saut à Ségou pour des raisons de mariage. En 1985 elle retourne sur sa base et y gravit tous les échelons pour se retrouver aujourd’hui Directrice Générale Adjointe de la structure.

Celle que le président du Stade feu Fousseyni Diarra dit Binkè interpellait à la veille des matches pour avoir son mot sur une victoire des Blanches, retient un seul mauvais souvenir. Au cours de la préparation d’un tournoi international à Dakar, l’entraineur de l’équipe nationale lui demande de doubler d’ardeur, parce que Massitan Sy devait être écartée pour des raisons de santé. Convaincue que cette décision de l’encadrement technique relevait de l’injustice, elle ne s’est pas empêchée de donner une réponse discourtoise pour dire qu’on ne saurait compter sur elle dans ces conditions.

Envisage-t-elle de revenir dans la famille du basketball ? Notre héroïne dit être toujours fidèle à la discipline, pour la simple raison qu’elle a deux enfants qui jouent au Stade et à l’AS Police : Moussa Sangaré dit Ballé et Amadou Sangaré dit Pépé. Seulement, ses occupations professionnelles l’entravent dans ses ambitions. Mieux, elle a confiance en ceux qui gèrent le basketball.

O. Roger Sissoko

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