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Mali: l’attaque ayant fait près de 135 morts "inédite" et "prévisible" (chercheur)
Publié le dimanche 24 mars 2019  |  AFP
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Bamako, - L'attaque ayant fait samedi près de 135 morts dans un village peul du centre du Mali est "inédite" mais était "prévisible" à cause d'une faible présence de l'Etat, de la violence et de ses divers acteurs dans la zone, affirme Baba Dakono, chercheur à l'Institut pour les études sur
la sécurité (ISS), basé à Bamako.

Q: Comment expliquer l'attaque meurtrière à Ogossagou-Peul?
R: Cette attaque peut paraître surprenante mais elle était prévisible dans

la mesure où cette zone connaît des violences multiformes depuis quelques
années.

Historiquement, les rapports socioprofessionnels dans ces zones ont été
conflictuels. Ce qui a changé, c'est la violence dans les affrontements qui
s'explique par d'abord la faible présence de l'Etat dans les localités dont il
est question, ensuite la présence et l'accès facile aux armes, et enfin
l'instrumentalisation du facteur "terroriste".

D'une part, les groupes extrémistes violents n'hésitent pas à explorer les
failles politiques et sociales au niveau national et local pour s'implanter et
consolider leur présence.

D'autre part, la présence des groupes extrémistes est utilisée dans le cadre de luttes de pouvoirs locaux notamment.

Donc, les récents événements dans le cercle de Koro (la zone du massacre de samedi) sont les conséquences d'une violence armée dans la zone impliquant divers acteurs avec des motivations toutes aussi diverses.

Le drame d'Ogossagou-Peul est certes inédit mais il n'était pas imprévisible. L'ampleur également dépasse l'entendement mais les conditions pour qu'il arrive existaient et étaient connues.

Q: Que peut faire l'Etat malien ?
R: Déjà prendre la mesure du problème et de ses enjeux au plan national.

L'ampleur de la violence dans la situation au Centre aurait pu être évitée si
dès le départ les bonnes mesures avaient été prises.

Ces mesures, il faut le rappeler, incombent principalement à l'Etat mais pas que. Le Mali et ses partenaires ont focalisé le discours sur le retour de l'Etat, occultant ainsi toute la dimension utile de cette présence de l'Etat pour les communautés.

S'il est vrai que l'insécurité, que ce soit au nord ou au centre du pays, prospère notamment sur les failles dans la gouvernance étatique, les solutions ne seront durables que si elles prennent en compte cette dimension.

Les mesures sécuritaires doivent avoir un objectif clair, pacifier l'environnement, et être limitées dans un délai court. Parallèlement, l'Etat doit rapidement pourvoir aux besoins des communautés et instaurer un minimum de confiance entre elles d'abord, puis entre elles et lui.

A terme, il s'agit de la prise en charge effective par l'Etat des besoins élémentaires de communautés, notamment de sécurité, de justice, de santé et
d'éducation.

Q: Quel sort pour les milices et groupes armés ?
R: Il ne faut pas oublier que les milices sont nées pour répondre à un
besoin. Tant que ce besoin existe et que les réponses institutionnelles
apportées ne parviennent pas à rassurer, il sera difficile de venir à bout du
phénomène d'autodéfense.
La tragédie dans le cercle de Koro fait craindre des représailles et un
effet de contagion plus large et il est urgent d'identifier tous les acteurs
et de mettre en oeuvre les mesures de pacification de la zone et
d'instauration d'un minimum de confiance.
L'idéal serait le désarmement immédiat des milices mais à défaut, penser à
des réponses intégrées et multidimensionnelles qui pourraient permettre de
résoudre durablement la crise.
Propos recueillis par Kassim Traoré
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