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Mali: 130 civils massacrés pendant une visite de l’ONU, envoi d’une délégation gouvernementale
Publié le dimanche 24 mars 2019  |  AFP
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Mali: 130 civils massacrés pendant une visite de l'ONU, envoi d'une
délégation gouvernementale (PAPIER GENERAL)
Par Serge DANIEL, Kassim TRAORE
=(Video)=

Bamako, 24 mars 2019 (AFP) - Une délégation de ministres et de responsables
militaires maliens s'est rendue dimanche dans le village peul du centre du
pays où quelque 130 personnes ont été massacrées samedi par de présumés
chasseurs dogons, le plus lourd bilan d'une attaque au Mali depuis plus de six
ans.
Cette tuerie, la plus sanglante depuis la fin des principaux combats de
l'opération lancée en 2013, à l'initiative de la France, pour chasser les
groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays, s'est
produite en pleine visite du Conseil de sécurité de l'ONU au Mali et au
Burkina Faso voisin.
Depuis l'apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe
jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les
Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre
cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement
l'agriculture, qui ont créé leurs propres "groupes d'autodéfense".
Ces violences ont coûté la vie à plus de 500 civils en 2018, selon l'ONU.
Un Conseil des ministres extraordinaire s'est tenu dimanche, en présence du
président Ibrahim Boubacar Keïta, mais aucune décision n'a été annoncée dans
l'immédiat.
La délégation, comprenant plusieurs ministres, dont ceux de la Justice et
de la Santé, et des responsables militaires, est arrivée en fin de matinée à
Ogossagou-Peul, dans la zone de Bankass, près de la frontière avec le Burkina
Faso, selon un élu local.
Quelques heures auparavant, le secrétaire général de l'ONU, Antonio
Guterres, s'était déclaré "choqué et outré" par ce massacre évoquant un bilan
d'au moins 134 civils tués, "y compris des femmes et des enfants", et avait
appelé "les autorités maliennes à enquêter rapidement sur cette tragédie et à
traduire ses auteurs en justice".
Ce bilan de 134 morts, dans l'attaque survenue samedi à l'aube et imputée à
des chasseurs dogons présumés, a également été avancé par l'association de
défense des droits des populations pastorales Kisal et un élu local.
Dans le village, des corps étaient encore dimanche en train d'être
ramassés, selon des témoins. Et des habitants des environs demandaient
dimanche à être évacués, par crainte de nouvelles attaques, selon un élu local.

- 'Pogrom orchestré'

L'attaque est survenue six jours après un attentat jihadiste à Dioura, dans
la même région mais beaucoup plus au nord, contre un camp de l'armée malienne,
qui a perdu 26 hommes, selon un dernier bilan de source militaire.
Dans un communiqué de revendication vendredi, la principale alliance
jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda a justifié l'opération de Dioura par les
"crimes odieux commis par les forces du gouvernement de Bamako et les milices
qui le soutiennent contre nos frères peuls".
Parmi les tués d'Ogossagou-Peul figuraient "des éléments peuls du DDR
cantonnés dans le village", avait indiqué samedi le préfet de Bankass,
Boubacar Kané. Il faisait référence à l'extension au centre du pays depuis le
début de l'année du processus de "désarmement, démobilisation et réinsertion"
(DDR) prévu par l'accord de paix de 2015 pour les combattants de groupes armés
du Nord.
La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante
touareg), signataire de cet accord, a appelé dans un communiqué "à la
cessation immédiate de ces massacres qui s'apparentent à un véritable pogrom
orchestré".
De son côté, la coalition des groupes pro-gouvernementaux également
impliqués dans l'accord de paix, a condamné ce "crime de masse", exigeant "une
commission d'enquête indépendante".
Ces groupes ont également réitéré "leur invitation au gouvernement et aux
frères de la CMA sur l'absolue nécessité du dépassement de toutes leurs
divergences pour ensemble sécuriser les populations conformément aux
engagements pris par tous", en référence aux divergences entre signataires sur
l'application de l'accord.
Dans un rapport publié le 5 mars, le secrétaire général de l'ONU affirme
que "les six derniers mois ont enregistré davantage d'avancées que le reste de
la période écoulée depuis la signature de l'Accord en 2015", grâce selon lui à
"la pression internationale, notamment la perspective de sanctions".
Mais "la menace, qui continue de se propager du nord vers le centre du
Mali, détourne l'attention de l'Accord et en complique la mise en oeuvre",
souligne-t-il, citant "l'expansion des groupes extrémistes, qui exacerbe les
violences intercommunautaires, la multiplication des explosions touchant les
forces de sécurité et les civils et l'accroissement du nombre de personnes
déplacées".
sd-kt-sst/mrb/jlb
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