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Le président malien dans un village peul où plus de 130 habitants ont été tués
Publié le lundi 25 mars 2019  |  AFP
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Ogassougou - Le président malien Ibrahim
Boubacar Keïta s'est rendu lundi dans le village d'Ogossagou-Peul, dans le
centre du pays, où quelque 130 habitants peuls ont été tués samedi par de
présumés chasseurs dogons, a rapporté un journaliste de l'AFP.

"Il faut la sécurité ici, c'est votre mission", a déclaré M. Keïta à
l'intention du nouveau chef d'état-major, le général Aboulaye Coulibaly, qui
l'accompagnait dans cette visite à Ogossagou-Peul, dans la zone de Bankass,
près de la frontière avec le Burkina Faso.

Le général Coulibaly a été nommé dimanche à la suite du limogeage des
principaux chefs de l'armée lors d'un conseil des ministres extraordinaire au
cour duquel le gouvernement a prononcé la dissolution du groupe de chasseurs
dogons "Dan Nan Ambassagou".

"Justice sera faite", a promis le chef de l'Etat.

De nombreuses maisons ont été calcinées dans le village dont le sol était
lundi jonché de cadavres d'animaux.

"Je n'ai jamais vu ça. Ils sont venus, ils ont tiré sur les gens, brûlé des
maisons, tué les bébés", raconte à l'AFP Ali Diallo, un vieillard de 75 ans
dont les propos sont traduits en français par un proche.

"Ce ne sont pas des jihadistes. Ce sont les chasseurs traditionnels" qui
ont perpétré cette tuerie, a affirmé à l'AFP un agent de santé.

La télévision publique ORTM a annoncé dimanche soir un "bilan provisoire"
de 136 personnes tuées lors de cette attaque dans le village.
Une délégation gouvernementale conduite par le ministre de la Justice,
Tiéna Coulibaly, s'est déjà rendue dimanche sur les lieux. Cette délégation a
été envoyée par le président Keïta pour "dire aux populations d'Ogossagou que
ce qui s'est passé ici est inacceptable, que ce qui s'est passé ici ne restera
pas impuni", a assuré le ministre.
Cette tuerie, la plus sanglante depuis la fin des principaux combats de
l'opération lancée en 2013, à l'initiative de la France, pour chasser les
groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays, s'est
produite en pleine visite du Conseil de sécurité de l'ONU au Mali et au
Burkina Faso voisin.
Depuis l'apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe
jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les
Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre
cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement
l'agriculture, qui ont créé leurs propres "groupes d'autodéfense".
Ces violences ont coûté la vie à plus de 500 civils en 2018, selon l'ONU.
Les Peuls dénoncent des exactions de la part de groupes de chasseurs,
tolérées voire encouragées selon eux au nom de la lutte contre les jihadistes,
par les autorités ou l'armée, ce que dément le gouvernement.
sd/mrb/sst/jh
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